Chapitre 29: Benjamin

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Deux jours plus tard...

Plus que trois jours... trois jours et nous affronterons la Croatie en finale. Je sens quelqu'un me tapoter le dos, je me retourne et me retrouve face à Hugo qui a un grand sourire.

-Arrête de t'en faire, tout va bien se passer, me dit-il gentiment.

-C'est facile à dire pour toi, ce n'est pas ta première Coupe du Monde!

Il soupire et va s'asseoir sur un des bancs autour du terrain et je fais de même pour être à côté de lui.

-Tu veux que je te rappelle ce qu'il s'est passé lors des deux dernières Coupe du Monde? Bah je vais te le rappeler, on s'est fait sortir dès le premier tour lors de celle de 2010 avec une sale réputation et on s'est fait éliminé par l'Allemagne en quart de finale lors de celle de 2014, je pense que tu dois te souvenir des larmes d'Antoine... Donc, être en finale pour ta première Coupe du Monde, crois-moi, c'est une putain de chance!

C'est vrai que dit comme ça... Il n'a pas tord.

-Vous faites quoi vous deux?

Nous nous retournons pour voir Antoine et Paul arriver vers nous. Ils viennent s'installer à côté de nous en souriant.

-Vous nous faites une petite déprime? Demande Paul en me tapant un peu trop fort dans le dos.

-Qu'est-ce que vous allez faire si on gagne la Coupe du Monde? Leur demandais-je pour détourner le sujet de la conversation.

-Bah déjà, le fêter avec l'équipe et tous les membres du staff puis le fêter avec ma famille puis prendre des vacances bien méritée, énumère Antoine en comptant sur ses doigts les étapes.

-Je pense que c'est à peu près le même planning pour tous les joueurs, dit Hugo en haussant les épaules.

-Bon, plus sérieusement, qu'est-ce qui vous déprime? Demande Paul ayant compris ma technique pour changer de sujet.

-Benjamin a peur pour la finale et je pense qu'il doit aussi avoir peur de la suite de sa relation avec Maria lorsque nous serons de retour en France, répond Hugo en me regardant.

Comment peut-il toujours avoir raison sur ce que je pense? Je vois un sourire se former sur le coin de ses lèvres. Ce mec est vraiment la personne la plus bizarre que j'ai pu rencontrer de ma vie et j'espère de tout cœur ne pas rencontrer des personnes encore plus bizarre que lui au fil de ma carrière.

-Vous vous aimez, me dit Antoine, ça se voit, je suis sûr que tout va bien se passer entre vous lorsque ça sera fini.

-Oui, on s'aime mais tu crois que je vais pouvoir supporter de l'avoir loin de moi? J'ai vécu avec elle pendant plus d'un mois et maintenant, je vais devoir vivre sans elle sous prétexte qu'elle a promis à Florian et Adil de venir avec eux à Marseille!

-Bah, tu n'as qu'à signer à Marseille...

Je dévisage Paul qui vient d'émettre cette idée. Moi? À Marseille? Il est sérieux?

-Me regarde pas comme ça! C'est juste une proposition! Se défend-t-il en levant les mains au ciel en signe d'innocence.

-Je ne veux pas quitter Stuttgart et je me vois mal vivre dans une ville comme Marseille.

-Pourquoi ça? Me demande Antoine.

-Bah... Je viens du Nord je vous rappelle, ce n'est pas le mêm-

-Arrête avec tes prétextes bidons! Tu as surtout peur de t'engager avec Maria!

Je regarde Hugo puis baisse la tête pour regarder mes chaussures qui sont devenues très intéressantes tout à coup. Est-ce que j'ai peur de m'engager avec elle? Bien-sûr, même si je l'aime, je ne peux pas m'empêcher de douter de la durabilité de notre couple. Et si ça ne marchait pas entre nous finalement? Là, on est dans notre bulle, isolé du monde extérieur mais lorsque l'on sera de retour en France, est-ce que ce sera la même chose?

-Tu devrais aller lui parler au lieu de ruminer toutes ces questions, me dit Hugo en soupirant.

-Je lui ai dit qu'on en parlera après la finale, je ne veux pas que ce genre de pensées encombrent ma tête et-

-Ah bon? Et tu peux me dire à quoi tu penses à cet instant?

Il a encore une fois raison mais je ne sais pas comment lui parler de ça. J'ai peur qu'elle se braque, qu'elle me dise qu'elle préfère rester avec Florian et Adil plutôt qu'avec moi, qu'elle-

-Retour à l'entraînement!

Je sursaute en entendant la voix de Didier. Depuis quand il crie aussi fort? Nous nous levons de notre banc qui était pourtant très agréable avant de repartir sur le terrain d'entrainement. Je regarde de l'autre côté du terrain pour voir Florian et Adil venir vers nous, se séparant de Maria. C'était évident qu'ils soient avec elle, ils ne vont pas perdre une occasion pour lui parler de son futur lieu de travail et de ses futurs collègues. Rien qu'en y pensant, je vois rouge. Je ne pourrais jamais accepté qu'elle soit amie avec d'autres joueurs de foot, qu'elle aille dans les vestiaires avec eux comme elle le fait avec nous car je ne serais pas là pour la surveiller. Je soupire et vais rejoindre mon groupe d'entraînement qui est malheureusement le même qu'Adil et Florian. Je les aime bien mais c'est de leur faute que ma relation avec Maria peut s'arrêter à la fin de la Coupe du Monde.

-Moi je propose dans un premier temps une visite du port et après la basilique puis la ville, dit Adil à Florian.

-C'est pas mieux de lui faire visiter la ville en premier? Elle pourra se repérer plus facilement, dit Florian en s'étirant.

Bien évidemment, vu qu'ils ne seront pas titulaires, ils ne parlent que de l'arrivée de Maria à Marseille. Je m'écarte d'eux, ne voulant plus entendre leur conversation, à quoi bon écouter? Ça ne va que me faire souffrir inutilement, rien de plus. Je m'écarte un peu de mon groupe mais je suis vite rejoins par Lucas.

-Toi, il y a quelque chose qui ne va pas, me dit-il simplement en jonglant avec une balle.

-Je suis vraiment si transparent que ça?

Il se met à rire en continuant ses jongles.

-Disons que lorsqu'il y a quelque chose qui t'encombre l'esprit, j'ai remarqué que tu préfèrais t'isoler des autres. Si tu n'as pas envie de me dire ce que tu as, ce n'est pas grave, je peux comprendre, mais je voulais simplement que tu saches que si tu as besoin de parler à quelqu'un, où que tu sois et à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, je serais toujours là, d'accord?

Je m'arrête de m'entraîner pour le regarder. Je viens de me rendre compte d'une chose: cette Coupe du Monde m'a permis de rencontrer des personnes formidables et quoi qu'il arrive, je serais toujours heureux d'avoir partagé ces moments avec eux.

-C'est d'accord.

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Il ne reste plus qu'un chapitre et l'épilogue... tristesse de l'absolue...

Alone // Benjamin PavardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant