1 | 1 mai 2018

48 6 19
                                    

          Les consignes qu'on lui avait données étaient claires : sur le chemin jusqu'à la boulangerie, Gemma ne devait parler à qui que ce soit, pas plus qu'adresser un simple regard d'ailleurs, jusqu'à ce qu'elle détienne le précieux met au creu...

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Les consignes qu'on lui avait données étaient claires : sur le chemin jusqu'à la boulangerie, Gemma ne devait parler à qui que ce soit, pas plus qu'adresser un simple regard d'ailleurs, jusqu'à ce qu'elle détienne le précieux met au creux de ses mains. Mr et Mrs Lively s'inquiétaient d'ores et déjà pour la santé du boulanger, mieux valait qu'ils ne sachent pas que leur fille faisait bien plus que « regarder ».

Feindre la surprise, ou la joie, avait été compliqué pour elle, lorsqu'on lui avait annoncé qu'elle sortirait par elle-même pour la première fois. Elle s'était fendue d'un faux sourire et avait hésité entre le fait de fondre en larmes ou de sauter au cou de ses géniteurs. Etant donné son piètre niveau au théâtre, elle avait dû se contenter de la deuxième option, qui n'avait pas paru trop suspecte.

Cody savait jouer, enfin, elle en avait l'impression.

Il lui était arrivé une ou deux fois de devoir tromper un policier ou gardien de zoo – bien qu'elle n'y soit jamais allée – sans la moindre pression, tandis qu'elle sentait des cascades de sueur s'écouler de ses tempes. Gemma s'était contentée de sourire, et tout avait fonctionné. Elle ne savait même plus pourquoi d'ailleurs, elle se rappelait simplement de la beauté de Cody. Et de son intelligence, ça jouait aussi.

Elle ne l'avait vu que trois fois, quatre, si l'on comptait leur rencontre. Evidemment, on pourrait se dire que c'est bien trop tôt, qu'il est insensé de s'abandonner ainsi à une personne dont on ne connaît presque que les traits. Sauf quand on sait. Et Gemma savait.

Ville de presque cinq cent mille habitants, Omaha n'encourageait pas les rencontres fortuites, et celle-là ne l'avait pas été. Quelle était la probabilité pour qu'une jeune fille qui s'était glissée en-dehors de sa chambre par les stores de sa fenêtre pour la première fois rencontre, par hasard, un beau jeune homme sur la plage ? Il était occupé à glisser sur les vagues, mais Gemma n'avait pas eu à l'attendre très longtemps. Elle n'avait pas eu le temps de s'ennuyer avant que son regard azur ne remplace l'horizon de par ses yeux.

Après une glace, un cinéma, et une tentative d'apprentissage de surf, la jeune fille se retrouvait à mentir à ses parents, encore, pour retrouver celui qu'elle nommait l'élu de son cœur. Tout adolescent normal aurait sûrement commenté que ces rencards avaient tout de banal, seulement voilà, Gemma ne fréquentait pas les adolescents normaux.

Elle aurait bien aimé, peut-être.

La rouquine baissa les yeux vers ses sandales de plage. La première fois qu'elle était sortie, elle avait préféré se passer de chaussures ; elle avait eu besoin de ressentir chaque chose, au-delà des morceaux de verre brisés qui se baladaient sous ses jointures. Ses doigts s'étaient installés dans les feuilles et les fleurs que ses yeux avaient pu trouver, et elle avait voulu tout goûter avec chacun de ses sens.

Puis, elle avait jeté son dévolu sur Cody, et lui avait jeté son dévolu sur elle, et ses goûts ne s'étaient depuis pas résumés à la faune et la flore.

Run TowardsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant