mami
mami, ma p'tite vie
mami, ma sauveuse dans la nuit
quand j'criais, quand j'pleurais, quand le noir m'agressait, quand je voyais des fantômes
mami mon ange gardien
c'est toi qui m'a appris ce mot, d'ailleurs
tu me l'as murmuré à l'oreille, avec un petit sourire attendri
j'étais ailleurs
j'ai pas pensé que cet instant pouvait être le dernier
ces souvenirs sont éphémères, ils s'effritent, ils se perdent
et je hais de n'avoir su les garder
j'étais trop jeune, peut-être
comment j'aurais pu prendre conscience
j'ai l'impression d'être toujours en avance
pas cette fois
encore, mami, je te vois
t'as pas disparu
le temps gâché file toujours
et j'arrive pas à récupérer c'qui fût
ma mami couleur, ma mami toujours
ma mami des beaux jours
mami sourire, mami doux rire
mami mains de fée
mami qui peut tout réparer
mami je me perds dans les vagues
mami fierté
mami à impressioner
mami inquiète
mais mami toujours rassuréeet puis il y a eu cette fois
la fatigue, sur tes traits, l'effroi
de te voir faible, changée, différente
jusqu'à ce que j'oublie le passé
comme si c'était pas important
comme si tout le monde s'en foutait
nan, t'as pas disparu
mais je te reconnais plus
tu t'es caché derrière tes vocalises de malade
de presque soignée
moi derrière mes sourires tristes
mes humeurs hypocrites
que je suis la seule à comprendre
mami bavarde
puis mami muète
mami joie
puis mami mélancolie
mami perd la foitu ris plus trop mami
tu fais plus trop d'bruit
tu calme plus mes cris, tu me regardes longuement, puis tu baisses les yeux
lâcheté de l'âge, mes pomettes de feu
et je hais te voir me regarder
je hais voir que tu as changé
j'attends toujours le retour de mes innocences juvéniles
et toujours le temps file
toi aussi
tu me files entre les doigts, mami
le temps qui passe et qu'on passe
ne pourra remplacer ces après-midi
de quand j'étais petite
de quand tout était simplecomment te faire comprendre que mon orgueil sans cesse me frêne
lorsque j'ai peur que pour finir tu disparaisses
je pensais être prête, peut-être pas tant que ça
comment te dire, hein, tout simplement, "mami, je t'aime"
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écumes de vie
Short Storyla vie, c'est comme une grande plage interminable. on s'y perd, on y créé, on la comtemble, bien souvent à plusieurs, et on finit par s'y ennuyer, quand il ne se passe plus rien, quand les touristes ont déserté les étendues chaudes devenues froides...