écumes de vie

je sais pas

Parfois je me sens juste vide. Je ris mais je ne suis pas heureuse. Comment sera la vie ? Est-ce que j'arriverai à trouver ce qui fera vibrer mon coeur ? Est-ce que je trouverai un jour quelqu'un qui donnera un sens au mot "amour" ? Est-ce que la vie en vaut la peine, où n'est-ce qu'un fardeau dont je peux me débarrasser quand j'en ai envie ? Est-ce que j'aurai le courage de travailler assez pour réussir ma vie ? Et puis c'est quoi, "réussir sa vie" ? Est-ce que je ne serai pas plus heureuse sans faire d'étude, en vivant de l'art ? Ai-je assez de talent ? Est-ce que c'est vraiment l'art qui me correspond ?
J'aimerais avoir ce petit truc qui me permettrait de fasciner le monde. Savoir dessiner, sculpter, photographier, écrire. Encore faudrait-il que j'ai le courage de progresser, savoir m'améliorer.
Avec le courage de me mettre à faire ce dont j'ai toujours eu peur. Choisir ce qui me correspond.
Pourquoi tout paraît simple quand ce sont les autres qui s'y mettent ? Je préférerais savoir peindre que savoir travailler. Mon âme n'est pas libre quand je suis en cours, pourtant c'est dans ce domaine que j'excelle.

Et mes amis, sont-ils vraiment des amis ? Qui seront là quand on m'enterrera ? J'ai l'impression de les entendre parler de quelqu'un d'autre quand ils me décrivent. 

Je me cache toujours derrière les mots. Réfléchir, c'est tellement simple. Je hais ceux de mon âge qui aggissent sans réfléchir pourtant hier je me suis surprise à rêver à ce qu'on m'ampute le cerveau. Juste une seconde sans cette coups de massue qui résonnent dans mon crâne, serait-ce trop demander ?

Hier je ne savais plus. Aujourd'hui, toujours pas. Les jours passent. Toujours cette mélancolie quand le soleil se couche.

Hier je pensais être différente. Aujourd'hui je sais que mon voisin aussi pense être différent.

Les questions changent au fur et à mesure que les années passent. La seule chose qui ne change jamais, finalement, c'est l'absence de réponse. Quand un obstacle d'apparence insurmontable est surmonté, un autre apparaît à l'horizon. C'est donc ça la vie ? Une série d'obstacle ?

Hier ce monde me révoltait. Aujourd'hui je suis fatiguée de me battre.

Hier, j'enviais la veille. Aujourd'hui j'essaie d'attraper un morceau d'avenir pour savoir si j'y ai ma place.

Demain mon père me regardera de ces yeux océans et me murmurera que mami est partie loin.
Alors je ne serai même pas triste. Je resterai chez moi quelques jours, bercer mon âme de quelques notes de piano, envier un monde que je n'aurai jamais le courage de rejoindre. Puis je rejoindrai mon école, toujours ces notes dans les oreilles, pour me rappeler cette mélancolie qui ne me quitte jamais. Je sourirai de toute mes dents, comme si j'étais heureuse. On me regardera avec pitié un instant. Puis on baissera les yeux, et tout redeviendra comme avant.

Mami. On me répète que je devrais te dire au revoir. J'aurais aimé dire au revoir à ton ancien toi.
J'aurais peut-être cet instant de regret. Je penserai à tout ce que j'aurais aimé te dire.

J'aurai aimé que tu lises mon poème, mami. Pas pour que tu saches à quel point je t'aime, non, j'ai la naïveté de croire que tu le sais déjà. J'aurais simplement aimé que tu saches que je ne t'ai pas oublié. Que tu te souviennes un instant de tous ces moments qu'on a passé ensemble.

C'est toujours toi qui me le demande. Voilà ce que j'aimerais te demander à mon tour, mami : "Est-ce que tu te souviens de ce jour-là ?"