UNE DETTE DE DIX DOLLARS

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Vers la toute fin du siècle précédant.

Un ami, le Colonel Moutarde, avait une dette envers moi. Une dette qu'il n'a jamais remboursé. Une dette de dix dollars. Je me souviens du jour où il s'est endetté. C'était encore quand nous étions adolescents qu'il m'emprunta dix dollars pour aller au cinéma avec des amis. J'aurais put oublier bien évidemment. Mais non, non jamais je ne l'oubliais. J'ignore pourquoi mais cette dette de dix dollars me resta en tête. Elle devint, au fil du temps une obsession. Un faits étrange fut que jamais je ne lui en parla, jamais, chaque fois que j'essayais d'en parler les mots se bloquaient dans ma gorge. C'est ainsi que près de cinq ans plus tard cette dette me restait en tête. Peut être que j'étais et je suis folle... ou peut être pas. Nul ne le sais. Néanmoins ce fut, dû moins je me plais à le penser, son manque de, comment dire, empressement ? Oui c'est quelque chose comme cela en tout cas. Donc son manque d'empressement pour me rembourser qui me fit peu à peu sombrer dans cette folie si particulière. L'apogée de cette folie je l'ai atteinte il y a seulement quelques mois. Cette dette étant toujours dans ma  tête, j'eus une idée particulièrement sogrenue qui fleurie naturellement, doucement dans ma tête. Peut être suis-je folle, peut être juste humaine. Je n'en sais rien tout se brouille dans me tête petit à petit, tout se mélange, s'échange, se modifie. Tout, même les souvenirs de mon enfance innocente. Même ce qui n'avait jamais était touché par ma folie, enfin ma particularité dirons-nous à la place. Mais le pire fut sans doute mon Obsession liée à cette dette impayée de dix dollars. Chaque heure elle grandissait, s'étendait, envahissait tout mon esprit et accaparait mon attention. Au bout d'une semaine je n'arrivais plus a penser a penser a autre chose. Cette dette de dix dollars me rongeait, l'esprit au sens figuré. Mais aussi le corps au sens propre ; éruptions cutanées, irritation, amaigrissement rapide, évanouissements. A cause ça je commençai à me mutiler avec ce que j'avais sous la main, bouteilles d'alcool, lame de rasoir, couteaux de cuisine, feuilles de papier. Ce  fut donc dans un état d'esprit assez particulier que j'eus l'illumination. Celle qui allait me libérer de cette obsession morbide. Lui il n'avait rien remarqué, et moi j'étais tellement obsédée par cette dette. Cette dette de dix dollars sera payée et si ce n'est pas monétairement se sera de sa vie, il fallait bien cela pour rembourser tout ce que j'avais subit à cause d'elle. N'est ce pas ? Une vie valaient bien toutes mes mutilations, mon alcoolisme et mes cauchemars et ma particularité qui devenait une partie intégrante de moi. Cela ne valait-il pas sa vie ?
J'ai pris ma décision très rapidement étrangement. J'allais donc acheter un poison. Fort heureusement pour mon objectif j'avais quelques contacts dans des milieux plutôt louches grâce à mon métier. Il y en avait particulièrement deux qui me devaient un service suite a une aide que je leur avais fournis auparavant. Le premier me donna un poison fort, nommé l'invisible ou l'intraçable, et je sépara ce dit poison en deux. Comme je savais que ce dernier avait un léger faible pour moi, je l'invitais à prendre un verre dans un petit bar miteux du coin vers vingt-deux heures. Comme à son habitude il arriva déjà fortement alcoolisé. Lorsqu'il m'avait donner le poison il m'avait fortement vanté ses qualités. Il était censé agir  près de deux heures après l'absorption. La victime mourrait d'étouffement et ses veines explosaient créant des micro-émoragies un peu partout dans son corps. La cause de décès associée aux meurtres par ce poison était le suicide avec un médicament anti-dépressif qui présentait les mêmes effets en trop fortes doses.  Mon premier fournisseur ne se rendit même pas compte que je lui versais de l'invisible dans son verre de bière. Il la finit et reparti en marchant du pas de l'homme saoul. J'appris le lendemain dans les faits divers que l'on l'avait retrouvé mort. Il se serait suicidé avec des anti-dépresseurs. Je n'éprouvais rien à par la satisfaction d'avoir trouvé le poison idéal pour tuer mon désormais futur ex-ami d'enfance. Ainsi qu'étrangement le besoin de renouveller l'expérience. Cette dette de dix dollars allait en fin arrêter de me tourmenter, mon Obsession va prendre fin. J'allais guérir. L'occasion pour le tuer me fut servi sur un plateau. Il m'invita a venir manger chez lui pour éviter de se retrouver seul chez lui pour l'anniversaire de la disparition de sa femme. Femme qui s'appelait Séléna Aria Émeraude Auderghem, j'ignore pourquoi cela m'a marqué. Peut être que sa grâce hors du commun et son intelligence, qui me donnais l'impression qu'elle venait d'un autre monde parallèle, me sont restés en tête. Ou alors ses airs mélancoliques ou encore la lueur de folie dans ses yeux que personnes ne remarquait m'avait inconsciemment hypnotisé. Bref cette étrange jeune femme n'était pas le sujet de mes préoccupations bien que j'avoue qu'elle l'eut était pendant une période.
  J'allais donc chez lui à la date convenue et nous discutèrent de tout et de rien toute la matinée. Il m'apprit que ne possédant pas d'héritier directe et n'étant pas en très bons termes avec sa famille il m'avait nommée seule et unique héritière de tout ce qu'il possédait. Alors que nous allions passer au thé, dans lequel je comptais lui faire ingurgiter le poison. Il sorti de sa poche un billet de dix dollars et me le tendit. « Je ne te l'avais jamais rendu. Tu me les avais prêtés il y a cinq ans quand je suis allé au cinéma. Ça m'est revenu hier je ne sais pas pourquoi » J'ai pris le billet en lui assurant que ce n'était pas grave que j'avais oublié. J'avais peur que ma voix ou mes tremblements me trahissent mais heureusement ma maîtrise de moi-même me permit d'agir normalement. Nous échangeâmes encore quelques phrases avant que je m'éclipse aux toilettes prétextant une envie pressante. Je refermais la porte derrière moi et la verrouilla. La dette était payée pourtant je ressentais encore ce besoin de le tuer. Mon Obsession était partie et j'étais dorénavant lucide. Ce besoin de meurtre était toujours vivant. Mais mon ami m'avait remboursé, n'étais-je pas censé lui pardonner comme le ferais une amie ? Puis cela me frappa de plein fouet Ce n'était pas pour rien que j'avais eut cette idée. Avoir un père mafieux n'avait pas que des avantages. Combien de fois les ai-je entendus planifier des assassinats, des tafiques en tous genres. Trop souvent pour que cela paraisse normal à mes yeux d'enfant.  Je n'avais jamais étais une fille très saine d'esprit auparavant mais tout de même douce et innocente, mais là ma définition du 'normal' avait encore évolué. Après tout quand la notion de meurtre est normale, qu'y a-t-il de mal à la mettre en pratique ? Je ne fais que perpétuer la tradition familiale. Tels père, telle fille.
J'étais devenue folle. J'avais sombré dans la démence.  Les symptômes étaient apparus petit à petit sans devenir trop gênant. Enfin jusqu'à cette dette de dix dollars. Et maintenant je me retrouvai avec ces envies de meurtres sur les bras, par sa faute... Après tout si il y avait pensé avant je n'en serait pas arriver à cet état d'impatience ? Ce n'est que justice. Il allait payer les intérêt, songeai-je avec un sourire malsain sur les lèvres. Ho et se serait le premier d'une longue liste macabre, avec une horreur croissante. Que c'est existant. J'ai presque hâte. Je vais tuer, assassiner,égorger,trucider,désarticuler,mutiler,vider de son sang,écorcher vif, immoler et sans doute des nouvelles méthodes de mon cru. Et je vais tout consigner quelque part. Au final c'était juste un besoin de sang irrationnel mais totalement banal à mes yeux. Folle ? Et alors ?
J'étais désormais calme et détendue, la petite fiole de poison serré dans ma main. Je revins donc dans la salle à manger ou il m'attendait. Alors qu'il allait préparer le thé, je le devança en avançant qu'il ne savait pas le préparer. Il ria et alla m'attendre dans la salle à manger. Peut être que s'il était resté je ne l'aurais pas fait, peut être que je me serais fait soigner, peut être qu'il aurait put m'aider à aller mieux, à m'en sortir... Bien évidemment que non, j'aurais juste dut patienter un peu plus. Mais fort heureusement il est parti, je pris donc une des tasses de thé que j'avais préparé et dans un étrange état euphorique je versa le poison. D'ici peu ce poison coulera dans tes veines mon ami. Je rangeais la fiole dans mon sac à main et lui apporta la tasse empoisonnée. Je la lui tend. Il la prend. Me sourie. Me remercie. Il avale deux gorgées. Me complimente. Me dit de m’asseoir. Il continue de boire. Je m’exécute. La tasse descend doucement. Nous discutons. La tasse est à moitié vide. Une étrange satisfaction se propage dans tout mon être. Je dois avoir un drôle de sourire. Il me demande ce qui me rend si euphorique. Je lui réponds que c'est une promotion au travail pour le poste supérieur. Il hoche la tête. Porte la tasse à ses lèvres. S’apprête à boire. Ouvre la bouche. Puis l'éloigne. Il me parle de son travail d'avocat et sa dernière affaire. Je secoue la tête et fais semblant d'être intéressée. Mes yeux sont fixés sur la tasse. Mon sourire est rigide. Il boit. Il ne reste plus que deux trois gorgées dans la tasse. Il me demande si j'ai rencontré quelqu'un pour changer de sujet. Il me dit que je ne devrais pas avoir de mal pour une fille comme moi. Je lui répond qu'il a but. Il me dit que c'est vrai qu'il a but avant que j'arrive. Je savais qu'il y avait quelque chose de louche, surtout lui qui est si observateur d'habitude. Il rie. Il me dit qu'il est déjà vingt-deux heures. Je me lève et lui dit que je  pars. Il rie et sort une bouteille de sous la table. Il se sert. Il boit cul sec. Puis il finit le thé. Il se lève en titubant et me fait la bise. Je prends mon sac et mon manteau. Je m'habille. Je sorts de chez lui. La porte se referme. C'est fini. C'est fini, il a but le poison. Tout va bien, mes pulsions sont satisfaites. Je me sens euphorique, un grand sourire s'étend sur mon visage. Je rentre chez moi et m'endors immédiatement avec le sentiment d'accomplissement le plus fort que je n'ai jamais éprouvé. Je conçoit que ce n'est pas facile de ce le représenté mais que voulez-vous on est folle ou on ne l'est pas. J'appris le lendemain soir qu'il avait été trouvé mort, il s'était saoulé puis suicidé. Je jouais à merveille l'amante, bien que je ne le sois pas, et amie effondrée. Personne ne se douta qu'il fut tué par le même poison que celui qui avait était impliqué dans sa dernière affaire devant la cour de justice, un homme assassiné par son amante une certaine . Étrange coïncidence, comme le destin est ironique. Personne ne se douta que la lettre qui fut enterrée avec lui 'était pas des vœux de vie meilleurs mais une lettre expliquant tout le cheminement de la dette à sa mort. Personne ne se douta que je l'avais tué, mais qui penserait que c'est moi? Que j'ai assassiné le Colonel Moutarde avec du poison invisible. Qui ? A part un fou ?

Une dette de dix dollars Où les histoires vivent. Découvrez maintenant