A Deux Heures

Mais quelle idée ! Certes, j'étais un fêtard mais de là à suivre mon meilleur ami dans ses plans foireux, je devais être sacrément atteint. J'enfilai mon masque et vérifiai une dernière fois ma tenue. La rose rouge trônant fièrement dans la poche de mon costume. Encore une idée surprenante. Les personnes célibataires devaient arborer cette magnifique plante tandis que les couples en arboraient une blanche.

Une fois en bas de son appartement, Cole se fit charrier par son meilleur ami. Ce dernier ne cessant de lui rappeler son célibat.

– Je fais ça pour toi. Allez Cole, tu trouveras peut-être même ton prince charmant.

Son homosexualité n'était plus un secret depuis longtemps. Pour être exact, cela datait de ses seize ans. Ses parents avaient mis du temps à l'accepter, surtout sa mère. Cole n'avait jamais eu le cœur de cacher quoi que ce soit à Arthur, il ne voulait pas que cela se retourne contre lui ensuite. Son meilleur ami l'avait très bien pris en lui avouant que sa mère était bisexuelle et que cela ne lui posait aucun problème.

Au début, Cole s'était dit que cela devait faire bizarre de parler filles avec sa mère mais, finalement, il en était arrivé à la conclusion que cela ne changeait presque rien.

Comme à son habitude, notre jeune homme était bien en avance. Il détestait être en retard, Arthur l'avait vite compris. Le bal masqué commençait à peine et peu de personnes étaient déjà présentes. Ayant fait l'impasse sur le repas, les deux jeunes hommes se dirigèrent directement vers le buffet. S'ils buvaient, chose qui risquait fortement d'arriver, il serait plus convenable d'avoir quelque chose dans le ventre.

Une heure était déjà passée et ils attendaient encore la copine d'Arthur. Cette dernière était tout à fait charmante et Cole était content pour son ami, ils allaient très bien ensemble. Lydia avait besoin d'être un peu cadrée et Arthur avait besoin ce côté fofolle. Ils se complétaient. Dans ses grands moments de questionnement sur la vie, Cole en venait souvent à la conclusion que lui aussi voulait rencontrer sa moitié. Ses rares et courtes expériences n'avaient vraiment pas été concluantes.

Lydia finit par arriver avec sa robe bleu électrique. Elle lui allait à merveille et mettait ses formes en avant. Lydia avait des rondeurs et elle les assumait sans ressentir la moindre honte. Elle se plaisait à répéter que cela l'aidait à être plus forte et confiante.

Il devait être autour des onze heures et demi passé et Lydia s'entêtait à vouloir lui apprendre à danser. Il pouvait courir un cent mètre sans soucis, et cela même plutôt rapidement mais il ne savait vraiment pas danser. Il se trémoussait vaguement dans les autres soirées et il pensait, naïvement, que cela aurait été de même ici. Qu'il était idiot. Il aurait dû se douter qu'un bal masqué aussi peu courant ne ressemblait pas aux autres soirées. Ici, on commençait par la valse et on finissait par la valse. Entre deux, des morceaux plus « ordinaires » étaient passés mais toutes les heures, une danse spéciale passait. La salsa avait été l'objet de celle des onze heures et, comme pour changer, il y avait une valse de prévue à minuit.

– Allez, je te montre, ce n'est pas bien sorcier.

– Laisse tomber Lydia.

– Tu n'es pas drôle, je suis sûr que tu sais faire mieux que ce que tu prétends.

– Tout le monde n'est pas aussi à l'aise que toi.

– Il te faut juste un peu d'entraînement.

– Et je me chargerai volontiers de m'en occuper si vous êtes d'accord, intervint une personne portant un masque vénitien entre le rouge et l'orange.