Chapitre 0 : Et Dieu créa Lison...

41 0 0
                                    

Regardez-moi ça ! Tout ce petit monde faisant la fête à trois heures moins le quart tandis que la moitié d'entre eux ferait mieux de s'atteler à réviser les partiels de rentrée. Mais non, au lieu de cela, ils rigolent, jouent à action ou vérité, discutent, se galochent et certains procréer même dans une chambre au fin fond de cette immense appartement londonien. Moi, seule personne à moitié saine d'esprit, euphémisme quand tu nous tiens, observe une des personnes que je suis obligée d'appeler amie récurer le palais d'un garçon de mon école.
Beurk, une grimace de dégoût étire mon visage, et, me forçant à regarder ailleurs, je découvre une autre de mes amies qui, le regard dans le vide, chantonne en coréen, presque comme si elle nous faisait une invocation satanique : franchement c'est pas mieux de ce côté-là. Bon, au moins, elle est pas bourrée et fait un bon repose tête, d'autant plus que l'alcool la fait parler ; on devrait la faire picoler plus souvent à mon humble avis. Elle pense sûrement que je dors, soi-disant que ma résistance à la fatigue est proche du néant... Elle a pas tout à fait tort. Mais, ce qui parvient à surpasser ma non résistance à la fatigue, c'est mon obsession pour la collecte de dossiers. Prenons par exemple cette même première "amie" qui fait gracieusement la poule au milieu d'un cercle d'admirateur à qui l'alcool ne réussit pas mieux. Et hop, une vidéo pour les 20 ans dans un mois. C'est fou ce que je peux être efficace...
Mon repose tête remarque mon geste et sourit d'un air complice.

"T'inquiète pas, je dirais rien. Fait elle de sa voix grave et fatiguée. Je commence à croire qu'elle était en mode veilleuse tout à l'heure.

- Merci.

- J'aurais trop peur de me recevoir un de tes couteaux." Ah ! Je me disais bien qu'il y avait un truc pas net derrière tout ça.
Elle me sourit en rigolant et je pousse un soupir las. Un mouvement brusque attire de nouveau mon regard vers le cercle formé au milieu de la pièce. Quelqu'un, je vous laisse deviner qui, a eu la Merveilleuse idée de se jeter sur l'un de ses admirateurs, et, l'effet domino étant ce qu'il est, un Merveilleux tas humain trône désormais au centre de la pièce.

"Tu sais, j'ai vu la même chose dans un musée espagnol. Sauf que cette fois là, c'était des chinois à poil. Fait mon repose tête en s'approchant de mon oreille.

- Espèce d'obsédée. Ralliais-je en la jugeant allègrement du regard, ce qui, soyons franc, ne semble pas l'impressionner le moins du monde.

- Dit la prude !

- Je suis Pas Prude ! M'exclamais-je en instant sur la négation. Pour qui elle me prend celle-là... Je vous jure les gosses.

- C'était quoi déjà ? Pas d'alcool, pas de cigarette, pas de drogue et surtout pas de petit copain ? Énumère-t-elle en comptant fièrement chaque point sur ses petites mains.

- C'est du domaine de la santé ! Pas de la pruderie. Me justifiais-je à voix basse. Le problème quand elle parle la petite, c'est qu'elle trouve toujours un truc à répondre. Et c'est chiant...

- Parles toujours tu brasses de l'air ! Et bah tiens, qu'est-ce que je disais...

- Ah bah merci, c'est beau l'amitié !

- Moi aussi je t'aime." Fit-elle avec un sourire fier.
Notre discussion d'une grande maturité est laissée en suspens par la porte qui claque, laissant apparaître une brune bien connue elle aussi. En effet, cette petite lâcheuse est partie s'expliquer avec son ancien petit copain resté en France, et ce, depuis le début de la soirée. Faisant donc office de fantôme, on aurait, soit, bien voulu la faire disparaître totalement afin de ne pas s'inquiéter de ses divergences avec le nabot, soit, profiter de sa présence afin de soutenir les pauvres âmes en détresse que nous sommes. Aucune de ces possibilités n'étant apparemment disponible, nous nous contenterons de son âme errante quelque part entre Londres et la France.
Dans un geste absolument fabuleux, elle dépose son arrière train sur le canapé déjà bien rempli et squat allégrement l'autre côté de mon repose tête personnel.

Colocations : La pluie est la plus belle des saisonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant