Shining in the Dark.

Prologue.

"Dépêche-toi, tu vas arriver en retard! Nous y allons déjà!"

Ma mère sortit de la chambre en claquant la porte. Quelques secondes plus tard, je pouvais encore entendre résonner ses talons à aiguilles sur les marches d'escaliers.

Une fois le bruit disparu, mon dos se courba de lui même, et l'air de mes poumons retrouva sa liberté.

Enfin, elle était partie.

Mes parents n'ont jamais été doux avec moi, à toujours vouloir faire de moi la meilleure, et ce dans tous les domaines.

Ils ne me laissaient pas le choix, je suivais leur initiatives, tout simplement.

Dans un sens, cela me plaisait, parce que ce n'était pas à moi de réfléchir, à moi de porter le fardeau.

Pourtant, cela me stressait énormément. La pression s'accumulait, encore et encore, et je savais que je n'allais pas pouvoir continuer ainsi très longtemps.

Mais comment leur dire, puisqu'ils ne le voyaient pas?

Je me levai de ma chaise pour enfiler mon manteau. Au passage, je me regardai dans le grand miroir, entre mon bureau et ma garde-robe.

J'observai la jeune fille qui se trouvait devant moi.

Il n'y avait pas à dire, elle était mince, musclée, et assez grande, mais elle n'était pas jolie.

Ses cheveux bruns, attachés en un chignon trop serré, faisait ressortir ses mèches cassées et abîmées.

Le rouge à lèvres vif mettait en valeur la pâleur de son visage fin, et le mascara soulignait les larges cernes que l'adolescente possédait.

Un magnifique cadavre.

La jeune fille du miroir soupira, et je me demandai si j'allai tenir la journée dans ces conditions.

Après tout, rien ne l'assurait.

Je n'avais pas dormi de la nuit, et me voilà prête à assurer un spectacle de danse?

Qui sait, je n'en avais jamais raté un seul.

Alors, je me forçais à sourire, comme je le faisais lors de mes cours.

Etre polie est la moindre des choses, alors je le faisais, pour passer inaperçue.

Je jetai un dernier regard à cette adolescente épuisée du miroir, et quittai la pièce sans tarder.

Je dévalai les escaliers, et mis mes bottines noires, avant de fermer la maison à clés.

Rapidement, je me retrouvai dans un bus, écouteurs dans les oreilles, répétant la prestation dans ma tête.

Au bout de vingts minutes, le bus me déposa en face de l'opéra, et je passai par la porte arrière, dédiée aux hommes de la maintenance.

Ma professeure, madame Irina, nous avait toujours demander d'utiliser cette entrée.

Dans les coulisses, des adultes couraient dans tous les sens, paniqués à l'idée d'oublier un détail, si petit soit-il.

Quant à moi, je me faufilai dans le plus grand des calmes pour déboucher dans les vestiaires des danseuses.

Quelques sacs étaient déjà posés, mais aucune fille en vue.

Je me mordillai nerveusement la lèvre inférieure: Ils étaient déjà tous dans la salle d'entraînement, pour la dernière répétition.

Le plus vite possible, j'enfilai mon costume.

Je retouchai mon chignon avec de la laque, pour faire plus soignée, et je courus dans la pièce suivante.