Chapitre 2 : La marque.

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Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. Je ne sais pas quel jour on est. Je sais seulement que mon esprit a du exagérer l'accident. Je m'en sors avec un léger traumatisme crânien, et mes deux semaines d'hospitalisation et de rééducation me permettent de marcher, en faisant attention et sans trop forcer. Rien de cassé. Mais s'en est une autre histoire pour Jin apparemment. Nous ne sommes pas dans la même unité de soin, et les médecins refusent catégoriquement de me donner des informations à propos de lui, pour que je ne m'inquiète pas. Et c'est quelque chose qui m'énerve passablement.

Autre chose qui m'agace, le comportement des médecins. Ils sont beaucoup trop présents me tournent autour avec de grands sourires charmants alors que je ne demande rien. Une des infirmières ne quittent d'ailleurs jamais ma chambre, et semblent me surveiller en permanence. Mais quand je parle de surveillance, je veux dire par là que je la vois épier chacun de mes gestes du coin de l'œil. Quand je me sers un verre d'eau, quand j'ouvre les stores, ou encore quand je cherche à m'approcher trop près de la porte. A ce moment là, elle se décale lentement, claquant ses talons contre le carrelage clair et froid de la chambre. Et je ne sais pas si c'est une nouvelle façon de faire dans le monde hospitalier, mais chaque personne que j'ai rencontrée ici porte une petite marque aux poignets. Sauf moi.

Je ne sais pas quand je sortirai, mais ça ne devrait plus tarder. Ils m'ont dit que je pourrai voir Jin également, et que nous pourrions sortir ensemble de l'hôpital si j'étais assez compétent pour m'occuper de lui et de certaines de ses blessures encore en cours de guérison. C'est étrange, mais je me sens en pleine forme, comme si rien n'était jamais arriver.

Penché au-dessus de ma valise, je commence à ranger mes affaires. C'est le grand jour. Les infirmières préparent actuellement Jin dans sa chambre, pour partir également. Je n'ai pas pu lui rendre visite au final, mais ce n'est pas grave. Nous partons aujourd'hui.

« - Réveille-toi. »

Je me redresse brutalement en entendant cette voix et regarde tout autour de moi. Il n'y a personne. Je fronce les sourcils, silencieux, cherchant à comprendre ce qui vient de se passer. J'ai simplement rêvé ? Un effet secondaire des médicaments ? Je ne sais pas pourquoi j'y prête autant d'attention, mais j'ai l'impression de reconnaître cette voix. Un long frisson me parcours la nuque et secoue l'entièreté de mon corps. J'ai l'impression que mes membres brûlent et je commence à suer, comme si ma chambre avait prit 20 degrés d'un coup. J'attrape tant bien que mal les affaires posées sur le lit à ma droite, les fourrant hâtivement dans mon sac. Un peu de courage, nous allons enfin pouvoir rentrés...

C'est à ce moment même que quelque chose me frappe l'esprit. A part notre producteur, personne ne m'a rendu visite à l'hôpital. Mon corps se raidit et je ferme mon sac nerveusement. Quelque chose ne va pas. La même angoisse que celle qui précédait l'accident m'envahit. Je pose ma valise au sol et serre la poignée entre mes mains moites. Qu'est-ce que je fous là au final, depuis 2 semaines ? Mes dents se serrent et j'expire profondément tout l'air de mes poumons, ma cage thoracique écrasée par un poids invisible. Je ne vais pas mourir ce soir, hein ? Cette réflexion me tire un léger sourire, qui ne m'aide absolument pas à me détendre. Je force un regard neutre et impassible, enfilant mon masque pour affronter l'extérieur qui commence à me ronger et à me terrifier.

Je tire ma valise à travers une continuité de couloirs qui semblent tous aussi mornes les uns que les autres. Ils ne sont pas vides pourtant, mais le silence qui se créer sur mon passage et les regards qui me fixent et me suivent me transpercent. Je ne me sens pas homme, mais bête de foire. Je ne me sens pas Idol, mais étranger. Je ne suis rien aux yeux de ses gens, simplement un intrus détestable visiblement. Je ne suis pas le bienvenu ici. Je déglutis péniblement, baissant plusieurs fois les yeux, oscillant entre de faibles sourires et mon expression neutre et fermé. Je suis complètement désemparé...

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⏰ Last updated: Oct 08, 2018 ⏰

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