Elle devient lui

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Elle se devait d'être une fille. C'était ainsi que ses parents l'avaient élevée. Alors, elle se comportait comme elle pensait qu'une fille devait se comporter. Elle portait des robes, aimait le rose et les papillons. Mais au fond d'elle, elle savait qu'elle mentait. Alors elle inventa des amies imaginaires. Une corsaire qui se battait pour sa vie en haute mer. Une dame de la cour qui choquait tout le monde en portant des costumes d'hommes. Une pirate informatique qui piratait les états-unis pour rétablir la paix dans le monde. Aucune ne se comportait comme une fille. Elle les admirait et voulait tellement leur ressembler, mais il fallait qu'elle fasse plaisir à ses parents. Dieu seul savait ce qui se passerait si elle n'était pas comme ils voulait qu'elle soit. C'était une peur irraisonnée, elle savait qu'elle resterait toujours leur enfant, mais ils l'aimeraient peut-être plus si elle était parfaite. Alors elle condamna tous ces sentiments détestables, toute cette soif d'aventure et elle commença à se forger une carapace. Mais pas en pierre, non, en miroir. C'était tellement fragile, mais en même temps personne ne devinait que la carapace existait. Car elle jouait le jeu, reflétant ce que le monde voulait d'elle. Au point de se perdre entre vrai et faux sentiments.

Le miroir subit de nombreux coups de l'extérieur au fur et à mesure qu'elle prenait conscience qu'il était impossible de satisfaire tout le monde et que certains étaient encore plus doués qu'elle pour dissimuler leurs véritables sentiments et attention à son encontre. Elle reçu de nombreux couteaux dans le dos et décida d'abandonner les miroirs pour la pierre elle calfeutra tout pour ne plus laisser un rayon de lumière l'atteindre. Elle s'enfonça dans la solitude, se méfiant de tout et de tout le monde, refusant les contacts physique de peur que ceux-ci ne la brûlent.

Cela fonctionna un temps, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que certains mots réussissait à passer la barrière pour venir transpercer son cœur. Ce n'était pourtant ni des insultes, ni des reproches, c'était de simples mots. "Elle", "Mademoiselle", "ma fille", même entendre son prénom lui était douloureux.

Du jour au lendemain elle décida de changer pour faire taire cette douleur, sans comprendre encore totalement ce que cela signifiait. Elle se coupa les cheveux aussi courts que son petit frère, commença à s'habiller dans le rayon des garçons malgré les commentaires que sa mère et le reste de sa famille ne manquaient pas de lui lancer. Elle commença à se sentir un peu mieux, mais ce n'était toujours pas suffisant. La révélation lui vient le jour où on l'appela "Monsieur". A cette appellation elle ne put réprimer un sourire. Dans un premier temps elle se dit qu'elle était simplement amusé par l'erreur de la personne. Mais c'était bien plus que ça, ce sentiment était bien plus fort. C'était de la joie à l'état pur.

Désormais elle savait. Elle était lui. Elle était un homme.

Ce jour là fut sa libération. Il avait l'impression de commencer à vivre. Ce qui n'était pas faux, toute la première partie de sa vie, il n'avait était que le reflet de ce qu'on attendait de lui. Et maintenant il était lui-même, enfin. C'était jouissif et libérateur. Les premiers instants. Et la peur est revenue. Comment allait réagir ses parents ? Et s'il se plantait totalement ? Il n'avait jamais été capable de savoir ce qu'il ressentait vraiment à force de supprimer ses sentiments, alors comment en être sûr ?

La seule solution qu'il trouva fut de tester. Il se choisis un nouveau prénom. Profitant du fait que personne ne le connaissais à la fac, il se présenta en tant que il. On découvrirait rapidement qu'il était né elle, mais cela n'avait aucune importance, ces personne-là n'avait aucune importance. Seul sa famille comptait à ses yeux. Et plus les mois passaient, plus il savait qu'il avait raison et qu'il était il.

Il réussi à le cacher à ses parents pendant un an, parlant de lui au masculin la semaine, et au féminin le week-end. Ce n'était finalement pas beaucoup plus dur que de faire semblant, il avait juste l'impression de se poignardé lui-même à chaque fois. Mais le moment était venu. Il était il et il ne changerait pas d'avis. Tant que ses parents l'accepteraient.


Alors voilà ce que la société à fait de moi. A trop vouloir nous imposer un genre, elle a créé un homme incapable de reconnaître ses propres sentiments, enfermé dans une carapace au point d'être dégouté par tout contact physique, et qui est prêt à renier tout ce qu'il est pour ne pas perdre l'amour de ses parents.

Elle devient luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant