Intime conviction

Chapitre 2

Dimanche 24 juin

J'ai tellement de choses à raconter que je ne sais pas par où commencer.

La voiture s'est présentée en bas de l'immeuble à 18h00 précises. Le chauffeur, un homme d'une quarantaine d'années en costume 3 pièces se tenait debout devant la porte arrière. Je me suis alors dépêchée de descendre pour ne pas le faire attendre.

Dans ce genre de soirée, tout le monde sait qu'il ne faut paraître ni trop sophistiquée ni trop stricte, alors j'avais opté pour une robe bustier fleurie qui s'arrête juste au-dessus des genoux et des sandales à talons jaunes. Quant à mes cheveux, je les avais remontés à l'arrière en une longue queue de cheval. J'ai toujours trouvé que les queues de cheval allaient bien aux filles qui avaient une frange aussi fournie que la mienne.

Lorsque je suis arrivée à la voiture, le chauffeur m'a adressé un léger sourire puis il m'a ouvert la porte en lâchant un « mademoiselle » d'une voix plutôt suave qui m'a tout de suite mise en confiance. Assise sur la banquette arrière, j'ai discrètement pris le chauffeur en photo et l'ai partagée sur Instagram : « A l'arrière de ma voiture avec chauffeur - En mode VIP. » Je savais que cette photo allait en jeter. Et ça n'a pas manqué. Mon téléphone se mit aussitôt à sonner. C'était Judith : « Tu vas où, pétasse ? » Elle était plutôt remontée contre moi.

« Je t'avais dit que j'avais une soirée pour le taf.

- T'es vraiment une chienne. T'aurais pu m'avoir une invit' quand même.

- J'ai eu la mienne que ce matin en allant à la boite aux lettres. T'inquiète, s'ils ont envoyé les invit' par courrier, c'est que c'est un truc à l'ancienne. A mon avis ce sera naz.

- Bon, tu promets que tu posteras des photos, hein ?

- Oui, oui, t'inquiète. Allez, je te laisse.

- Ok, à plus. »

En parlant, je sentais sur moi le regard du chauffeur à travers le rétroviseur intérieur. J'avais comme l'impression qu'il me reprochait le fait d'avoir dit que la soirée serait naz et j'ai senti le besoin de me justifier : « Nan mais c'est une amie... J'ai dit ça pour la rassurer... Comme elle n'est pas invitée. Forcément. » Le chauffeur n'a même pas daigné me répondre, ni à ce moment-là, ni lorsque je lui ai demandé où se trouvait la demeure de « Trees no Port ». J'ai bien tenté de faire la conversation en disant que, vu le nom, ça devait être une maison appartenant à des Anglais mais ça n'a pas semblé le passionner. Dommage, il n'aura pas su que sa photo était déjà à 30 likes.

On était sortis de la ville depuis au moins une vingtaine de minutes quand j'ai décidé de m'assoupir un peu. J'ai vérifié une dernière fois si les résultats avaient été publiés puis j'ai demandé au chauffeur de me réveiller quelques minutes avant qu'on arrive, histoire de me refaire une petite beauté.

A un moment, la voiture a roulé sur un nid de poule et je me suis réveillée en sursaut. La nuit était tombée et en regardant à travers la fenêtre, je me suis rendue compte que nous étions en plein milieu d'une forêt. « Où sommes-nous ? » Ai-je demandé au chauffeur.

« Nous arrivons, mademoiselle. Devant nous se trouve la demeure de Trees no Port.»

Il disait vrai. En face de nous s'élevait une immense bâtisse. On aurait dit une étoile scintillant au milieu de la nuit. Plus on s'approchait et plus je pouvais admirer l'incroyable beauté de la demeure dont toutes les pièces semblaient éclairées.