"sad" me

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J'écris pour oublier, pour oublier que j'ai envie de pleurer. Pour oublier que j'ai envie de tout casser, de crier, sans raison valable, c'est ce que vous dites, mais à partir de quel degré peut-on considérer que l'on est en mesure de « pouvoir » se plaindre ? Y'a pire que moi, je sais, et pourtant j'ai l'impression d'être plus triste que ce qui est humainement possible.

Une raison de sourire ? Une raison de ravaler mes larmes, de faire comme si tout allait bien, de parler calmement alors que je voudrais hurler jusqu'à brûler mes poumons ?

Peut-être bien.

Après plusieurs minutes d'attente devant un écran d'ordinateur qui est plus long à s'allumer que moi à me lever le matin, je peux enfin m'abandonner aux musiques qui me font sentir mieux, moins seule, où je m'identifie à chacune des paroles.

Je comprends pas comment je peux me sentir aussi bien dans la journée, dans un environnement qui devrait me paraître tellement plus hostile que ma propre maison.

Je repense à tout, à rien, je comprends rien. J'ai juste les larmes qui me viennent, et personne n'est là pour les empêcher de couler, ou au moins pour les essuyer.

Je commence à avoir l'habitude d'être seule, et je préfère largement me sentir seule et être toute seule, plutôt que me sentir seule en étant entourée de toutes ces personnes qui sont justement censées ne jamais me faire sentir seule.

La seule personne capable de me réconforter ou de me faire rire est la personne qui fait redoubler mes pleurs.

Je ne peux plus m'exprimer : j'ai toujours tort, et je fais tout mal. Et si, par miracle, je fais quelque chose de bien, c'est vite oublié.

Les gens ne voient jamais lorsque l'on fait de bonnes choses, mais remarquent toujours nos erreurs, c'est bien connu.

J'écris sur un coup de tête, je me relis même pas. Je regarde même pas ce que j'écris, je laisse juste ma pensée s'exprimer à travers un clavier.

Je voudrais tellement être forte, et je ne dis pas que je ne le suis pas. Je fais tout pour montrer que je suis forte, comme si j'étais entourée d'un bouclier d'acier que rien ne peut traverser, mais la vérité, c'est que ce bouclier d'acier n'est autre qu'un couvercle de poubelle qui me permet seulement de protéger mon cœur et qui me maintient en vie.

Il y a deux « moi » :

-La première, celle que tout le monde connaît. La fille heureuse qui rigole tout le temps avec son rire étrange, qui peut vraiment être chiante parfois, mais qui n'est pas méchante alors... C'est aussi celle qui se plaint beaucoup, mais personne n'y fait attention, car elle a bien l'air heureuse pourtant.

Cette « moi » parle beaucoup, souvent pour dire des choses inutiles ou débiles, mais elle parle quand même. Devant ses amies, elle a toujours le sourire. Elle relève la tête, ravale ses larmes, quoique la plupart du temps elle se « sent » heureuse, elle n'a même pas envie de pleurer, et se dit qu'elle est bien bête de se croire si souvent malheureuse.

-La seconde, c'est celle que je suis quand je suis seule, comme maintenant.

Celle que personne ne connaît. Personne. Et c'est pourtant dommage, car c'est ma préférée. La plus drôle, la plus folle, mais la plus mature, celle qui réfléchit, qui est totalement « vraie ». Celle qui ne sent même plus les larmes couler sur ses joues car cette sensation lui est devenue tellement familière que ce n'est que lorsqu'elle ne pleure pas qu'elle s'en rende compte. Celle qui a le cœur serré, la gorge nouée, qui n'est pas bien dans sa peau, mais qui ne voudrait même pas être quelqu'un d'autre car cette sensation ne la quitterait pas.

J'ai souvent envie d'écrire, pour le « fun », mais j'ai pas vraiment l'inspiration, et je suis trop « heureuse » pour pouvoir écrire quelque chose de vrai. J'attends l'inspiration, elle ne vient pas souvent, mais j'ai juste besoin que quelqu'un me rappelle à quel point je ne voudrais pas vivre cette vie, ni n'importe quelle autre vie, comme maintenant, pour avoir l'envie irrépressible d'écrire ce que je ressens.

Je suis désolée, mes pensées ne sont pas très ordonnées, mais ça me desserre le cœur d'écrire une partie de ce que j'aimerais pouvoir dire à voix haute mais que de toute façon, personne n'écouterait.

Y'en a qui boivent pour oublier, moi j'écris pour oublier.



J'écris pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant