Calla: Crime

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Flash Back

« Nevra et moi avions fini la préparation de la potion il y a deux jours. Je devais la boire ce soir, nuit de pleine lune. J'avais notamment charrié Chrome cet après-midi, un jeune loup-garou. Cette journée se déroulait très bien. Trop bien même. Et j'avais raison. Je découvris en fin d'après-midi que mon instinct avait vu juste, une fois de plus. Dans ma chambre, sur mon lit, un mot. Ce mot était signé d'Ashkore, un homme recouvert d'une armure et ennemi de la Garde d'El. Je ne savais pas encore pourquoi. En tout cas, ce mot était une mise en garde au sujet de la potion que je devais ingérer. Après avoir lu le mot, je le rangeai soigneusement dans un de mes tiroirs, et je filai en direction de la bibliothèque. Je devais à tout prix savoir. J'ouvris la porte et entrai. Je saluai Ykhar, la bibliothécaire aux oreilles de lapine.

- Salut toi ! Dis, à tout hasard... Tu n'aurais pas des informations à propos de l'Eau de Léthée ? lui demandai-je en cachant mon trouble et ma terreur.

- Je suis désolée Calla, mais je ne sais pas grand-chose à ce sujet. Tu devrais demander à Kero, mais il n'est pas là... Il est parti en mission hier matin et ne revient que dans une semaine. Tout ce que je sais c'est qu'après une certaine manipulation, elle provoque de l'amnésie, et donc la perte de mémoire. Elle peut donc être dangereuse.

- Merci Carotte !

- Calla, la prochaine fois que tu m'appelles comme ça, je t'en fais bouffer jusqu'à ce que tu oublies ce mot.

- Ca marche Carotte, lui lançai-je en lui tirant la langue.

Je sortis de la pièce et fermai la porte contre laquelle je senti s'écraser un livre relativement épais, suivi des gloussements d'Ykhar. Je souri faiblement, puis parti en direction où je devais boire cette potion. Maintenant que je savais que la Garde voulait me faire avaler une potion d'oublie qui bousillerait ma mémoire, je voulais absolument la détruire. Je me dirigeai donc en direction de la Salle d'Alchimie. Je repensais soudain à la préparation de la potion. En découpant les ingrédients, Nevra m'avait dit de penser à mes parents et à ma vie d'avant. Je compris qu'ils voulaient que j'oublie toutes les personnes que j'avais connues lors de ma vie d'avant Eldarya. Des larmes de colère et de honte roulèrent sue mes joues. Comment pouvaient-ils me faire ça ! Comment avais-je pu être aussi naïve ! J'entrais dans la Salle d'Alchimie sans ménagements. Le comble ! Nevra se trouvait au centre de la pièce et me souris à mon arrivée.

- C'est l'heure de la potion, me dit-il tout guilleret.

Il s'arrêta net en voyant mes larmes.

- Calla ? Est-ce que tout va bien ? me demanda-t-il sérieux.

C'est à ce moment que je perdis le contrôle.

- Est-ce que tout va bien ? je répète éberluée. Est-ce que tout va bien ?! ma voix part dans les aigus. Vous voulez juste que je boive une potion va altérer ma mémoire, qui va me faire oublier tous mes proches, en me disant que c'est un « simple brouilleur de présence », et tu veux savoir si je vais bien ?! Vous m'avez menti ! TU m'as menti ! Tu m'as menti...répétais-je alors que ma voix faiblissait.

Je commençais à étouffer. Mon monde était en train de s'écrouler. L'homme qui m'attirait tant m'avait planté un couteau dans le dos. D'ailleurs, son visage s'était décomposé au fur et à mesure de ma petite tirade.

- Calla, cette potion, ce n'est pas pour effacer tes parents de ta mémoire. C'est l'inverse.

- L'inverse ?

- Cette potion va t'effacer de leurs souvenirs à tous. C'est comme si tu n'avais jamais existée sur Terre.

J'en fus encore plus blessée.

- Je suis désolé. Miiko, m'a persuadé de le faire, mais j'étais contre cette idée dès le départ. Je suis sincèrement désolé. Mais il faut que je mène cette tâche à bien. Acceptes-tu de boire cette potion en toutes connaissances de cause ?

- C'est complètement ridicule Nevra ! Tu es vraiment ridicule.

Je lus de la douleur mêlée à de la tristesse sur son regard. Je lui tournai le dos pour quitter cette affreuse pièce.

- Pardonne-moi Calla.

J'entendis sa supplication au moment où deux bras musclés m'attrapèrent par la taille, m'obligeant à me retourner. Ces mains me brûlaient la peau, la marquant au fer rouge. Je croisai son regard et le soutins durant une longue seconde. Puis, sans crier gare, Nevra rapprocha son visage du miens. Ses bras m'empêchaient de fuir. J'étais bloquée. Comme un animal pris au piège devant un prédateur. Je me pétrifiai donc sur place, tendue et crispée comme un arc. Il vint écraser ses lèvres contre les miennes. Ses lèvres chaudes pressèrent les miennes avec douceur et commencèrent à se mouvoir dans un balai sensuel. Les miennes se retrouvèrent prises au piège, mais je ne bougeais pas, ne répondant pas à son baiser, mais ne le fuyant pas non plus. Une tempête fit rage en moi, mon cœur voulait lui répondre, le rejoindre, tandis que ma raison meurtrie m'empêchait de commettre l'irréparable. J'étais hélas trop faible, et perdue aussi. C'est pourquoi je cédai à la pulsion de mon cœur. Je senti sa langue, qui tentait de rejoindre la mienne. J'entrouvri alors mes lèvres. Je senti Nevra respirer un peu plus fort. Puis, soudain, un liquide froid se répendi dans ma bouche. Il coula le long de ma gorge. Je compris alors que ce baiser n'avait pour but que de me faire boire la potion, et qu'il n'y avait rien de sentimental dedans. Mes larmes revinrent à la charge, se mêlant à notre étreinte. Je voulais partir, me cacher quelque part, mais j'en fût incapable car Nevra me tenait prisonnière de ses mains. Je sentais que dans mes souvenirs, mes proches devenaient flous. Ca y est. J'avais disparu à leurs yeux. Mes forces et ma volonté me quittèrent. Je me laissai donc aller à ce baiser. Nevra avait fini de me faire boire la potion, mais il n'était pas décidé à vouloir quitter mes lèvres. Mon coeur bondit dans ma poitrine, et je continuais à l'embrasser, en y mettant tout mon désespoir. Sa caressait la mienne. Ses canines vinrent titiller ma lèvre inférieure tandis que j'explorais sa bouche de ma langue. Mais, quand la raison me ramena à la réalité, je m'arrachai à ses lèvres, puis lui mis une gifle magistrale. Il me lâcha de suite, et baissa les yeux, honteux.

- Je ne l'ai pas volée celle là...

- Tais-toi ! Nevra tais-toi !

Je me dégageai de ses bras, toute pantelante. Mes jambes devinrent faibles, et ma vue se brouilla tandis que je cherchais tant bien que mal le chemin de la sortie. Mais ma condition physique eut raison de moi, et je m'effondrai à terre en emportant dans ma chute, quelques fioles qui se trouvaient par là. J'entendis quelqu'un crier mon nom, puis le néant m'envahi.»

Le sang des émotionsWhere stories live. Discover now