Save me ~ Kookv

~ 2 ~

Une délicieuse odeur de café se propage de la machine et vient caresser mes sens. Je trempe mes lèvres, c'est brûlant, mais c'est bon. Mon moyen de bien commencer la journée. Enfin de prévoir la journée de merde surtout.

Je tourne en rond, finis ma tasse, la lave, la range. Je lis le journal, oh... Un bébé chat perdu. Puis je le pli, le jette sur la pile des anciens et pose mes mains sur le plan de travail. Je mordille ma lèvre. Une question tourne dans ma tête.

Alors j'y vais. Je prend la direction de l'escalier. J'ai une grande pièce à vivre comportant une grande cuisine ouverte, un immense salon avec canapé d'angle et salle à manger. Au dessus a été dessiné et installé une grande mezzanine avec mon bébé, j'ai nommé mon lit king-size, mon écran plat dernière génération et ma conso...

Merde.

C'est vrai que...

Il est là, lui, dans mon lit.

Je souffle et attrape la télécommande. Celle qui ouvre les volets automatisés. La lumière rentre, mais une fois le soleil caressant ses cheveux, j'arrête le mécanisme.

Il ne bouge pas. Moi quand on me fait ça je me lève ou au moins je me retourne. Mais lui, rien. Il est toujours à l'endroit où je l'ai laissé hier. La couverture remontée jusqu'à son cou, les yeux clos. On dirait qu'il ne respire pas.

Alors je pose un genou sur le lit et penche ma tête vers son visage. Il respire, c'est déjà ça.

Je me recule, le regarde. Il a vraiment une peau claire et sans imperfection. Ah si. Il a un petit grain de beauté sur le nez.

-Faut se réveiller maintenant.

Rien. Il ne fait aucun mouvement. Vraiment rien de rien. Même pas un mouvement de paupière. Je le pousse de mon doigt, rien.

Alors, perdant patience, je tire un peu la couverture et découvre son torse. Je suis sûr qu'il le fait exprès pour rester plus longtemps ici.

-Allez c'est bon je crois tu t'es assez réchauffer, maintenant...

C'est quoi ça ?

Je tire un peu plus la couverture mais plus lentement. Ce que je vois me glace le sang.

-Mais d'où tu viens ?

Mes doigts effleurent sa peau encore froide. C'est comme s'il ne parvenait pas à se réchauffer. Et puis ses griffures, hématomes et brûlures. Je deglutis en imaginant ce gosse se faire frapper et...

C'est dégueulasse.

J'ai lâché la couverture et descend du lit. J'ai mal au ventre, je dois sortir de là. J'aime pas cette sensation.

De l'air, de l'air.

**

Mais quel con.

Je l'ai laissé là-haut. Seul, inconscient et frigorifié. Tout ça pour finir à fumer ma clope sur le balcon.

J'écrase le mégot dans le cendrier et remonte à l'étage en enjambant les marches deux par deux. Je m'en veut d'avoir fait ça. Qu'est-ce que je peux être con parfois.

Il n'a pas bougé mais son corps est encore plus pâle. À cause de moi il a encore plus froid.

-Putain...

Je remet la couverture sur lui et me met en tailleur sur le bord. J'attends.

Pourquoi ?
Je sais pas.

Pourquoi si soudainement ?
C'est compliqué.

C'est ces marques qu'il a. C'est quelque chose que je ne supporte pas. Je l'ai déjà dis mais la faiblesse humaine est un de mes points faibles. Je n'aime pas comme les forts tirent profit des faibles pour se sentir puissant.