Football de Génies

IX- L'histoire de Lily

Jude la rejoignit, et s'assit à ses côtés, comme pour l'insinuer à commencer son récit. Elle soupira, s'allongea, et commença son discours.

"Tout allait bien quand j'étais petite. J'étais heureuse, j'avais tout pour moi. Mes parents étaient fiers de ce que j'étais, d'après mes souvenirs. Le problème, c'est qu'il me reste peu de souvenirs de mon enfance justement. Je n'habitais pas ici avant, je vivais beaucoup plus loin. Je me souviens que mes parents m'encourageaient beaucoup lorsque je jouais au football. C'est grâce à ce seul souvenir que je continu à jouer. Sinon, j'ai tout perdu."

Jude : "Comment ça ?"

"Il n'y a pas si longtemps que ça, mes parents sont morts à cause d'une maladie inconnue. Plusieurs médecins pensent qu'ils ont été assassinés par intoxication alimentaire. Cette annonce m'a créé un choc émotionnel tellement puissant, que tous mes souvenirs que j'avais jusque là se sont effacés. J'aurai eu un frère ou une sœur, que je ne m'en souviendrai pas ! Seul le football m'est resté en tête. Après ça, j'ai décidé de quitter la ville où je me trouvais, et ainsi quitter le malheur qui s'abattait sur moi. Je me suis retrouvée ici, et tu connais l'histoire avec mon ancien entraîneur. J'ai été admise à l'Académie A, appelée ainsi car elle est "anonyme", personne ne connaît rien d'elle, et les étudiants ne doivent rien dire sur cette école, même quand ils en sortent, au risque de se faire retrouver par des agents, et de se faire menacer. Le problème, c'est qu'ils n'hébergent pas leurs élèves, et comme je suis incapable de subvenir à mes propres moyens, j'habite dans une cabane en bois, pas très loin de la belle maison où je te laisse quand tu me raccompagne. Je n'ai même pas de quoi manger, et j'en ai honte. Je ne voulais pas te montrer ça, c'est pour cela que j'étais aussi stressée les deux soirs où tu m'as raccompagnée. Je ne voulais pas que tu te moques de moi !"

Elle acheva cette phrase avec les larmes qui commençaient à couler sur ses joues. Elle n'arrivait plus à contenir son émotion.

Jude : "Je ne me serais jamais moqué de toi, Lily. Et tu sais pourquoi ?"

Elle releva la tête vers lui, incompréhensive. Elle la secoua de gauche à droite, lui répondant ainsi par la négative.

Jude : "Tout simplement parce que tu es mon amie."

Elle baissa de nouveau les yeux, muette. Elle n'avait jamais eu d'amis depuis son événement tragique, et elle ne savait plus ce que ça faisait. Maintenant, elle savait que ça rendait du baume au cœur. Mais était-ce normal que cela réchauffe autant son corps ?

"Merci pour tout, Jude..."

Jude : "Et au fait, pour ton histoire de prénom..."

"Je te l'ai dis, depuis la mort de mes parents, je ne me souviens de rien. Même pas de mon prénom, et encore moins de mon nom de famille. Lily, c'est inventé. Je ne sais même pas comment je m'appelle..."

Jude : "Alors gardons Lily, ça te va très bien."

Il lui sourit pour apaiser son esprit. Elle essuya ses larmes du revers de la main, et lui rendit son sourire. Elle prit ensuite la balle, et se releva pour se diriger sur le terrain. Elle fit quelques jongles, et elle se sentait mieux désormais.

Jude : "Mark a raison, quand il dit que le football permets de tout oublier, et de rendre heureux..."

"Je suis d'accord avec lui. Sans le football, je ne serais pas ce que je suis aujourd'hui."

Le jeune homme la rejoint sur le terrain, afin d'essayer de lui prendre le ballon, elle ria, et l'esquiva habilement. Leur entraînement spécial était un régal pour les yeux. Tous deux avaient une grande maîtrise du ballon, et ils ne se laissaient pas faire. Même s'ils rataient, ils ne s'avouaient pas vaincus, et recommençaient, jusqu'à ce qu'ils reprennent la balle pour marquer.

"Dis Jude ?"

Jude : "Oui ?"

"Tu penses qu'on pourrait avoir une super-technique à nous deux ?"

Jude : "Oui pourquoi pas ! Il suffit de s'entraîner !"

"Tu sais à quel point ça me fait bizarre de m'entraîner en réalité, de base on ne m'entraînait pas beaucoup à l'Académie A, et de toute manière mes coéquipiers ne m'aimaient pas, et ne me faisaient la passe que par obligation..."

Jude : "Ne pense plus à cette période, pense au présent. Maintenant, tu es avec nous, on est soudés et on te fera la passe quand ce sera le bon moment sur le terrain, comme à n'importe quel coéquipier, compris ? Ça serait bête de ne pas exploiter ton talent !"

"Comment tu peux dire que j'ai du talent, je recommence à peine à jouer correctement !"

Elle fit un sourire amusé. Elle se sentait bien avec lui, et elle se permettait de le taquiner légèrement.

Jude : "Je te l'ai déjà dis, tu as un grand potentiel et une grande intelligence, et je crois en toi."

Il lui rendit son sourire, et en profita pour lui piquer la balle habilement. Elle laissa échapper un petit cri de surprise, puis se lança à la poursuite de Jude qui partait vers le but adverse. Celui-ci s'arrêta brusquement, et elle tomba sur lui. Ils se relevèrent en rigolant, pas perturbés le moins du monde. De loin, on aurait pu croire qu'ils se connaissaient depuis des années, alors qu'ils s'étaient rencontrés il n'y a même pas une semaine. Pourtant, ils s'entendaient tellement bien qu'ils avaient développés une complicité en un rien de temps. Ils se faisaient confiance mutuellement, alors que la jeune fille ne racontait pas sa vie à n'importe qui. Elle ne l'avait jamais raconté auparavant, en réalité. Jude était la première personne, mais elle savait que c'était une bonne personne. Elle ne savait pas si elle devait dévoiler son petit passé à l'équipe de Raimon, elle se sentait également bien auprès d'eux maintenant.

Jude : "Hé Lily, ça va ? T'es dans la lune ?"

"Ah oui pardon, je réfléchissais."

Elle lui esquissa un sourire rassurant, avant de lui reprendre le ballon d'un magnifique geste technique.

Jude : "Tu crois que je vais me laisser faire ?"

Et les voilà repartis sur le terrain, à exécuter une danse technique sur le terrain avec le ballon. De loin, on aurait cru un ballet. Comme à leur habitude, ils finirent assez tard. Jude raccompagna Lily, mais cette fois dans son réel chez-soi. Il fut pris de peine pour elle, vu la pauvreté du lieu, mais elle le rassura vite ; cela lui suffisait amplement. Un dernier au-revoir, et le jeune homme revint chez lui. Il avait hâte d'être au lendemain.

🌙

xVivieEx

4/09/2018.