Éveil

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Kim arriva chez moi un peu après vingt-trois heure. Il pleuvait des cordes. L'orage faisait rage dehors et les rafales de vent soufflaient si fort qu'elles emportaient les toitures rendues fragiles par l'usure.

Mon appartement situé au sixième étage d'un immeuble social du centre ville, me mettait à l'abri des intempéries. Je venais de finir la troisième partie du dernier chapitre de mon roman mais je n'en étais pas satisfait. Depuis je restai scotché devant mon écran à me demander ce qui manquait.

Les mégots de Marlboro s'entassaient dans le cendrier. Du light, je trouvais le rouge trop fort. Il avait pour habitude de réveiller mon asthme. Je préférais le light car il était plus doux et sentait moins fort. La nicotine relaxait mon esprit. Cela me permettait de me détendre les nerfs après avoir passé beaucoup de temps devant mes manuscrits. Quand je ne travaillais pas sur une nouvelle histoire, je remplissais les colonnes du Citizen, la gazette phare du pays.

Ce soir, mon incertitude face à la conclusion de mon histoire me donnait cette affreuse sensation que l'on ressent lorsqu'on ne sait pas comment attaquer un nouvel article. Je ne l'avais pas ressenti depuis mes années d'université, le syndrome de la feuille blanche... c'était pourtant il y'a très longtemps...

Je rajoutais un peu de Jack Daniels dans mon verre de Sprite lorsque j'entendis sonner. Je portais un jogging noir, des chaussettes et rien sur le torse. Je quittai nonchalamment mon bureau et allumai la lumière au passage. Le pièce était enfumée de vapeur de cigarette. Ça puait la clope. J'ouvris une fenêtre et la rafale de vent qui s'engouffra dans la chambre eu suffit à rafraîchir l'atmosphère. Quelques gouttes de pluies m'arrosèrent par la même occasion. Je refermai la fenêtre tandis que la sonnerie retentit à nouveau.

Elle était là devant moi, trempée et presque frigorifiée. Je fus d'abord surpris de voir qu'il s'agissait d'elle. C'était la dernière personne que j'espérais voir chez moi un soir pareil. La dernière fois on s'était séparé en queue de poisson après une nuit de sexe farouche. La revoir aujourd'hui était assez surprenant bien qu'en réalité, elle revenait toujours. Je sortis de mes pensées pour l'inviter à entrer, espérant que l'odeur de la cigarette qui régnait encore un peu ne la mette pas trop mal à l'aise. Mais que pouvait-elle bien faire là ? Et pourquoi débarquer comme ça sans prévenir ? Je l'observais sans prononcer le moindre mot.

- Une cigarette stp. Et un verre aussi, mais sans diluant, juste du Jack merci.

Je m'exécutai sans protester bien que le fait qu'elle me demande une cigarette me surprenait. Depuis quand elle fumait elle ?! De toute façon c'étaient ses affaires. Mais je devais découvrir la raison de sa présence chez moi ce soir.

- Tu m'expliques ?

- T'expliquer quoi ?

- Déjà commence par me dire pourquoi tu te balades à 23h en plein Yaoundé sous une pluie battante. Si tu es si téméraire, tu pourrais te soucie de ta santé au moins ?!

- Ce n'est pas la pluie qui m'a arrosé rassures-toi.

- Tu as piqué une tête dans le Mfoundi ? Bain de minuit ?

- Cédric ! Ce n'est pas important stp. Je t'expliquerai tout. Pour l'instant j'aimerais que tu m'accordes une faveur stp.

- Je suis toute ouïe

- Je peux passer la nuit chez toi ce soir ?

- Depuis quand c'est une faveur ça ? Tu penses vraiment que je t'aurais laissé partir d'ici avec ce temps et dans cet état ? Tu n'avais pas besoin de demander. Par contre je n'ai pas de vêtements de rechange.

Romance SanguineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant