Prologue : La fin d'une époque

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Un bain de sang. Mes vêtements, ma peau, les murs, le sol ... tout est recouvert de sang. Je reste pendant un moment allongé sur le sol, dans cette marre, encore sous le choc de cette tuerie, de cette boucherie. Plus aucun bruit dans ce gymnase, je relève donc la tête et constate qu'ils sont partis, il n'y a plus que moi et les corps qui jonchent le sol. Il n'y a pas âme qui vive dans ce gymnase alors que quelques minutes avant, nous fêtions à coeur et joie l'année scolaire se terminant. Un bal de joie, un bal d'oubli des méfaits du Bloody Circus. Mais la violence amène la violence et le cercle vicieux s'installe. Je ... je dois arrêter ça, c'est à personne d'autre de le faire, j'ai ma responsabilité dans cet acte et j'ai l'intention de tout faire pour que ça s'arrête.
Je me mets debout et attrape l'arme de poing que j'ai dans le dos, un pistolet Remington de 1911. J'enlève la sécurité et je chambre la balle.
Ce soir est sûrement le dernier soir que je passe en liberté, si ce n'est pas juste mon dernier soir. Je soupire et avance, je me tourne pour observer si des gens pourraient avoir survécu mais cette salle semble être définitivement morte. Les lumières, ballons, tables et buffets sont intactes pour la plupart. Ce jeu de lumière fait contraste avec la tristesse de la pièce, j'enjambe les corps et le chemin vers la sortie me semble interminable. L'odeur du sang des élèves imprègne les nasaux et rajoute une pointe macabre à cette scène que je vis. Une soixantaine d'étudiants sont tombés ce soir, par la faute d'une seule personne. Cette fois plus question de pardonner ou d'exempter ses actes. Ce soir il ne restera que l'un de nous deux.
J'arrive devant les portes du gymnase, je les pousse et je me trouve dans un long couloir dont la lumière saccadée du néon ne laisse pas la meilleure visibilité sur la porte du fond. Je m'appuie contre le mur de gauche pour marcher. Ils ont réussi à me toucher à la jambe gauche mais par chance je n'ai pas l'air de perdre trop de sang, j'en profite donc pour continuer d'avancer tant que je le peux. L'adrénaline des événements m'aide pour beaucoup. Je traverse le couloir et me cale contre la porte, je n'entends rien derrière, j'ouvre donc la porte et je suis dorénavant dans les couloirs de l'école au rez-de-chaussée. Ils devraient se trouver sur le toit de ce bâtiment normalement, du peu que j'ai entendu avant qu'ils ne partent. Je progresse dans le noir, ne voulant pas alerter une possible embuscade dans une salle de classe environnante. Ce bâtiment est consacré aux sciences, j'espère qu'ils n'ont pas récupéré des produits toxiques dans les laboratoires. J'entends quelqu'un patrouillant devant les escaliers menant à l'étage. C'est un milicien, je n'ai pas tellement peur de le tuer mais que le bruit engendré par le coup de feu avertisse d'autres miliciens dans les environs. Je vais donc couper par cette salle de classe et atteindre le deuxième escalier encore plus loin. Le milicien est bien équipé, je n'ai plus le droit à l'erreur. Je rentre dans la salle de classe et je la traverse accroupi. Quelques gouttes de mon sang tombent au sol, je laisse des traces ensanglantées à cause de mes chaussures. Arrivé au fond de la salle je constate que la porte est fermée ... je vais donc devoir affronter ce milicien. Je retourne devant la porte d'entrée de la salle de classe, l'arme chargée. Je sors et avance en sa direction. J'appuie sur la détente en visant la tête du milicien qui meurt sur le coup. Le bruit résonne dans tout le bâtiment et j'entends du mouvement aux étages. Je récupère rapidement le gilet pare-balle du milicien et sa lampe torche. Je laisse tout le reste et pars en direction du deuxième escalier. À mi-parcours alors que j'entends du monde s'agiter dans les autres escaliers, je décide de me rendre dans une salle de classe sur le côté et d'enlever mes chaussures ensanglantées. Je mets le gilet pare-balle en quatrième vitesse et décide de continuer par les salles de classe. J'arrive au deuxième escalier. Je regarde là où j'ai laissé le milicien pour mort. Il y'a des lumières qui éclairent le milicien au sol et je comprends que les autres avancent en colonne d'assaut, pas à pas en longeant les murs. C'est ma chance, tant qu'ils n'ont aucune visibilité sur ce couloir, j'emprunte le deuxième escalier qui semble vide de monde. Malheureusement cet escalier ne me mène qu'au deuxième étage. Je dois prendre l'escalier principal pour aller au troisième étage et ainsi trouver l'escalier de maintenance qui mènera au toit. Ce couloir est très certainement surveillé par les miliciens que j'ai entendu dans l'escalier que je viens de parcourir, d'autant plus que les portes de toutes les classes sont ouvertes. Je vais donc longer le mur de gauche pour avoir une meilleure visibilité sur les classes de l'autre côté du mur. La douleur à ma jambe se fait de plus en plus sentir, mais malgré tout je dois avancer, j'y suis presque, je dois en finir. Je calme ma respiration au maximum pour ne pas faire de bruit, par chance il n'y avait personne dans les premières classes, plus que trois. Arrivé au niveau de la deuxième porte, je ne vois personne dans la salle de classe en face. Je m'accroupis et écoute à l'affût du moindre bruit... mais rien ne semble signaler la présence de qui que ce soit. Je jète un coup d'œil furtif puis je passe discrètement. Personne là non plus, encore deux rangées de classes et j'arrive à l'escalier principal. Mais arrivé près de la troisième porte j'entends du bruit et je ne vois personne dans la salle de classe en face. Je décide donc de prendre une seule balle de mon chargeur et de la jeter dans la salle de classe en face. La balle fait du bruit en rebondissant. Le milicien dans la salle juste à côté murmure quelque chose à un autre milicien. Puis je l'entends se rapprocher de la porte. J'aperçois à peine sa tête quand mon doigt pressa la détente, le milicien n'a pas le temps de tomber au sol que j'entends du bruit et un cri. "Il est ici !" s'exclame-t-il pour attirer l'attention de tous les autres. J'ai nul autre choix que de faire vite maintenant, j'attrape le corps au sol pour m'en servir de bouclier humain, je passe devant la porte avec le cadavre et aperçois deux miliciens se mettant à tirer. Je profite de la confusion pour abattre l'un des deux hommes et continuer ma route. Je récupère le M16 du milicien me servant de bouclier et je cours jusqu'à l'escalier. Je passe le couloir et me cache contre le mur juste avant la première marche de l'escalier principal. J'entends les miliciens de tout à l'heure monter, avec les lampes, je dirais qu'ils sont cinq courants vers moi. Je tire avec le M16 vers l'étage inférieur pour les forcer à s'arrêter dans leur course. Une fois fait, je monte les marches en surveillant l'étage supérieur pour ne pas qu'on m'attende. Et cette méthode porte ses fruits, je vois un milicien sur qui je tire dans l'épaule et qui manque tout de même de me toucher à la tête. Il tombe au sol et je cours en montant les marches. J'aperçois le couloir où j'étais à l'instant de là où je suis, je tire quelques balles dans la direction pour forcer l'arrêt du milicien encore en vie que j'ai laissé derrière moi. Arrivé au troisième et dernier étage, je pousse l'arme du milicien au sol que je n'ai fait que blesser. Il me supplie de ne pas le tuer, je pointe alors mon pistolet vers lui et je tire dans les deux genoux. Je vise alors sa tête et dis d'un ton froid "Si tu communiques une quelconque direction à tes collègues, je reviendrais te tuer." au même moment je tire une balle dans son torse. Je ne vise pas le cœur mais plutôt un poumon. Mon tir n'est pas mortel sur le court terme, ce milicien pourra être sauvé si au moins deux autres s'en occupent et lui font les soins nécessaires. Les cours m'auront au moins servit à quelque chose, de plus son poumon percé l'empêchera de parler correctement. Je récupère la radio sur lui et j'accours vers l'escalier de maintenance menant au toit. Il n'y a aucun milicien pour me barrer la route. J'arrive mais la porte est fermée à clef. Je tire dans la serrure avec le M16 mais je n'ai plus de balles. Je jète l'arme dans l'escalier de maintenance et j'utilise des casiers pour bloquer la porte. J'active ma lampe torche car plus aucune lumière ne fonctionne dans ce bâtiment, ils ont sûrement dû faire disjoncter le courant.
Je profite de cette minute d'accalmie pour utiliser la radio et me connecter à la fréquence de la police. Je dis sobrement à la radio « Je m'appelle Sebastian Silverstar, je suis étudiant à l'université de Bloody Circus School dans l'état de Washington. Une tuerie a éclatée dans le gymnase de l'université. Des miliciens avec un équipement lourd de guerre sont dans le bâtiment des sciences, je me dirige sur le toit de ce bâtiment pour neutraliser... » je n'ai pas le temps de finir ma phrase que des miliciens tirent à travers la porte. Par chance c'est mon gilet pare-balle qui bloque les tirs mais la radio est morte sous l'une des balles. Je cours donc pour me mettre à l'abri. Mon rythme cardiaque est affolé, ma respiration saccadée et mes jambes trembles sous la peur que j'ai ressenti à cause des impacts de balle sur mon gilet. Je soupire une fois à l'abri et je sors mon pistolet Remington. Ma jambe saigne toujours et je boitille de plus en plus. Je monte doucement jusqu'en haut de l'escalier et j'arrive devant la dernière porte à passer. La porte me donnant accès au toit. L'angoisse me gagne, je sais ce qu'il va se passer et je le crains. Je crains cet affrontement qui va suivre. Je pose ma main sur la poignée en réfléchissant pendant un long moment. Je me décide enfin à appuyer sur la poignée et j'ouvre la porte en avançant sur le toit. Je pointe mon arme et dis « Nous y voilà à nouveau et il ne peut en rester qu'un cette fois ci... ».

Bloody Circus SchoolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant