Préface

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Je me réveil en entendant toquer délicatement à ma porte. Mathilde entre et me salut de son sourire habituel, mais celui-ci se fait plus triste.

- Bonjour mademoiselle, avez-vous bien dormi ?
- Oui merci Mathilde

Elle ouvre mes rideaux de soie et vient tapoter le lit après m'être levée

- Laissez-moi faire comme toujours
- Et comme toujours je me dois d'essayer

Nous nous regardons avec une pointe d'amertume. C'est mon dernier réveil ici. La dernière fois que Mathilde notre gouvernante s'occupe de mon réveil, la dernière fois qu'elle insiste pour faire mon lit, la dernière fois que je la défend de le faire.

- Allez vous préparer mademoiselle, votre père nous a aider à mettre vos derniers bagages dans la voiture, le chauffeur vous attends
- Bien..

J'allais m'en aller mais une fois au pied de la porte elle me dit calmement

- Prenez soin de vous. Je ne pense pas vous revoir, j'ai beaucoup de choses à faire et je préfère vous laisser en intimité pour les au revoir
- Je suis plus intime avec vous qu'avec mes propres parents quelle ironie

Mathilde m'a élevée pendant que mes parents étaient en voyage d'affaires perpétuels. Ma mère est avocate et mon père est ingénieur. Autant vous dire que leur travail a empiété sur notre vie de famille.

J'ai aujourd'hui 20 ans, et Mathilde me connaît mieux que personne. Ça a toujours été ma seule amie, mon alliée, ma confidente, ma partenaire dans les bons et les mauvais moments. Mais avec toujours ce respect et cette pudeur entre nous.

Elle se rapproche de moi en balayant une poussière imaginaire de son uniforme

- Envoyez-moi de vos nouvelles, le portable que vous m'avez acheter ne me servira qu'à ça
- D'accord. Dis-je en riant nerveusement. Je vais me doucher, est-ce que tu pourras m'aider à me préparer ?
- Bien sur mademoiselle je vous attend ici en m'occupant de votre chambre

Je vais donc à ma salle de bain pour me doucher le coeur à la fois lourd, et soulagé.
Lourd de quitter mon petit cocon, Mathilde, mes habitudes, ma routine, ma chambre, mon lit. Mais je suis soulagé de quitter cette vie qui ne me correspond pas, qui ne m'a jamais correspondu d'ailleurs. Cette vie où est né un vide par l'absence constante de ma mère et mon père, cette vie où tout est démesurée. J'habite dans un domaine où il y a 3 salons, 3 cuisines, 8 chambres, 4 toilettes, 2 bureaux, une salle de billard, une salle de sport, un terrain de tennis, et pleins d'autres pièces qui servent au personnel. Heureusement que j'ai une aile pour moi seule afin de rester dans mon univers.

Je prends mon temps, je prends soin de laver mes cheveux, me faire un gommage, et rejoins ma chambre en serviette. Mathilde a préparée mes affaires sur mon lit. Un ensemble de soie rouge avec mes baskets Gucci afin d'être à l'aise sur la route c'est parfait. Elle m'aide à m'habiller et s'occupe de me faire un brushing Sur mes cheveux noirs longs, pendant que je me maquille légèrement. Tout cela dans un calme plat, comme si nous savourons notre dernière matinée ensemble.

Fin prête c'est l'heure des au revoir officiels.

Je la prend dans mes bras et par soulagement elle me serre fortement dans les siens, je l'entends renifler

- Ne pleure pas tu vas me faire pleurer aussi
- Vous avez grandit si vite, vous êtes si belle..
- Merci. Et vous vous êtes trop bonne pour ce métier. Pourquoi ne pas changer de métier vous êtes encore jeune
- Je me suis engagée auprès de votre famille, et j'aime faire ce que je fais, j'aurais toujours à m'occuper même après votre départ ne vous inquiétez pas pour moi. Pensez à vous India
- Bien

Je mets ma sacoche et lui embrasse la joue

- Merci pour tout. Je t'appellerais c'est promis
- J'y compte bien

Je sors de ma chambre et descend les escaliers. Ma mère et mon père m'attendent en bas, tous les deux sur leur téléphone, lorsqu'ils m'entendent ils s'esclaffent

- Tu es enfin prête !
- Quest ce que c'est que cette tenue ? S'indigne mon père

Je roule des yeux

- C'est pour être a l'aise lors du trajet
- Ce n'est pas une raison pour se laisser aller ma fille ! Tu ne vas pas commencer ? Continue t-il
- Papa..
- Ton père a raison, tu aurais au moins pu mettre une paire d'escarpins

Ma mère en rajoute une couche bien sûr. Toute leur vie se doit d'être parfaite. Mon père est toujours en costume, les cheveux plaqués à la cire la raie sur le côté, et ma mère a une collection infinie de tailleurs et escarpins différents. Les cheveux toujours tirés à quatre épingles et le maquillage parfait et léger.

J'ai beaucoup déteint sur eux à ce niveau, mais je sais encore m'habiller aisément et décontracté quand il le faut, comme ici.

Nous sortons et le chauffeur est devant, la voiture est en marche. Ma mère me serre d'abord contre elle

- Fais attention à toi là-bas, de toute façon ta tante Chila la soeur de ton père n'habite pas loin de Notting Hill, si tu as besoin de quoi que ce soit elle sera là
- Merci maman ça ira

Son téléphone sonne elle m'embrasse rapidement et s'en va décrocher. Mon père m'étreinte a son tour, assez maladroitement, une tape dans le dos. Plus comme un collègue de travail plutôt qu'un père mais je ne peux pas lui en vouloir. On a jamais été très tactile entre nous.

- Quand tu arriveras là-bas, un chauffeur t'attendra et t'emmènera jusqu'à ton appartement tout est déjà réglé ne t'en fait pas
- Merci papa

Tout est réglé comme si c'était son entreprise enfin.. Nous nous disons au revoir et je monte en voiture.

Londres, me voilà

India Zaadi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant