Naomi

Chapitre 1 : Adrénaline

Gisante sur le sol boueux, la jeune femme semble sans vie. Tremblante, je m'accroupie difficilement, et tend ma main vers son cou. Elle est encore chaude, mais aucun mouvement ne se fait sentir. Rien. Morte. Elle est morte. Et c'est moi qui en suis à l'origine. Je fonds en larmes.

— Oh mon Dieu ...., soufflé-je, la voix entrecoupée par mes sanglots.

Elena, tu dois te ressaisir, et vite, me murmure ma petite voix intérieure. Oui, il faut que je fasse vite. A ce rythme, la police sera très prochainement sur mes pas, et ma cavale prendra fin. Tout comme ma vie. Cette jeune femme est morte, par ma faute. Je n'arrive pas à m'oter cette pensée de ma caboche. J'écarte la mèche de cheveux qui barre son visage. Ma main, agitée par la peur et la culpabilité ,a dû mal à obéïr. C'est alors que j'entends au loin un son familier. Un son angoissant.

— Oh non ...

Mon cerveau n'a pas le temps de réfléchir que mon corps s'active seul. L'adrénaline aidant, tout ce qui compte désormais, c'est sauver ma peau. Je soulève le corps de la défunte comme je le peux et parviens à la glisser sur la banquette arrière de la voiture, la recouvrant d'une vieille couverture en laine. J'essaie d'effacer toute trace de l'accident, en recouvrant la boue ensanglantée avec mon pied. Heureusement, la pluie s'intensifie et s'en charge à ma place. D'ici une heure, tout aura disparu. Oui, tout. Je n'ai plus qu'à espérer que le mauvais temps dure toute la nuit durant.

Je m'empresse de monter côté conducteur, à mesure que les bruits se rapprochent. La voiture démarre de suite et je pars sur les chapeaux de roues, patinant un peu au démarrage. Et je fuis, je fuis cette foutue police, cette foutue vie. Désormais, le pied au plancher et malgré la vision obstruée par le pare-brise éclaté, je file à toute allure. Je me retourne alors afin de voir où en sont mes poursuivants. Rien à l'horizon. Ma vision descend légèrement, et le corps inerte de la jeune femme, couchée sur les sièges arrières fait accélérer mon rythme cardiaque. Il faut que je fuis, et loin. Je déglutis à la pensée qui hante désormais mon esprit. Faire disparaître ce corps, et cette voiture.