Nuit noire, rouge Aurore

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« Le suicide est un péché mortel. », Jean Cocteau, Les enfants terribles.

Le froissement des draps criait une absence.

Aurore se retournait en tous sens dans son lit, une douleur de ventre habituelle tordant son estomac. Les rideaux bleus de la chambre ondoyaient et soufflaient un air glacial, ce vent aigu de l'hiver qui l'avait réveillé et qu'elle avait, vraisemblablement, confondu avec un cri. La main contre l'abdomen, des boucles obstruant ses cils, elle se saisit de son portable posé sur sa table de nuit : 3 heures 46 du matin. Toutes les nuits, depuis aussi loin qu'elle se souvenait, elle était tirée de son sommeil à cette heure précise, persuadée qu'on l'appelait. Lorsqu'elle ouvrait les yeux, chaque fois, un vide immense torturait ses organes à l'en faire gémir.

Aurore respira lentement pour apaiser sa souffrance et finit par se lever du lit pour fermer la fenêtre, qu'elle ne se rappelait pas avoir ouverte. Titubante, mal réveillée, le ventre geignant, elle se recoucha comme une masse dans son lit déjà froid et se rendormit, sa paume appuyant contre son nombril.

Le bruit de ses parents en train de prendre un petit-déjeuner dans la cuisine réveilla Aurore à l'aube. Lassée par ce sommeil en à-coups, elle se décida à se lever, se disant qu'elle dormirait mieux la nuit prochaine assommée de fatigue. Elle s'extirpa de sa couette maladroitement, attrapa un sweat traînant mollement au sol et descendit l'escalier grinçant.

« Déjà réveillée ma puce ? Questionna sa mère, assise à la table, une tartine luisante de confiture vermeille entre les doigts. » Pour toute réponse, Aurore bougonna et se dirigea vers la bouilloire pour se préparer un café.

« T'as cours aujourd'hui ? Enchaîna son père, s'agitant dans le salon à côté pour réunir ses affaires.

- Non, répondit la jeune fille.

- Comme tu es déjà levée j'ai une bonne idée pour que tu puisses rentabiliser ta journée correctement ! S'exclama sa mère.

- Faire un marathon Seigneur des Anneaux ?

- Même mal réveillée tu arrives à faire du sarcasme, qu'est-ce que ma fille est intelligente. Sinon je pensais au fait que tu pourrais enfin trier les cartons du grenier... On a vraiment besoin de place et je pense que y'a pleins de trucs à jeter.

- Sérieusement ? Mais j'ai très franchement la flemme.

- Aurore ça fait six mois qu'on te demande et six mois que tu as la flemme. Maintenant si tu veux ne rien faire, et bien ne fait rien mais dès demain moi je jette tout. J'espère que tu es sûre qu'il n'y a rien que tu veuilles conserver.

- C'est bon, c'est bon. Je vais le faire.

- Merci ma grande.

- Aurore ? L'appela alors son père qui passait dans la cuisine.

- Quoi ?

- Deux mugs de café le matin c'est beaucoup tu sais et ça fait trop de vaisselles après alors évite.

- Mais de quoi tu... » Avant de finir sa question, Aurore venait de regarder ses mains terminant de remplir une seconde tasse d'eau bouillante, s'amalgamant aux grains du café soluble posés en lit au fond de la porcelaine. Absorbée par la discussion désagréable, elle avait effectué automatiquement ses gestes et n'avait pas réalisé qu'elle préparait un café en trop.

« Je euh... bégaya-t-elle. Suis désolée. Quelqu'un veut un café ?

- Non Aurore faut qu'on y aille, l'informa sa mère après avoir terminé sa tartine.

Nuit noire, rouge AuroreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant