Thème: Vampires ; Violence ; Dépression ; Château ; Princesse Disney.
Rédigé avec KontonNoKaze. Nous sommes arrivés premier.
Euchrest
Un redondant bruit d'une douce pluie claque sur les fenêtres de la pièce. L'eau glisse devant les yeux illuminés d'un jeune homme. La lune brille de mille feux sous cette douce nuit, il semble hypnotisé par tant de beauté. Inlassablement, chaque journée, il les passe là, face à ses vitraux donnant sur un petit jardin fleuri. Ses longues mèches brunes frôlent sa frêle peau d'une blancheur impeccable.
Une poche médicale se suicide tranquillement au bord d'un crochet de fer, pendouillant pour le bien du patient. Elle s'accroche durement à la vie, puisant dans ses réserves et injectant dans les veines de ce dernier diverses liquides. Un fauteuil lui tient compagnie dans cet armada d'outillages. Le malade représente le calme pur, une fine fumée s'échappe de ses lèvres avant de s'évaporer dans les airs. La buée n'avait pas encore dominé les lieux, donnant une légèreté et fraîcheur insoumises à la dure réalité. Une immense tristesse s'était laissée absorber par les pans de murs jusqu'à implosion, dégageant alors une écoeurante envie de renouveau.
Les couloirs, depuis longtemps silencieux, ne grouillaient déjà plus à vingt heures passées. Les blouses blanches ne venaient au chevet du jeune homme que rarement, pour des prises banales de sang et des repas tout aussi infectes que sommaires. Tout était si silencieux, si fade de passions et mouvements impromptus.
Chaque journée était toujours plus fatigante, les soins importants et répétitifs ne laissaient aucune amélioration ou stabilisation, il ne pouvait plus tenir seul dans cet impression d'auto-destruction. Son corps lui-même s'était rebellé contre lui, il n'avait jamais eu envie de subir pareil châtiment.
Le temps transformait lentement sa conviction en un légume vide et flasque prêt à l'anéantissement. Il hurlait au fond de lui à quel point il voulait vivre et à quel point le destin s'acharnait à le rejeter. Il n'était que malade et elle, en guise de remerciement, le privait de toutes ces choses dont il se délectait au réveil, celles qui lui permettait de mieux s'accrocher à la vie. Cette dernière, telle une faucheuse, lui avait tout volé jusqu'à la dernière goutte possible d'humanité.
La famille ne visitait plus cet être mourant depuis un an maintenant. Une journée était marquée à jamais dans leur esprit en quête d'un remède miracle. Des paroles qui résonnent constamment dans leur tête : Il était condamné, le temps lui était compté. Sa mère avait épuisé toutes les larmes de son corps, et son père était trop fier pour reconnaître qu'il était meurtri chaque fois qu'ils lui rendaient visite.
Au début, ils voulaient le soutenir, vivre pleinement en sa compagnie. Seulement, le jeune homme savait parfaitement ce qui se tramait dans le regard de ses parents, et leur demanda poliment de ne plus revenir. Que dire à la chair de sa chair lorsque vos bonnes intentions ne font qu'aggraver les choses? Il n'y a plus grand chose à y redire, si ce n'est un abandon en silence.
Sans nouvelles de sa famille, le jeune homme pensait trouver quelque salut au palet, mais il en était rien. La pomme que l'on offrait à Blanche-Neige était similaire à celle que l'on offrait à ce patient. Elle était peut-être d'un rouge éclatant, mais elle était sans goût, presque aussi empoisonnée que le reste de ce plateau pas du tout appétissant. Il ne lui en avait fallu qu'une seule pour sceller à jamais son futur. Le yaourt paraissait plus fade que du détergent, le pain s'effritait comme du papyrus et la nourriture était difficile à avaler.
Avec un palet lui faisant défaut, le jeune homme tentait alors de trouver du réconfort dans son champ de vision. Malheureusement, les yeux de ce condamné d'un autre âge se mouvaient difficilement, perdus dans une pièce aussi blanche qu'un linge funéraire. La pièce était vide, hormis l'équipement froid et une table de chevet tout à fait banale. Le paysage dehors alternait entre averses et éclaircies, sans que celà ne réjouisse son cœur de quelque façon qui soit.
