Comme pour la plupart des cultures sans économie monétaire, le fondement de la culture des hackers
est la réputation. Vous essayez de résoudre des problèmes intéressants, mais seuls vos pairs ou vos
supérieurs dans la hiérarchie technique sont à même de juger si ces problèmes sont intéressants, et
si ces solutions sont vraiment correctes.
Par conséquent, si vous jouez le jeu du hacker, vous apprenez le score principalement à partir de ce
que les autres hackers pensent de vos capacités, et c'est pour ça que l'on n'est vraiment un hacker
que lorsque les autres hackers vous considèrent comme tel. Ce fait est obscurci par l'image du hacker
comme un travailleur solitaire, aussi bien que par un tabou de la culture des hackers (qui s'estompe
progressivement mais qui reste présent) : le fait d'admettre qu'une partie de sa motivation vient de son
ego ou de la recherche d'une acceptation externe.
De façon spécifique, le monde des hackers constitue ce que les anthropologues appellent une culture
du don. On obtient un statut ou une réputation non pas en dominant les autres, en étant beau ou en
possédant des choses que les autres désirent, mais en faisant des dons : de son temps, de sa
créativité, du résultat de ses compétences.
Il y a principalement cinq types de choses à faire pour être respecté par les hackers :
1. Ecrire des logiciels libres.
La première, la plus centrale et la plus traditionnelle, est d'écrire des programmes dont les autres
hackers pensent qu'ils sont amusants ou utiles, est de faire don du code source pour que toute lacommunauté des hackers puisse les utiliser.
Les "demi-dieux" les plus respectés dans l'univers des hackers sont ceux qui ont écrit des
programmes importants, utiles et correspondant à un besoin répandu, et qui en ont fait don à la
communauté, de sorte que maintenant tout le monde s'en sert.
2. Aider à tester et à débugger des logiciels libres.
Il est également utile d'aider à débugger et à perfectionner les logiciels libres. Dans ce monde
imparfait, nous passons inévitablement la part la plus importante du temps de développement d'un
logiciel dans la phase de débuggage. C'est pour cela que les auteurs de logiciels libres savent que
des bons béta-testeurs (ceux qui savent décrire les symptômes clairement, localiser précisément les
problèmes, qui peuvent tolérer quelques bugs dans une distribution rapide et qui sont prêt à appliquer
une procédure de diagnostic simple) valent leur pesant d'or. Un seul d'entre eux peut faire la
différence entre une séance de débuggage cauchemardesque et une simple nuisance salutaire.
Si vous êtes un débutant, essayez de trouver un programme en cours de développement qui vous
intéresse et de devenir un bon béta-testeur. C'est une progression naturelle que de commencer par
aider à tester des programmes, puis d'aider à les débugger, puis d'aider à les modifier. Vous
apprendrez beaucoup de cette façon, et vous vous ferez un bon karma par rapport à des gens qui
vous aideront plus tard.
3. Publier des informations utiles.
Une autre bonne chose est de réunir et de filtrer des informations utiles et intéressantes sous forme
de pages Web ou de documents comme les FAQs (listes de Frequently Asked Questions, [en
français, Foires Aux Questions, NDT]) et de les rendre accessibles à tous.
Les personnes qui maintiennent les FAQs techniques les plus importantes sont presque autant
respectées que les auteurs de logiciels libres.
4. Aider à faire tourner l'infrastructure.
La culture des hackers (et le développement technique de l'Internet) marche grâce à des volontaires.
Il y a beaucoup de travail peu excitant, mais nécessaire, qui doit être fait pour que ça continue à
tourner : administrer les mailing lists [listes de diffusion, NDT], modérer les newsgroups, gérer les sites
d'archives de logiciels, écrire les RFC [Requests For Comments, les "normes'' de l'Internet] et autres
standards techniques.
Les gens qui font ce genre de choses sont très respectés, parce que tout le monde sait que c'est un
boulot qui demande énormément de temps et qui n'est pas aussi drôle que de jouer avec du code.
5. Servir la culture des hackers elle-même.
Pour finir, vous pouvez servir et propager la culture elle-même (par exemple, en écrivant une
introduction précise [ou une traduction d'icelle, NDT] sur comment devenir un hacker :-)). ce n'est pas
quelque chose qu'il vous sera possible de faire avant d'avoir été dans le bain pendant un certain
temps et d'être devenu bien connu pour l'une des quatre premières choses.
La culture des hackers n'a pas de chefs, au sens précis du terme, mais elle a des héros, des
historiens et des porte-parole. Quand vous aurez été dans les tranchées pendant assez longtemps,
vous pourrez peut-être devenir l'un de ceux-ci. Mais attention : les hackers se méfient des egos
surdimensionnés chez les anciens de leur tribu. Il faut donc éviter de montrer ouvertement que l'on
recherche à obtenir ce genre de célébrité. Il vaut mieux faire en sorte qu'elle vous tombe toute cuitedans votre assiette, et toujours rester modeste à sujet de votre statut.
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Comment devenir un Hacker?💀
AcakS'il est une question qui revient souvent sur le Web, c'est bien celle-là : comment devient-on hacker? Et d'abord, qu'est-ce exactement qu'un hacker? .Lorsqu'on parle de « pirate », on ne pense pas forcément aux "pirates du net". Pourtant, ils sont...