15 : DEVIL

1.1K 191 6
                                    

SAMUEL SENTIT UNE violente douleur abdominale lui transpercer l'estomac

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

SAMUEL SENTIT UNE violente douleur abdominale lui transpercer l'estomac. Sans comprendre, ni voir. Sans hurler, ni réagir. Sans geindre, ni pleurer. Il n'émit qu'un grognement étouffé, souhaitant par-dessus pivoter sur le ventre sans pour autant y parvenir, les muscles flasques et douloureux, le crâne comme une cocotte-minute.

La douleur revint chatouiller ses entrailles pour finalement l'engloutir tout entier et un brusque haut-le-cœur lui consuma l'œsophage. Couché sur le dos, Samuel voulut se tordre le cou pour vomir. La transpiration faisait luire sa peau à la lumière du soleil comme un ciel étoilé et ses ongles sales grattaient furieusement le sol.

Son corps ne répondait pas, sa nuque lui faisait un pied de nez. Il étouffait, le regard révulsé et des complaintes transperçant péniblement la barrière de ses lèvres pour mourir en borborygmes étranglés. Soudain, une certitude glaçante lui tordit les viscères : il allait mourir, à fixer le ciel matinal, incapable de remuer ne serait-ce que son auriculaire.

— Sur le côté ! retentit une voix qu'il ne reconnut pas d'emblée.

Samuel sentit une main lui agripper l'épaule avec la force d'une harpie féroce pour le faire pivoter en position latérale de sécurité. Immédiatement, ses lèvres crachèrent un flot jaunâtre qui se répandit dans l'herbe humide et il reprit son souffle dans une bruyante quinte de toux.

— Ne dors jamais sur le dos, Samy.

Samuel régurgita encore de longues secondes sous le regard espiègle – quoique légèrement brillant d'inquiétude – d'Aristote. À défaut de comprendre ce qu'il lui disait, Samuel lui répondit d'un doigt d'honneur tremblant.

— Je déconne pas, abruti. C'est ce que tu veux sur ton certificat de décès ?  « s'est étouffé avec son vomi comme le dernier des connards » ?

Samuel voulut articuler un mot, une insulte, une phrase. Malheureusement, sa bouche ne répondit pas davantage que ses muscles et il attendit de recouvrer un minimum de cohérence et de matière grise pour persévérer.

— T'as vraiment merdé, Samy ! s'exclama Aris d'un air faussement enjoué. Tu sais quelle heure il est ? Tu sais quel putain de jour on est ? Tu sais combien de temps j'ai passé à flairer ton cul avant de te retrouver ?

Samuel ferma les yeux pour fuir la présence d'Aris. Il était trop concentré sur son propre mal-être pour laisser à ses paroles le loisir de forer son esprit.

— J'ai presque flippé, admit Aristote dans une grimace. Putain, Samy. Qu'est-ce que t'as foutu ?

Samuel rouvrit les yeux, s'appliquant à foudroyer Aris de son regard d'émeraude hypnotique. Il ne réussit à se redresser sur les genoux qu'au prix d'un effort magistral et faillit céder à la nausée qui déjà, menaçait de le recoucher.

— Ça ira ?

Samuel ne réussit pas à ricaner. Il haussa les épaules, adressa à Aristote un sourire gorgé d'un désespoir lancinant.

— Je hais ces endroits, dit-il d'une voix étrangement posée.

Aristote sortit un paquet de tabac dans l'optique de se rouler une cigarette. Il portait une casquette kaki et une chemise trop large qui découvrait ses clavicules joliment dessinées. Samuel avait froid pour lui.

— Je sais.

— Dans une autre vie, peut-être... mais avec...

— Je sais, répéta Aris, tranchant. T'as dix minutes pour poser tes fesses dans la bagnole. Après, on se tire.

Leur échange s'interrompit sur cette dernière phrase et Aristote lui balança une bouteille d'eau ainsi qu'un biscuit fourré à la crème avant de s'éclipser. De son côté, Samuel se fit une promesse. Une promesse capitale.

DARK KINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant