1980 : ce sont plus de 125 000 cubains forcés d'immigrer. Déracinés, sans repères, les passeurs sont payés, sans assurance d'arriver en vie.
Ils sont partis à 4, arrivés à 2, depuis un lien indestructible les unis, celui de survivre ensemble. Contre...
Juan m'a coulé des œillades assassines toute la soirée, grand bien lui fasse. J'ai continué à faire mon travail comme d'habitude, mais à la fin de la soirée, nous allions nous changer quand du fond de la boîte, il me fît un signe de main pour que je vienne dans son bureau.
Je fis un signe à Myriam pour qu'elle se change avant moi et je rejoignais ce porc qui nous servait de patron.
Juan : - Recadre ta sœur, je te le redirai pas.
Emilie : - Et moi je te redirais pas de lui foutre la paix. Tu veux des machines qui dansent toute la soirée, achète-toi des robots et fais pas chier. Elle te respecterait peut-être un peu plus si tu nous payais au moins ce qu'il faut et à l'heure.
Il se leva brusquement de son bureau, faisant sursauter les deux gorilles à côté de lui, et s'approcha à grand pas de moi pour me prendre sous la gorge. Son contact me dégouta, j'en avais la nausée et pourtant, je ne voulais pas qu'il se sente supérieur.
Emilie : - Vas-y Juan, fais-le. Serre encore plus !
Je pris sa main dans la mienne pour serrer encore plus fort son étreinte.
Emilie : - Je me délecte d'avance de ce que tu diras au Fauve quand il te demandera où sont ses filles. Et comment il réagira...
Un rire sarcastique s'échappa difficilement de mes lèvres alors qu'il blêmit devant moi, en desserrant sensiblement mon cou.
Emilie : - Hé oui Juan, comment crois-tu que nous sommes là ? Deux belles cubaines à danser dans un club minable ? Quand on avait 3 ans, nos parents ont immigrés aux États-Unis, ils sont morts sur la route, alors le passeur nous a vendu. Et je te le donne mille, c'est le Fauve qui nous a achetées ! Inutile de te rappeler pourquoi on l'appelle comme ça... Déjà qu'un rien est une raison valable pour tuer, alors toucher à ses filles... Va te faire foutre.
Il lâcha définitivement son étreinte, un regard noir imprimé sur le visage. Il me faisait penser à un clébard muselé. Je rejoignis rapidement Myriam dans les vestiaires, mais en arrivant, je remarquai qu'elle était au téléphone et pas encore changée. Alors je me douchais, me changeais vite fait et sortis pour prendre une cigarette.
Je poussais la porte de service du club quand un taré apparut brusquement devant moi.
? : - T'es la danseuse... ?
Emilie : - Celle qui va te botter le cul si t'es encore là dans 10 secondes, ouais.
Je voyais à peine le type dans la nuit noire, mais il ne me répondit pas et enfila sa capuche, avant de filer très loin de moi.
Myriam me rejoignit, pas longtemps après, et nous sommes rentrés dans notre appartement, au cœur d'Hell's Kitchen.
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