— Yaji ! Comment as-tu osé ?! Te rebeller contre ta maîtresse ?! Rushi ! Hurlais la voix, elle hurlait jusqu'à mon âme, même mes os résonnaient par son cri de colère et de détresse mêlée.
Comment j'avais pu oser ? J'avais osé pour sauver son existence et la mienne. Je n'avais fait que mon devoir de Shinki.Pourquoi ne le voyait-elle pas ?
Aveuglée par l'outrage de lui avoir dit simplement « non », elle ne voyait pas plus loin.
— Rushi ! Ce nom que je t'ai donné lorsque je t'ai trouvé, il ne signifie plus rien pour moi ! Je te châtie en te condamnant à l'errance. Je te renie, tu n'es plus mon Shinki ! Hurla-t-elle de nouveau alors que j'étais à genoux à ses pieds, le visage ruisselant de sang et de pluie, encaissant son châtiment.
Puis, je sens le nom écris sur mon omoplate gauche me brûler. Une brûlure au fer rouge, une brûlure que je n'aurais jamais cru pouvoir ressentir alors que j'étais mort depuis tant d'années. La brûlure est vive et lancinante à la fois. Je me retiens de hurler et m'en mord la langue. Pendant ce temps, le sol s'ouvre sous mes pieds, me chassant du ciel divin, me plongeant dans le vide, dans la nuit noir et le froid.Je vois le monde terrestre à l'envers et la terre se rapprocher... Le choc sera douloureux, mais peut-être cela me permettra d'oublier mon statut de déchu.
J'attends l'impact, mes larmes quittant mes joues sous la vitesse de ma chute. Je les touche du doigt et ne souhaite qu'une seule chose en cet instant.
Le seul bonheur de ma maîtresse, espérant que ma disparition la soulagerait.
Et enfin, l'impact.
***
D'un bond, me voilà assit sur mon futon d'emprunt, j'ai le souffle court, la gorge sèche, les muscles raides, comme si je venais de courir pendant des heures. Mon corps est complètement en sueur. Tss encore ce rêve. Combien de temps ce passé lointain continuerait de me harcelé ? Combien de fois devrais-je me répéter que je ne lui étais plus lié ? Qu'elle ne devait plus rien représenter pour moi qu'une partie de mon passé ?Les secondes passent et mon pouls se stabilise enfin tandis qu'instinctivement de touche mon omoplate où est inscrit l'un de mes noms. J'ai parfois l'impression qu'il me brûle, seulement celui-là...
Enfin, maintenant que j'étais réveillé, inutile de rester au lit. Une fois debout je vais prendre une douche tout en sentant l'odeur du café arrive jusqu'à mes narines. Jintaro doit être en train de se préparer pour le travail.
Quand je descends, il est en train de lacer ses chaussures, l'air concentré.
— Bien, tu es levé, avale ton café, le travail n'attend pas. Me lança-t-il sur un ton de reproche, comme d'habitude.
Cela ne faisait que quelques mois que Jin se servait de moi comme arme, et pourtant il donnait l'impression qu'il avait toute ma loyauté. Ce dieu de la protection ne savait pas se protéger lui-même et cela m'effrayait en un sens. J'avais peur de trahir un jour cette confiance sans même m'en rendre compte. Car, même si je ne l'appréciais pas vraiment. Briser cette foi placée en moi me blesserait sans que sache dire pourquoi.
Après un hochement de tête j'avale le café encore brulant avant d'attraper ma vieille capé élimée puis la noue autour de mes épaules avant de suivre mon maître du moment.
***
Situation de déjà vue. J'ai l'impression d'avoir déjà vécu cette scène, et cette sensation est désagréable. Métamorphosé en arc noir aux flèches de foudre, je vise la tempête d'Ayakashi, créant une dizaine de projectiles allant dans différentes directions. Beaucoup touche leur cible. Je fais de mon mieux mais la tempête est trop puissante. Puis finalement, je me rends compte que nous ne pourrons rien pour cette abomination. Nous ne sommes pas de taille, un rictus de rancœur étire mes lèvres alors que je détourne les yeux du phénomène magique.