Mes yeux commencaient à s'ouvrir, pour la ainième fois mais cette fois plus facilement. Je respirais enfin, ne tremblais plus, n'était plus bousculé par les évenements. Tout était étrangement calme, comme si nous étions revenus au début. Comme si nous étions encore derrière nos écrans à rire comme de délurés. Comme si... Tout était normal.
J'étais dans ma chambre avec Isac en appel. Comme si j'avais une double conscience, je parlais sans le vouloir. Comme si tout était contrôlé par le futur.... Un sentiment de bien-faisance, d'apaisement sans aucun remords. Aucune pensée négative en tête. Juste une scène trouble, qui m'avait l'air réelle. Ces voix étaient sourdes, étouffées, comme dans une pièce insonorisée. Bloquée de toutes entrées et sorties.
-Ju ! Ju, tu rêves ou quoi ?! S'écriait Isac à travers son micro.
Sa voix me remit à la "réalité". Réalité... Non, impossible, nous ne pouvions pas être là. Et si personne n'existait ? Et si j'étais morte...
Je continuais à parler tout en ne contrôlant absolument rien de mes paroles ou mes mouvements. J'étais vivante dans ma tête, mais vide de l'extérieur. Que de gestes inconscients...
Plus le temps passait, plus la situation devenait nette. Les voix devenaient réelles mais... Tout n'était pas coordonné. Isac criait. Il crit, pourquoi crit-il ?
Pourquoi je continuais à rêver ? N'étais-je pas petit à petit revenu dans la réalité ? Tout n'était plus clair. Plus rien n'était cohérent.
Il criait de plus en plus fort, paniqué.
J'étais pourtant sûr d'être là, avec lui, chez moi. Je le regardais à travers la caméra, son visage était crispé. Il avait l'air effrayé, comme paralysé par quelque chose.
Ma bouche était fermée et mes yeux écarquillés. Je n'arrivais plus à sortir un mot, Isac...
Isac venait d'être tué devant moi. Je le regardais, l'âme sombrant, voyant le sang couler sur sa caméra.
Il se tenait devant moi, la gorge tranchée et le regard vide et fixe vers la caméra. Vers mon écran. Comme si malgré le fait qu'il ne soit plus avec moi, il essayait de me parler. J'étais mort de l'intérieur, n'ayant aucune réaction je ferma mon ordinateur portable sous le traumatisme et fixa le mur, en face de moi. Blanc et vide.