Huitième

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Ce fut un horrible mal de dos qui me réveilla. J'étais toujours couché contre les murs de la piscine. Il fallait que je me lève. Après que mon dos ait craqué un nombre incalculable de fois, je me mis debout et observai autour de moi. Le calme.

Il fallait que je rentre chez moi, d'ailleurs mon portable vibrait.

"Ca fait longtemps que j'te vois plus ? T'es mort ?"

C'était Xavier, je ne voulais pas lui répondre. J'ignorai son message et marchai jusqu'à un endroit quelconque. J'abandonnai l'idée de rentrer chez moi, j'allais devoir subir l'interrogatoire de mon meilleur ami sinon.

Je m'assis à la terrasse d'un café mais ne commandai rien. Un homme s'approcha de moi, malgré mes yeux fatigués, je le reconnu. C'était le docteur Watson.

"Puis-je m'asseoir ici ? Les places sont toutes pleines, je ne pensais pas que ce café avait une aussi bonne réputation, plaisantait-il en désignant la chaise en face de moi."

Je hochai la tête et il prit place. Je le regardai, je me souvenais de ses cheveux poivres et sels et de ses yeux bleus qui fixaient le détective, hier. Il commanda un café et prit le journal.

Mais en cinq minutes, j'étais déjà parti. Je gambadai dans Londres, les mains dans les poches, un mal de dos surhumain et le cœur vide.

Moriarty.

Je voulais le revoir, j'en avais besoin. Mais avec ce qui s'est passé hier, je ne savais plus quoi en penser. J'étais perdu, peut-être que c'était pour cette raison que je me retrouvais à marcher tout seul dans les rues gelées de la capitale anglaise.

Midi.

Je n'avais pas faim, alors je continuai de sillonner la ville mais j'arrivai très vite au QG. Mon cœur se serra. Automatiquement, je montai. J'arrivai dans les bureaux. Tout le monde me regardaient. Il était vrai qu'avec ma barbe mal rasée, mes cheveux en bataille et mes poches sous les yeux, je faisais peur.

Mais quand ils se rendirent compte qu'il ne s'agissait que de moi, ils se remirent au travail. Automatiquement, je me rendis dans le bureau de Moriarty. Quand il m'aperçut, je lu dans ses yeux des tonnes de questions.

"Moran, qu'est ce qui vous ait arrivé ? S'exclama mon patron.
- Rien...
- Où avez-vous dormi cette nuit ? Ne me dîtes pas que vous avez dormi à la piscine."

Je voulais en même temps l'embrasser de tout mon être mais aussi le tuer. C'était de sa faute si mon état était de plus en plus déplorable.

"Venez avec moi, Sebastian, me dit-il d'une voix tellement douce que je me laissais faire, docilement." 

Nous quittâmes le QG et nous priment un taxi. La voiture s'arrêta devant un manoir que je connaissais maintenant. Nous sortîmes et mon patron paya l'homme. Puis, Jim m'attrapa par le bras, nous rentrâmes chez lui. 

"Je veux travailler, laissez-moi travailler... Demandai-je d'une voix étouffée.
- Hors de question. Venez, vous allez aller prendre une douche et dormir un peu. Et prenez un cachet pour votre dos.
- Je vais bien... laissez-moi travailler...
- Non, c'est pour votre santé que je fais cela. Parce que si je vous raconte la suite des événements du Grand Jeu vous allez vous tirer une balle directement. Suivez-moi."

Nous allâmes dans la salle de bain, faîte de carrelage gris. Je m'en souvenais. Il m'aida en retirant mon t-shirt.

"Ce sont les griffures des tigres n'est-ce-pas ? Remarqua le criminel en passant ses longs doigts si pâles sur les blessures qui siégeaient sur mon torse.
- Oui, mais comment le savez-vous ? Lui demandai, je n'avais jamais évoqué ou fait allusion à mes anciennes chasses aux tigres.
- Je me suis renseigné sur vous, et quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, je connaissais votre nom.
- Dîtes, vous avez fait semblant de sortir avec Xavier, n'est-ce-pas ? C'était pour vous rapprocher de moi ?
- Je fais pareil avec Molly, si cela peut vous rassurer, c'était juste pour pouvoir rencontrer Sherlock Holmes, d'ailleurs il a été assez surpris de me voir sans pull à col V."

Je sentais mon sourire s'agrandir.

"Lavez vous, m'ordonna-t-il, ses yeux rivés sur mes griffures de tigres, ou bien plus bas, je n'en savais rien.
- Vous comptez rester avec moi ? Plaisantai-je en grimpant dans la douche.
- Cela vous dérange-t-il, Moran ?
- Non, vous êtes chez vous après tout."

Je me douchais sous l'eau glacée, même pas gêné que mon patron soit dans la même pièce que moi. Puis je sortis et m'enroulai dans une serviette qu'il me tendit.

"Vous êtes charmant, Moran, me complimenta-t-il.
- Je vous remercie, et, excusez-moi de m'être énervé hier. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit, lui dis-je en baissant la tête, même si je savais qu'il disait que les excuses n'étaient jamais sincères."

Il ne répondit rien mais rapidement ses lèvres prirent place contre les miennes. Je me figeai quand il se blottit dans mes bras. Il laissa quelques baisers dans mon cou.

"Je peux vous poser une question ? Demandai-je, mes yeux bleus rivés sur le lavabo avec toujours ce même objet qu'il y a quelques semaines posé dessus.
- Allez-y, accepta mon patron en s'éloignant de mon corps complétement trempé, d'ailleurs son costume en fit les frais.
- Que faîtes-vous avec... Ca ?"

Je m'avançai et attrapai l'objet, qui n'était d'autre qu'une lame, de mes doigts fins avant de la mettre devant les yeux sombres de mon supérieur qui rougit légèrement, colorant un peu sa peau si pâle.

"Je m'ennuie Moran.
- Vous.. Vous ennuyez donc vous utilisez ça ? Vous n'êtes pas bien vous.
- Je sais, cela me permet de moins m'ennuyer. D'après le blog du docteur Watson que certains membre ont lu, dont vous, m'ont rapporté qu'Holmes tirait dans le mur quand il s'ennuyait. Chacun sa façon de faire.
- Vous vous ennuyez tellement que je n'ose même pas voir l'état de vos poignets et de vos bras.
- Pas plus pire que la guerre, me dit-il avant de m'envoyer un petit clin d'œil."

Je pensais que j'aurai très bien pus voir ses bras pendant nos ébats sexuels, mais je me rappelai soudain qu'il gardait toujours sa chemise. Il ouvrait la plupart des boutons mais il gardait toujours le vêtement.

"A quoi pensez-vous Moran ? Me demanda-t-il, sa main glissant le long de mon torse encore mouillé.
- Que vous gardiez toujours votre chemise quand nous baisions ensemble.
- Bien sûr.
- C'est parce que vous dominez, cela vous donne un air de dominant n'est-ce-pas ? Me moquai-je, mes yeux plongés dans les siens qui s'éclaircissaient par moments.
- Exactement."

Il sourit et moi aussi.

"Rhabillez-vous, vous viendrez à la cuisine prendre un cachet pour votre mal de dos et je vous trouverai une mission que vous pourrez accomplir sans vous casser encore plus la colonne.
- Compris."

J'enfilai mes vêtements sous le regard pervers de mon patron que je n'osai pas regarder puis nous quittâmes la salle de bain. Une fois dans la cuisine, il me sortit un cachet que j'avalai sans eau puis nous sortîmes de chez lui, après qu'il m'ait abandonné quelques minutes le temps de changer de costume puisque l'autre était mouillé quand il s'est collé à moi.

Nous retournâmes au QG, sous les yeux de tous les membres de l'entreprise. Je souris. Il me laissa avec la secrétaire qui me donna une mission que je devais accomplir avec quelqu'un. Un certain Jack.

Ce dernier arriva vers moi. Il était très grand, et très musclé. Ses cheveux ont été remplacés par des tatouages sur son crâne luisant et ses yeux étaient cachés par une paire de lunette de soleil.

Nous sortîmes du QG et montâmes dans la voiture qui nous attendait dehors.

The Tiger And The Criminal || MorMor || FINIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant