Le garçon aux cheveux longs

Antoine est un jeune homme de 17 ans, il vit chez sa mère depuis que son père a demandé le divorce, chose qu'il a mal vécu. Depuis cet événement, il a développé une particularité, quelque chose pour se défendre du regard des autres à sa manière. A chaque fois qu'Antoine a honte, ses cheveux deviennent un peu plus longs et il se cache derrière. Un jour d'hiver alors qu'il allait au lycée, munit de son sac débordant de feuilles de tous les côtés car il dédit sa vie au dessin, et de son casque pour écouter sa musique et être enfin tranquille hors de la maison, Antoine fut pris au milieu d'une grande bataille de boule de neige. Timide comme il l'était, il ne voulait absolument pas prendre part au combat, il tenta alors de traverser le plus vite possible le champ de lutte afin de ne pas avoir de problème.

Bien entendu, c'était sans compter sur sa malchance légendaire, car il le savait, le sort ne lui était que très peu souvent favorable. Donc, en traversant au cœur des tirs, Antoine esquiva au mieux les boules de neige. Une juste à sa droite, « ouf », une à vingt centimètres à gauche, « ce n'est pas passé loin », et une en pleine face, « RHOOO ». « Il sont chiants ces mômes » pensa-t-il, mais eux étaient trop occupés à tous rire et le pointer du doigt, fiers de leur coup. Alors, Antoine baissa la tête, et se cacha derrière ses cheveux, un peu plus longs.

Puis il continua, ennuyé par les événements précédents, et la malchance qui le poursuivait, « pourquoi moi ? » songea-t-il sans cesse. Il marcha, le long du trottoir, fit attention aux plaques de verglas, pour ne pas tomber devant tout le monde qui passait autour de lui. Quand il croisa le regard d'une fille, elle était belle, mais pas seulement, elle avait un regard perçant, qui voulait dire, « c'est toi que j'ai choisi, toi, pour le reste de ma vie ». Comme si ce regard était une demande express en mariage. Cela le troubla, car il aurait aimé vivre avec cette fille jusqu'à la fin de ses jours. Alors il la regarda, la suivit du regard jusqu'au dernier moment, jusqu'à ce qu'il tombe bêtement, ne regardant plus ses pieds, sur une des plaques de verglas qu'il voulait esquiver, le « PAF » de sa chute résonna dans sa tête pendant un moment, et lorsqu'il se releva la fille était à côté de lui. Il avait honte, et se cacha derrière ses cheveux, un peu plus longs.

« Tu vas bien ? » lui demanda-t-elle, « euhhh... Oui, ça va... » répondit Antoine. Puis elle lui redemanda s'il allait bien car tout portait à croire que la chute avait fait plus de dégâts que ce dont il ne voulait bien admettre. Il se leva doucement, ramassa son casque, le remit sur sa tête douloureuse, et s'apprêta à repartir vers son lycée où les tables du CDI l'attendait pour dessiner. Lorsqu'après, elle lui posa une autre question : « t'es d'De Gaulle toi non ? » Elle parlait bien entendu de son lycée, et cela l'interpella, comment pouvait-elle savoir de quel lycée il était ? Elle l'avait déjà vu ? Comment l'aurait-elle reconnu ? Lui, transparent comme une vitre qu'on aurait trop lavée. Puis s'il l'avait déjà vu il s'en serait rappeler, ça c'était sûr. Il lui répondit alors surpris : « Comment tu sais ? ». La fille sourit et lui fit de même. Puis elle enchaina : « je t'ai reconnu, avec tes cheveux super longs, et ton casque bleu marine, j'avais le même avant ». Son sang ne fit qu'un tour, « quelqu'un m'a reconnu ? Moi ? » et il se décida à tenter la chance de sa vie, enfin parler à une fille et peut être aboutir à quelque chose, après tout, elle l'avait reconnu. Il voulut alors dire quelque chose... mais il bafouilla, perdant ses mots, qui ne voulaient pas sortir de sa bouche, la fille pouffa. Antoine était embarrassé, et se cacha derrière ses cheveux, un peu plus longs.

Il dit à la fille qu'il devait y aller, cette fois sans bégayer, et partit le plus vite possible. Arrivé au lycée, il se réfugia au CDI, son seul havre de paix sur Terre, où il pouvait dessiner tranquillement, sans être interrompu par on ne sait qui. Antoine aimait arriver au moins vingt-cinq minutes avant la cloche, pour avoir le temps de faire un ou deux croquis. Lorsqu'elle sonna il était en plein milieu d'un visage, celui d'Hélène, la fille de sa classe, la plus jolie, la plus intelligente, la plus douce fille qu'il n'avait jamais vue, celle pour qui il serait prêt à tout ! Lorsqu'il arriva devant la classe, tout le monde était en ligne et il se mit en rang, tout au fond. Puis le professeur arriva et les fit entrer dans la salle. C'était un cours de biologie, sa deuxième matière préférée après l'Art Plastique. Il était donc au premier rang et suivait avec assiduité le cours.