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Toutes les nuits qui suivirent le drame, je réentendis le verre qui se brisait et les hurlements déchirants qu'avait poussés ma mère. Et chaque nuit, sans exception, j'accourai devant la chambre de ma mère et je donnai des coups de poings dans la porte condamnée par la police. Chaque nuit, j'avais espoir d'ouvrir la porte et de la voir dormir paisiblement dans son lit mais la pièce restait condamnée et mon chagrin ne faisait qu'augmenter. J'étais en larmes tous les soirs et je me fichais pas mal de savoir si j'étais en sécurité ou pas. J'avais insisté pour rester ici, n'ayant plus de famille. On avait voulu me placer dans une famille d'accueil, mais j'avais refusé catégoriquement. J'allais bientôt atteindre ma majorité, dans quelques mois. Ils avaient fini par accepter. En contre-partie, deux gardes restaient postés, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, devant ma maison. Ils contrôlaient mes allées et venues (je ne sortais quasiment jamais à part pour m'acheter des plats surgelés au supermarché).
Ma vie continua ainsi et au bout de quelques semaines, je commençais à m'habituer aux horribles bruits qui auparavant me glaçaient le sang. Mon rythme de vie avait complètement changé. Je vivais la nuit et dormais le jour, pour ne pas être dérangée dans mon sommeil. C'était insupportable, mais ces bruits faisaient maintenant partie de mon quotidien. La police avait bouclé l'affaire. Ils avaient classé le dossier de ma mère dans la catégorie "suicides".
Plus personne ne surveillait la maison. J'étais toute seule à présent. Cela faisait deux jours que j'avais atteind ma majorité. Ils avaient quand même réessayé de me placer dans différentes familles d'accueil, mais je résistais. Ils finirent par me laisser tranquille.
Une nuit, je m'endormis devant la télévision. Le lendemain matin, je me réveillai très étonnée. Je n'avais rien entendu, pas un cri... Rien.
Je fus extrêmement surprise.
La journée se passa normalement et la nuit venue, je décidai d'aller me coucher dans mon lit après avoir mangé un plat de lasagnes décongelé. J'étais désorientée. Mais je réussis finalement à m'endormir aux alentours de dix heures.
Au milieu de la nuit, je fus tirée des bras de Morphée pas de violents coups portés sur ma porte d'entrée. Quelqu'un cria : "Police!". Je me glissai dans la robe de chambre que je portais le soir du " suicide " de ma mère. J'ouvris la porte et me retrouvai nez à nez avec cinq policiers, dont l'un commença à me fouiller. Il sortit de ma poche quelque chose d'étrange, parla à son chef et me montra la " chose " en question.
C'est à partir de là que tout s'enchaîna. Ma vue se troubla et ils m'emmenèrent.
J'avais tout compris !
Et maintenant, trois mois après que la police eut débarqué chez moi, m'eut fouillée et sorti l'oreille gauche de ma mère de l'une de mes poches, je suis au fond d'une cellule à me demander comment cela a pu arriver. Chaque jour, des médecins du comportement viennent et me demandent des explications, mais je ne me souviens plus de rien.
Cela fait presque un mois que je n'ai pas mangé et que je vide le contenu de mon plateau repas dans les toilettes. Je me laisse mourir à petit feu .
J'écris cette lettre pour le jour où vous, gardiens ou médecins, retrouverez le monstre que je suis, mort dans cette cellule...
Et je sens que c'est pour bientôt.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 16, 2018 ⏰

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