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Séoul | 00:46 | Pluie

La pluie avait beau s'abattre sur son front, le jeune homme ne s'arrêtait pas. Pris d'un coup, d'un seul, il s'était levé de son canapé où il avait siégé toute la journée pour rejoindre la rue et courir comme un aliéné. C'est comme si on lui avait inconsciemment donné l'ordre de s'exécuter.

Wong Yukhei. C'est son nom. Il n'aime pas trop ce dernier d'ailleurs, c'est pour cela que dans le quartier on trouvera plus facilement de qui on parle en disant «Lucas». C'est même lui qui fut le premier à l'appeler ainsi.

Lui, c'est Kim Jungwoo, son meilleur ami.

Lui, c'est celui pour qui il court en plein Séoul, alors qu'il pleut des cordes et qu'il est bientôt une heure du matin.

Lui, c'est celui qui le fait sourire comme un con dès qu'il ose ne serait-ce penser un instant à la façon dont il prononce son prénom.

Lui, c'est Kim Jungwoo, le garçon qu'il aime.

Lucas s'en est rendu compte il y a de cela quatre ans, lorsqu'il avait perdu sa grand-mère et que contrairement à tout petit-fils normal, il n'avait pas pleuré. Pendant des heures il s'était insulté devant Jungwoo puis venu le moment où ce dernier prit la parole, le coeur de Lucas n'avait fait qu'un tour.

«Écoute-moi, Lucas. Tu n'es pas ce que tu dis être depuis maintenant une bonne demie-heure. Tu es la plus belle personne que je connaisse. De toutes celles que j'ai pu côtoyé dans ma vie, et Dieu sait que j'en ai connu, tu es la personne qui mérite le plus de sourire. Tu as ce sourire qui a le don de rendre heureux un homme ayant tout perdu. La preuve; tu me rends heureux, Lucas.»

En disant ces mots, Jungwoo fit tomber sous son charme innocent le beau Lucas.

Lucas courait alors, affrontant le froid et la pluie qui ne cessait de le rendre presque aveugle. Sur la route, les seules voitures qui croisaient son chemin klaxonnaient sa présence mais rien à faire, il restait là, à courir sur le bitume, éclairé par les seules lumières des lampadaires.

Une fois que l'appartement de Jungwoo était dans son champs de vision, il accéléra et finit par entrer dans le petit hall de l'immeuble. Les escaliers montés en panique, Lucas ne contrôlait plus son corps et se laissa guider jusqu'à la sonnette de son ami qu'il pressa instantanément, ne voulant pas se défiler.

Presque aussitôt, la porte s'ouvrit sur un Jungwoo endormi et en pyjama qui eut le don de rendre rouge le pauvre Lucas déjà bien essoufflé de sa course effrénée.

«Lucas...? Que fais-tu là? À cette heure-ci... Il y a un problème..?, demanda Jungwoo d'une petite voix qui fit valser le cœur de Lucas.

-Je dois te ... p-parler, réussit-il à dire entre deux souffles.

-Entre dans ce cas, tu es tout trempé...»

Après être entré dans l'appartement de son meilleur ami, ce dernier offrit une serviette et un plaid pour que Lucas n'attrape pas un rhume. Ayant enfilé un sweat-shirt, Jungwoo rejoignit alors le chinois sur le canapé avant de lui sourire, afin de le mettre plus à l'aise. Il voyait bien la gêne couvrant le visage de son ami.

«Dis-moi tout, alors, encouragea le doux Jungwoo.

-Je dois te dire quelque chose, mais j'ai peur de ce que cela pourrait entraîner.

-Maintenant que tu es là, autant me le dire, tu ne pense pas?

-Mh. Alors voilà, mais surtout ne me coupe pas.

-Promis.

-Cela doit faire depuis ce jour-là, où tu étais venu me réconforter lorsque Mama est morte. Tu as eu ce jour-là, un effet sur mon cœur qui reste depuis maintenant quatre ans. Dès que je pose mes yeux sur toi, j'ai envie de pleurer tant ta beauté extérieur reflète l'intérieur de ta personne. Tu es d'une beauté irremplaçable, tu donne à ce monde que je trouve si morose, un goût si sucré et je chéris désormais chaque jour qui passe en espérant que le prochain soit plus beau que le dernier. Tu rends les gens autour de toi si heureux Jungwoo que je me demande encore maintenant si toi-même tu t'en rends compte. Sais-tu que chaque fois qu'on me demande si j'aime quelqu'un, je veux crier ton prénom? Sais-tu que dès que tu prononce mon prénom, que toi-même tu m'as donné, je veux juste stopper le temps pour garder à jamais la sensation que cela fait à mon cœur? Sais-tu que chaque fois que tu as cette petite étincelle dans les yeux, je prie pour qu'un jour tu l'ai pour moi? Jungwoo, plus je vois la vie autour de moi changer, plus j'espère que tu ne changeras pas. Tu es la personne qui me sauve un petit peu plus chaque jour et tu sais pourquoi? Car je-je... Je crois bien que je... Je crois bien que tu es la seule personne à avoir des défauts et à pouvoir les transformer en force. Tu es vraiment quelqu'un dont jamais je ne pourrai me lasser. Si je devais rester sans manger ni boire, je m'en foutrais bien mais si un seul jour je devais ne plus te voir, je mourrai instantanément. J'ai besoin de toi dans ma vie comme l'humain a besoin de respirer pour vivre. Tu es à moi le soleil qui est pour la fleur. Chaque jour, chaque heure, chaque minute et enfin chaque seconde passés avec toi sont comme des cadeaux de Dieu. Tu n'imagine pas à quel point je ne peux pas imaginer ma vie sans toi. Cela ne fait pourtant que huit ans que nous nous connaissons mais je me demande encore comment j'ai fait avant ces huit ans pour pouvoir vivre dans ce monde qui n'a besoin que de ton sourire. Si je pouvais, je consacrerai ma vie à remercier le ciel d'être né dans la même époque que toi. Tu éclaire plus ma vie que cette stupide étoile autour de laquelle nous tournons. Pour moi, tu es mon seul et unique soleil Jungwoo.»

Le regard dérivant vers celui de son amour de toujours, Lucas s'aperçoit alors de l'état dans lequel il l'a mit à débiter tout cela d'un coup. Tout en reprenant son esprit, il observe Jungwoo tenter de retenir ses larmes avant de prendre à son tour la parole, accompagné d'un sourire gêné mais tout autant lumineux.

«Tu aurais pu tout simplement dire "je t'aime", au lieu de me faire pleurer, imbécile...»

Alors que Jungwoo rit doucement, Lucas s'approche de lui et dit avant de l'embrasser tendrement, passant sa main sur sa joue,

ces huit lettres.

Fin.