Le Patron

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On est dimanche, il est 12H45, le magasin est sensé être fermé depuis un quart d'heure. Sensé car les petits malins qui se faufilent à l'heure de fermeture sont nombreux ! Mais eux, on les laisse de coté, pour le moment. 

Je souffle, exténuée, des crampes aux joues. Il faut souffrir pour paraitre polie. Je me bats un temps contre les tickets qui sortent inlassablement de la machine. Mais ça aussi on y reviendra. Je râle, il faut bien, les pauses le dimanche matin on s'assoit dessus pour nos chers clients. Je récupère ma caisse, la poubelle, le sac pleins d'antivols. Et les paniers laissés à l'abandon, là au milieu des allées, par leurs maitres ingrats. 

Chargée comme un boeuf je me dirige vers l'espace "privé" pour tout y déposer. Du coin de l'oeil, je l'aperçois. Grand, digne, le regard fier. Il étale sa supériorité avec ses iris arrogantes. Disney a dû s'inspirer de lui pour créer Scar. Quoi qu'il en soit, il me regarde, de son air hautain, me ridiculiser face une porte sans bouger le petit doigt. Après une bataille ardue je parviens à défaire la porte et me débarrasse de tout ce qui m'encombre. Je suis satisfaite, je souris en pensant au poulet qui m'attend chez moi. 

Je quitte la pièce et retourne face au prédateur, debout, droit, les bras croisés sur sa chemise impeccable. Je reprends mon sourire de métier et m'approche assurée. Il ne m'impressionne pas avec sa veste à 200 euros, me dis-je. 

- Bonjour. Je lui tends la main. C'est ainsi qu'il faut faire avec son supérieur n'est-ce pas ? Il m'observe rieur et prend ma petite main dans sa grande paume. 

- Bonjour. Il resserre sa prise, mes doigts craquent, et secoue longuement la poignée que je lui offre. Je réprime une grimace dégoutée. Ça va gamine ? Il ne me lâche toujours pas. Dans mon esprit je m'imagine le plaquer contre le bureau derrière lui à l'aide d'une clef de bras. Il me supplie alors de le laisser vif. 

- Ça va. Fin de la conversation. Je retire ma main endolorie et m'enfuis vers la sortie. Dans son dos je tire la langue. Non mais pour qui il se prend à me traiter comme une enfant ! Je boude.



***

Voici la première petite anecdote, j'espère qu'elle vous plaît. Je vous dis à la prochaine, avec pour thème "le premier jour".  Passez une bonne journée -avouez vous venez d'imaginer une caissière/er- Kiss !!

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⏰ Last updated: Oct 21, 2018 ⏰

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Papotage de caissièreWhere stories live. Discover now