Chapitre 2 (nouvelle version)

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Dans le miroir, tout ce qui ressort face à mon reflet, c'est du dégoût. Mon visage me fait horreur. Les poches sous mes yeux m'écœurent et le chagrin qui ternit mes iris bruns me serre le ventre. J'ai l'aspect d'un gamin, un gosse paumé dans un cauchemar infini.

Mes cheveux marron sont en bataille, peut-être autant que mon âme. J'ai le teint livide, la peau fatiguée. Les ravages de la drogue hantent mon corps. Le désespoir, la baraque. Tout s'effrite, la maison est à l'abandon et personne n'en a rien à foutre.

Ma mère dort encore. Mon ivrogne de beau-père a passé sa nuit à hurler dans le salon. Ils ne font que boire et cuvent la journée. C'est leur quotidien.

Maryse a toujours été alcoolique. Je me rappelle que, dès mon plus jeune âge, j'errais dans le quartier en attendant qu'elle se réveille.

J'étais môme quand je l'observais gerber pendant des heures dans la cuvette des chiottes. Elle se disait malade. J'ai mis du temps avant de comprendre que tout ça n'était pas une simple indigestion.

En sortant de la douche, j'enfile mon survêtement noir et cache l'épaisseur de mes cheveux sous ma casquette. Le frigo est vide. Il n'y a que des bières à l'intérieur. Rien d'autre.

Je referme, jette un œil au tas d'ordures poussé contre le mur de la cuisine, puis me tire.

Le soleil est haut dans le ciel. Les rues sont paisibles. À l'heure où tout le monde est déjà en plein boulot, je débute ma journée.

Dans les couloirs du lycée, seule la voix des profs résonne. Je passe ma tête devant la petite vitre sur la porte de la classe. Donovan est dans le fond, tandis que Camille est au premier rang.

— Ah non, c'est hors de question ! déclare le prof en me voyant débarquer.

Il trépigne d'un pied sur l'autre, les poings levés.

Mes yeux balaient la pièce.

— Désolé.

J'arbore un air malicieux. Je n'y suis pas. Je m'en fous.

— Très bien, dans le bureau de la directrice ! Tout de suite !

Il tape du pied en montrant du doigt le couloir.

— Mademoiselle Besson, vous l'accompagnez.

Mauvais, je rétorque aussitôt :

— Je connais le chemin.

— Il n'y a pas de négociation possible, monsieur Durion.

Un instant, j'ai envie de lui mettre mon poing dans la figure, puis me ravise.

Camille peine à me suivre, j'entends ses pas se précipiter derrière moi. Je vais pour lui dire d'aller se faire voir, que je n'ai pas besoin d'une baby-sitter, lorsqu'elle me devance en stoppant ma course :

— Tu ne veux pas me parler ?

Sa main se pose sur mon poignet. Ses doigts sont si fins que je pourrais les arracher sans effort.

— Je n'ai rien à dire.

Est-ce qu'elle me demande de répondre de mes actes ? Je me suis tapé la sœur de mon pote. Ça s'arrête là.

— Alors ne dis rien.

Désireux, ses yeux plongent dans les miens, tandis que ses lèvres s'écrasent sur ma bouche avec force. Elle colle ses cuisses à mon entrejambe, se mouvant dans une étreinte torride.

Quand je réalise qu'elle est en train de m'allumer au beau milieu du couloir, je la repousse, furieux.

— Qu'est-ce que tu fois, putain ?

⚣ AIME B. - Tome 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant