#5 Wentworth

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L'inconnu regarde la petite boite en métal sans comprendre. Je l'ouvre en lui expliquant :
" C'est pour soigner les éraflures sur ton visage." Il porte ses mains à ces joues, comme s'il venait seulement de prendre conscience qu'il est blessé. Il a décidément l'air complètement à l'ouest.

Après une gorgée de café, je décide qu'il est temps de briser la glace et d'éclaircir un peu la situation :

"- Je m'appelle Léa.
- Went. Wentworth."

Waou on progresse dans la communication.

En cherchant des compresses et quelque chose qui ressemblant à un désinfectant, je demande : "Tu peux me dire ce qu'il t'est arrivé ?" Il soupire ... et grimace à nouveau en se tenant les côtes.

"J'ai fait une mauvaise rencontre. Je ... Des types me sont tombés dessus pour me tabasser.
- Tu es blessé ? Ailleurs qu'au visage je veux dire.
- Je ne sais pas. J'ai mal aux côtes, à gauche.
- Ok. Il faut que tu voies un médecin. Que tu portes plainte !
- Non."

Effarée, je le regarde avec des yeux ronds. Mais il n'en dit pas plus. Il a l'air profondément triste, presque au bord des larmes. Je le trouve extrêmement touchant, en plus d'être beau comme un dieu. Puis d'un coup, mon cerveau fait la connexion : ce mec est connu. Je l'ai déjà vu quelque part ... Mais oui !!! La série télé Prison Break ! Mickaël Scofield, c'est lui ! Ma moi intérieure fait un salto arrière mais je décide de rester calme :

"- Ton visage ne m'est pas inconnu. Tu es acteur non ?
- Oui."

Décidément il a du mal à décrocher plus de deux mots à la suite. Je décide de m'occuper des coupures qu'il a au visage. Il serre les dents sous la piqûre du désinfectant. Quelques minutes plus tard, toujours dans le silence, j'observe le résultat de mon job d'infirmière d'un jour : Wentworth est déjà plus présentable et les blessures n'ont pas l'air trop graves.

A sa posture sur la banquette, je constate qu'il souffre réellement : "- Tu ne peux pas rester comme ça, il faut que tu vois un médecin. Il y a l'Hôpital Américain de Paris pas loin d'ici. Ils sont habitués à recevoir des VIP, tu seras tranquille là-bas." Son regard semble retrouver un peu d'espoir. Je lui souris et propose de lui trouver un taxi qui l'emmènera directement là-bas.

En pianotant sur mon téléphone pour commander un Uber, je réalise que je n'ai pas du tout envie de quitter cet inconnu (qui ne l'est plus tant que ça maintenant). Et là ce n'est plus mon côté Mère Teresa qui parle, mais bien mon cœur de jeune femme. Dans quoi me suis-je embarquée ?!

L'improbable rencontre !Where stories live. Discover now