Dehors dans la nuit sombre, soufflait un vent froid venu du nord, percutant les murs de pierre des petites maisons d'Eliante.
A l'orée de la forêt, un peu à l'équart du village, une petite maison figurait dans l'ombre.
Un feu réchauffait l'unique pièce dont était composé cette petite chaumière, et à l'extrémité de cette pièce, dans un coin, bougeait quelque chose. Ou plutôt quelqu'un.
Une jeune fille se retournais dans ses couvertures.
Soudain elle se redressa, ouvrant subitement des yeux apeurés.En sueur et la respiration saccadée, Lilian regarda autour d'elle.
Le feu, qu'elle avait déjà rallumé quelques heures auparavent, commençais de nouveau à s'éteindre.
"Maudit cauchemar" pensa-t-elle en se frottant les yeux. Se levant lentement des peaux de renne posées sur un lit de paille de fortune, elle posa ses deux pieds nus sur les lattes glacés, ce qui l'a fit frissonner. Elle se dirigea lentement vers un petit autel en bois de chêne, où y étaient disposés quelques fleurs des champs sèchés, un cierge dont la flammèche scintillait, ainsi qu'une statuette en bois représentant une femme aux formes imposantes. Elle se mit à genoux, posa les deux mains à plat par terre, et ferma les yeux. Cette prière dans le noir dura de longues minutes, avant que Lilian décide d'ouvrir les yeux. Elle se dirigea vers son lit et enfila par dessus sa longue chemise blanche une robe de lin sombre, et boucla autour de sa fine taille une ceinture de cuir. Elle alla ensuite vers le foyer pour remettre quelques brindilles sur les braises rouges, et le regarda se rallumer. Une fois que les branches prirent feu, elle y posa deux grosses bûches et se laissa envoûter par le feu ronflant doucement dans le petit foyer de pierres carbonisés.
Elle n'était vraiment pas doué pour faire tenir le feu longtemps. Les feux de Père duraient des heures. Si seulement il était là.Voilà déjà trois semaines qu'il était parti pour Quateria, la capitale, à bord de la charette d'un amis, où avait lieu la Madria, grande fête religieuse annuelle, pour y vendre du lait et de la viande séchée de mouton au peuple venant du pays entier, la laissant ainsi seule avec son jeune frère. Elle se détourna enfin du feu qui avait totalement reprit, pour mettre un pantalon de toile, rapiécé et déchiré à de nombreux endroits, et par dessus, fit glisser de longues guêtres en laines de moutons, puis enfila des chausses, qu'elle ficella autour de sa cheville. Elle passa par dessus ses épaules un châle jaunâtre, qu'elle noua fébrilement. Elle pris la plus épaisse des peaux de rennes qui lui servait de couverture et l'agraffa avec une petite broche en bronze représentant une rose, transformant alors ses couches en une longue cape. L'habillage terminé, elle approcha un seau d'eau près du feu, et s'y regarda dans l'eau trouble.
Ses pommettes constellés de tâches de rousseurs étaient rouges et encore marquées par la paille, et ses yeux marron brillaient de reflets vert à la lumière vacillante.
Elle rajusta ses longues boucles auburn qui lui tombais devant son large front, et, trempant ses mains dans le seau, les appliqua sur son visage fin Un frisson lui parcouru l'échine.
Elle s'essuya le visage avec un pan de sa robe, secoua ses mains et se leva. Elle se dirigea vers le deuxième petit autel disposé dans la pièce, se baissa, glissa une main derrière, et à tâtons, balada ses doigts jusqu'à une planche qui sonnait creux. Elle en souleva l'extrémité, et non sans difficultés, en sorti une petite bourse qu'elle fit tinter. Il restait encore quelques pièces d'argents. Dans un long soupir elle l'enfourna dans une des poches cachés de sa robes, et s'apprêtait à sortir, quand un ronflement l'arrêta dans son geste. Près du feu, quelqu'un c'était retourné dans ses couvertures. Elle se tapa alors le front pour cet oublis, et alla s'agenouiller devant cette forme sombre.-"Galaad...Galaad, réveille-toi !
Elle secoua son frère, âgé de quatre ans de moins, qui ronflait doucement.
Se retournant de nouveaux dans ses couvertures, il rechigna.
-humm...'quel heure ?
-Dans les cinq heures j'dirais, faut que tu ailles au marché à ma place.
Rappelle-toi, je dois vendre deux de nos moutons à Burcina.
Galaad poussa un long soupir.
-Et ne te rendors pas surtout. Je reviendrais ce soir assez tardivement. Tu sais où est l'argent, mais dépense le moins possible et aussi fais attention à...
-J'sais, laisse moi ! Je vais m'lever mais arrête de jacter au nom de la mère !
Elle le frappa à la tête.
-Galaad ! Ne jure pas, tu vas avoir des problèmes avec Les Venerables !
Elle regarda furtivement derrière elle.
-Mais t'met pas dans un état pareil Lili..., soupira de nouveau Galaad, se frottant la tête. Ils vont pas nous entendre, arrête de faire ta coua...
Elle empoigna alors le col de sa chemise et débita avec précipitation.
-Ils sont partout Galaad, Ils sont partout Ils savent quand l'on parle d'eux. Tu ne sais pas de quoi Ils sont capables, tu ne les a pas vu...Père n'est plus là pour nous protéger maintenant, et si un jour Ils veulent te brûler au bûcher, moi je ne pourrai rien faire pour sauver ton petit cul !"
Le regardant gravement, elle le lâcha soudainement et se levant brusquement, traversa à grandes enjambées la maisonnette, et sortie en claquant la lourde porte de chêne.
Il reposa lourdement sa tête en arrière, dans un énième soupir.
Une grande bourrasque fouetta le visage de Lilian, lui faisant rajuster sa cape sur ses épaules.
Éclairée par le croissant de lune, elle prit le flambeau contre le mur, qu'elle commença à allumer avec un petit briquet en silex.
Une fois la longue besogne finie, elle se dirigea vers le petit enclos, toute grelottante et torche à la main.
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THE ELF
FantasyUne jeune fille dans le tumulte d'un Moyen-âge secoué entre guerre et magie, pouvoir et sang. Lilian, jeune paysanne pauvre, doit s'occuper de son petit frère, son père les ayant laissé tout les deux seuls. Peu de temps après, le passé sombre de sa...