Chapitre 1

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"Deux ans, pas plus. Promets le moi." m'avais-dit Maria quelques jours avant mon départ. Elle m'aurait quitté si je lui avais dis que je n'étais pas certain de la durée de mon voyage en mer. C'est pourquoi je décidai de me taire et acceptai cette promesse qui ne sera sans doute jamais respéctée. Elle était belle, Maria, et je ne voulais pas la perdre. Elle, je l'aimais vraiment. Elle n'était pas comme les autres. Elle n'était pas comme les autres qui m'avaient offerts leur corps de bon coeur les nuits précédentes. Elle était différente et je pense que je ne saurai jamais pourquoi. Elle s'était habituée à m'attendre que je revienne de mes longs voyages en mer. Cela prenait plusieurs années mais quand je revenais, elle était toujours là. Elle restait avec moi malgrés le fait que j'étais un pirate et que je pouvais me faire arrêter et tuer du jour au lendemain. Un jour, elle m'a dit "Je t'aime Adam, mais je n'y arrive plus. Je n'en peux plus d'attendre ton retour pendant des années. Je ne suis plus rien sans toi, s'il te plaît, reste avec moi cette fois.". Je l'avais convaincue qu'en partant pour les Caraïbes, je pillerai autant de bateaux et de galions qu'il faudra pour l'arracher à cette vie de misère. Deux années, c'était beaucoup trop court.

Le jour de mon départ, je ne lui ai pas dis au revoir. Nue sous les draps, elle dormait paisiblement pendant que je la regardais et lui murmurais un "Je t'aime" avant de partir. Relevant la capuche de mon manteau sur ma tête pour rester discrèt, j'ai rejoins le bateau sur lequel je devais embarquer sur le port. Le jour se levait au-dessus de la ligne d'horizon et le Soleil formait des zig-zag brillants sur l'eau. Il ne faisait pas chaud, ce matin-là. Tout l'équipage m'attendait pour partir. Tous les pirates du bateau étaient là, penchés au dessus du bord, et me fixaient avec un regard mauvais penchant que je m'approchais de la coque du navire.

    - Ben alors Adam ! déclara un gars sur le pont, on a fait la fête avec sa dame cette nuit ?

Tous les autres rièrent à gorge déployée et se tenèrent le ventre, pliés en deux. Je levai la tête et souris.

    - Et toi, Samuel ? combien de temps ne t'es-tu pas amusé avec les serveuses du bar où nous allions toujours pour trinquer à nos retour d'éxpédition ?

    - Ouais, c'est vrai ! acquiesça un autre pirate, la petite Giselle, elle devient quoi ?

    - Elle veut plus le voir ! cria Thomas à la vigie, il est nul au lit !

Et les autres membres de l'équipage rièrent de plus belle et servèrent maintenant de serpillères sur le pont. Soudain, le capitaine du bateau fit irruption au milieu des rires de ses hommes.

    - Qu'est ce qui vous prend à faire autant de bruit bande de vermines ? hurla-t-il, nous devrions déjà êtres partis, alors Adam, tu montes en vitesse avant que je t'en colle une ! Mettez les voiles !

    - Oui, capitaine ! cria l'équipage en coeur.

Je grimpai sur le pont le plus vite possible et commençai à enlever les cordages qui maintenaient le navire, encore amaré au port. Le capitaine est détésté de tous. Il s'appelait Mitch, Roger Mitch. Il avait obtenu le titre de capitaine pour avoir protégé le chef d'un autre équipage pirate contre des ravisseurs qui voulaient sa mort et pour avoir tué un officier britannique important qui réunissait ses hommes pour aller arrêter des pirates dans toute la ville. Je ne trouve pas ça plus héroïque et plus dangereux que ce que certains de ses hommes ont fais par le passé. Jeffrey par éxemple, à sauvé une famille entière qui allait brûler vivante dans une maison incendiée. Il s'est ensuite battu au corps-à-corps avec les responsables de l'incendie et les a vaincu alors qu'ils étaient deux fois plus nombreux que lui. Samuel, lui, s'est battu contre un soldat anglais qui voulait emmener sa femme et ses deux filles. Avec une balle dans le genou, il a quand même réussi à le tuer en martelant son crâne à l'aide d'une pierre. Aujourd'hui, Samuel a perdu sa jambe. Il a été amputé un peu au-dessus du genou.

Comme quoi, n'importe qui pourrait remplacer Mitch, mais personne n'osait se dresser contre lui. Même pas moi. L'équipage se réunissait souvent pendant que le capitaine dormait. A ce moment-là, autour d'une choppe de bière, ils parlaient de mutinerie. Je les écoutais un peu à l'écart et ne perdais pas une miette de la conversation. Les hommes sur le bateau étaient en colère. Le capitaine nous traitait d'abrutis, de faibles et de bons à rien alors que nous étions les seuls ici, à contrôler le bateau pendant les tempêtes, à le réparer lorsqu'il en avait besoin et à le protéger lors des abordages pendant que Mitch, lui, restait tranquillement dans sa cabine à attendre, un verre de vin dans une main. Pendant que nous crevions de faim sur le pont, il s'empiffrait de viande et de fruits devant nous. Pendant que nous couchions dans le froid et l'humidité, dans des hamacs presque collés les uns aux autres, il se plaignait de son matelas trop dur et des draps en soie trop fins. Nous avions tous une bonne raison pour détester Mitch, mais nous nous contentions de l'injurier dans notre tête. Un jour, pendant que nous étions occupés à parler de la prochaine mutinerie, un homme de l'équipage nous a dénoncés et nous avions cru mourir quand le capitaine s'est pointé. Il avait dit que tant qu'il serait sur ce bateau, personne d'autre que lui ne pourrait prendre le commandement. Il avait finit par tuer trois de ses hommes pour l'éxemple.

Au fur et à mesure que le navire s'éloignait du port, je m'en voulais de ne pas avoir dis la vérité à Maria au sujet de la durée de mon voyage. Julien, un autre gars de l'équipage, entendit mon long soupir en passant derrière moi.

    - Qu'est ce qui t'arrive, mon vieux ? demanda-t-il en posant sa main sur mon épaule.

Je ne répondis pas. Je n'en avais pas envie. Julien était la personne avec qui je m'entendais le mieux sur ce bateau, il avait toujours de bonnes paroles pour vous remonter le moral. Mais aujourd'hui, je n'étais pas d'humeur à être sentimental.

    - C'est Maria, hein ? enchaîna Julien, t'inquiète, elle t'attendra !

 Il me tapota l'épaule avant de retourner à ses tâches. Je n'avais pas à m'en faire, il avait raison. Je devais plutôt penser à la quantité d'argent que nous aurons en rentrant, et là, Maria ne m'en voudra plus. Il nous fallait quelques mois pour atteindre les Caraïbes, le voyage allait être long. Mais ce que je ne savais pas, c'est que ma route en mer allait subir un imprévu de taille. Un imprévu qui allait bouleverser le court de l'histoire et également, ma vie.

Assassin's Creed IV : Une autre histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant