Petit bout de vie

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Parmi les plus belles choses que l'on a pu m'offrir dans ce bas monde, la naissance de mes enfants a été le plus beau cadeau que l'on puisse faire à une femme. Un acte d'amour, de complicité, d'émotions. J'ai toujours voulu être mère. Pourquoi? Probablement parce que je suis issue d'une famille nombreuse et que j'adorais voir mes frères et sœurs, ainsi que mes cousins/ cousines grandir. J'étais l'aînée, alors des naissances j'en ai connu!

Certes, il n'est pas facile d'accoucher, encore moins seule, entourée uniquement de sage- femmes et d'accoucheurs, mais quand vous tenez votre descendance dans vos bras juste après la délivrance il n'y a pas de mots. Peu importe qu'il y ai eut des heures de travail ou quelques minutes, votre enfant est là.

Tel un rayon de soleil, à peine le bout de son petit nez pointé, qu'il vous a déjà fait oublier toutes ces contractions affreuses, ces douleurs incessantes, ce mal inexplicable engendre un peur bonheur quelques secondes plus tard. On vous garde quelques jours à la maternité pour être sûre que tout le monde va bien, et on rentre, fière de présenter le petit dernier.

Mon premier enfant m'a donné le plus de travail et de peine. Dès la troisième semaine j'avais des contractions, je n'étais pas prête! mais les génicos étaient formels! C'est tôt mais il tapote déjà. Je me suis retrouvée alitée neufs mois avec interdiction d'écarter les jambes. Aide à domicile commise d'office, passage d'une sage femme toutes les deux semaines au départ puis à mon septième mois, tous les huit jours. On me tenait sous la douche, pas le doit de marcher, juste 1h de ballade en fauteuil roulant par semaine. Mon Dieu que j'avais peur! Peur de le perdre, à chaque instant car il était trop bas!

Un matin je me suis réveillée avec des douleurs atroces, je voyais mon ventre onduler, des empreintes de pieds apparaissaient sous celui-ci. Mais mon conjoint travaillant et n'ayant pas le téléphone à l époque, je ne me sentais pas capable de descendre 56 marches pour appeler le Samu dans la cabine téléphonique au bas de la rue. Fin d'après- midi, monsieur rentre enfin, avec 3h de retard et me retrouve en position de chien battue, essoufflée! Il est allé fumer à la fenêtre et a vu une ambulance passer. Alors il a hurler pour que le chauffeur s'arrête et il m'a transporté à la maternité de St Malo. 16H30 péridurale....

" Poussez bon sang, il ne sortira jamais sinon, aller poussez encore! - Où est le père? - Ne la laissez pas seule dans cet état le bébé est mal placé:"

Au fond de moi je mordais les doigts de ne pas avoir eut de cours d'accouchement, mais à priori je m'en sortais bien. 00H005 il ne bouge plus, mais il n'est pas sorti non plus. Une sage-femme de couleur me tenait la main, elle n'est pas rentrée à l'heure ce jour là, voyant ma tristesse que d'être seule dans ce moment.

"- Rentrez chez vous; aller! Vous m'avez beaucoup aidé, il sortira quand il sera décidé et vos collègues me tiendront la main comme vous. Demain vous viendrez voir cette petite frimousse dans ma chambre, lui dis-je essoufflée, haletante et vidée de mes forces.

-J'ai 3 enfants, et j'ai accouché seule comme vous. Croyez-moi que j aurais aimé sentir quelqu'un près de moi plutôt que de me tenir à ces barreaux froids. Alors je rentrerais uniquement quand lui sera sortit!C'est un breton, il n'y a pas de doute; un vrai têtu!"

2H40 les contractions sont interminables, on me demande de crier pour me donner de la force mais rien n'y fait, alors on m'a attaché les bras et les jambes pour mettre la table d'accouchement à la verticale afin de pousser sur le fœtus. Horrible cette sensation de chaleur, le sang qui monte à la tête.

" A 3 poussez le plus fort possible, tenez vous au barreaux n'ayez pas peur, aller il va s'étrangler si vous n'arrivez pas à le sortir."

Imaginez la scène, 4 personnes en blouses vertes au dessus de votre vagin, vous qui hurlez à la mort et soudain une marre de sang qui gicle tout le long de mon corps, puis ce long cordon!

" Ça y est, il est là, vous pouvez souffler; c'est un garçon! Heure de la naissance: 3H01"

Première pensée, sur le coup, " Ouf je vais pouvoir souffler et dormir, enfin je crois... parce que de ce que j'entends c'est qu'il y a des dégâts... Il va bien? Il ne réagit pas aux fessées!!!"

L'angoisse de 7 secondes et demi puis un cri strident. Enfin le voilà! Toutes ces heures de souffrances venaient de disparaitre en voyant ta jolie petite frimousse. Oui, ta venue m'avait apaisée subitement, tu étais si doux et si calme, mais je n avais pas de forces pour te tenir et ton père restait injoignable malgré tous les numéros que l'hôpital avait appelé!

Dans la journée, tu as fait la joie de toute une famille,  d'un parrain et d'une marraine, de grands- parents pour la première fois et d'arrière grands- parents.

Oui, ta venue a été un vrai rayon de soleil. Mais je ne voulais pas qu'un seul enfant. J'ai effrayé ton père en lui disant que j'en voulait 8. Il m'avait bien fait comprendre qu'avoir un fils était tout ce qui comptait pour lui et qu'il n'était pas chaud pour en concevoir d'autres. Misère!


Je n'ai pas su choisirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant