Il serait sûrement temps que je me lève, je dors depuis des jours. J'ai senti à de nombreuses reprises mon corps se faire transporter, mais à aucun moment je n'ai eu envie d'ouvrir les yeux et affronter cette réalité...
Je ne veux pas, je refuse, je suis vivante, je suis une survivante, Toutes les choses que j'ai traversé m'ont changé à jamais, comment puis-je réussir à me lever aujourd'hui, me redresser de ce sommeil dans lequel j'étais plongée. Refaire ma vie comme si il ne s'était rien passé. Des gens sont morts, J'ai tué des gens et ces gens ont essayé de me tuer...
Je n'assumerais jamais mes actes et je ne me relèverais pas des morts que j'ai causé... Pourtant je ne peux plus lutter, il est temps que je me réveille et que j'affronte la vie réelle...
La lumière du jour transperce mes paupières fermées. Une illumination blanche apparaît et s'éclipse laissant mes yeux, ouvert, face à un plafond. Le bruit d'une machine avec ce petit son incessant qui me reste dans la tête. Où suis-je ?
Je retourne ma tête vers le son qui m'insupporte, j'aperçois un électrocardiogramme et des dizaines de fils qui sont reliés à mon corps. Je n'arrive pas à distinguer à quoi ils servent tous, à part celui enfoncé derrière mon coude qui doit servir pour les transfusions. Je prête enfin un regard au décor de cette chambre. Une chambre qui m'est trop familière... Je reconnais ce lit dans lequel je suis installée. Je me relève soudainement, je ne peux pas me trouver ici.
J'arrache, d'un geste vif, les fils qui sont accrochés à mon bras d'un geste vif, enlève la couverture et pose un pied sur le sol.
Je me lève et retombe sur le sol à l'instant suivant en faisant un bruit assourdissant. Pourquoi est ce que je n'arrive pas à me mettre debout. Je re-essaye encore un fois, en vain, à peine debout mes jambes se mettent à trembler et retombent. Je ne les sens presque plus.
Je rampe vers la fenêtre au dessus de ma tête, je ne peux pas être ici, c'est impossible, je suis dans un rêve, réveillez moi... à l'aide de mes mains j'agrippe le rebord de la fenêtre et arrive à tenir en équilibre. Je ne m'étais pas trompée, je reconnais cette petite rue, ces arbres, ces maisons en pierre, ce petit quartier tranquille,... Je suis chez moi.
Je suis totalement paralysé par ce paysage que je ne pensais jamais revoir. Comment-ai-je atterris ici ? Des milliers de questions se bousculent dans ma tête. Je me sens si mal et si bien en même temps. Pourquoi ai-je le sentiment que le temps est passé. Je suis rentré chez moi, dans ma maison avec...
- Mad-hy...
Mes parents...
- Maman...
Je me tourne et me retrouve nez avec elle, je revois son visage qui me ressemble tant. Les yeux rempli d'eau.
- Ma fille...
- Ne pleure pas...
J'ai détaché mes mains du rebord de la fenêtre et je tiens encore debout, elle s'approche de moi et je fais de même. Je marche le plus rapidement que mes jambes me le permettent, et elle arrive plus rapidement à mon niveau. Affaibli je tombe dans ses bras qui me serrent fort, je sens son cœur battre, ses mains qui tremblent à mon contact, son souffle saccadé. Elle prend encore toute tremblante son visage entre ses deux mains pour m'admirer. Son visage n'a pas changé, elle est toujours pareille que quand je l'ai quitté. Elle pleure, je ne veux pas qu'elle pleure même si ce sont des larmes de joie. Je lui souris pour lui montrer que je vais bien. Pourquoi est ce que j'ai autant attendu avant de me réveiller...
- Désolé maman..
- Pourquoi... Tu es si belle ma fille...
- De ne pas m'être lever plus tôt...