Chapitre 1

8 1 0
                                    


Il est 21h00 quand je finis de nouer mon noeud papillon. Je jette un regard dans mon miroir, mon costard noir contraste avec mon teint blanc. Mes cheveux bruns bouclés me donne un côté négligé qui contraste totalement avec ma tenue et mes yeux bleus semblent totalement vides.

21h15, je monte dans ma voiture accompagné de Charles, mon meilleur ami, et Luc, mon petit frère. J'allume le contact, allume mes feux, ouvre ma fenêtre et m'allume une cigarette.

21h45, on arrive dans la salle de réception, un grand tapis rouge horne l'entrée, au fond se trouve deux grands escaliers qui se rejoignent en un balcon intérieur. A droite se trouve un buffet et a gauche la scène avec des musiciens et une piste de danse pour les plus ambitieux.

« -Qu'Est ce qu'on fou la? grogne Charles en essayant de desserrer légèrement sa cravate
- C'est mon père qui organise, et tu sais que c'est moi que le représente, Luc ne peut pas, c'est encore un minus »

Chaque année mes parents organisent un gala de charité, avec des amis a lui mais aussi et surtout des icônes françaises peu importe leur domaine, art, économie, politique ... Chaque année il soutient un projet différent. Cette année il a choisit de représenter une association dans la lutte contre les maladies infantiles. Elle est implantée dans toutes les régions de France, et chaque région est représentée par une personne qui se chargera ensuite de la distribution et l'utilisation de l'argent dans leur région. Souvent ce sont les enfants de ses amis, ou ses amis eux-mêmes parce qu'il est sur d'avoir confiance en eux.

« - J'suis peut être un minus mais j'ai pas de discours a faire et je peux me casser quand je veux, répond Luc tout fier de lui »

Nous marchons machinalement vers le bar, tout en discutant de qui a le plus de chance.
Mon frère tranquille, qui peut s'amuser ou moi qui représente la Normandie, qui doit convaincre des investisseurs et faire un beau discours sur l'utilisation de l'argent dans notre région.

22h30, les discours débutent. Toutes les régions y passent, moi y compris. Mon discours était plutôt simpliste mais contrairement à d'autres il est réalisable ce qui rassure énormément les investisseurs.
Je descends de la scène, en marchant vers le fond, j'entends des « Bon discours Gauthier », auquel je réponds par des brefs merci sans prêter attention aux personnes.

Il ne reste plus qu'un discours, celui pour la région Île de France, je me demande qui la représente, c'est une grosse région, il faut une personne réellement impliquée dans l'humanitaire.
J'entends des applaudissements, c'est le moment parfait pour m'éclipser fumer, personne ne remarquera mon absence.

Une fois dehors, j'aspire une grande bouffée de ma cigarette et tend l'oreille pour écouter le discours. La voix est douce, simple , celle d'une fille d'environ mon âgé.

« Bonsoir a tous, je tenais a vous remercier d'être venu si présent, et je remercie notre hôte de nous accueillir dans ce merveilleux endroit »
C'est bien la première a faire des remerciement.
« C'est un honneur pour moi de représenter ma région, mais surtout cette association. La cause des enfants est une cause qui me touche particulièrement par mon histoire personnelle d'une part mais surtout par leur sagesse et leur innocence. Il represente ce que la vie a de plus beau à offrir, la joie, l'amour et la bienveillance. »
Son discours continue mais je n'arrive plus a discerner ses paroles, seul le son de sa voix me parvient. Je la connais, j'en suis sure c'est elle
.
Je jette ma cigarette et entre dans la salle, mon regard se pose sur le sien, ses yeux bruns, à la limite du noir m'envoûtent. Elle n'a pas changé, elle a toujours cette prestance et cette confiance en elle qui m'épate. C'est cheveux bruns bouclés font de léger mouvement accompagnant son corps. Elle porte une robe courte bordeaux, avec les épaules dénudés. Son cou est habillé d'un collier en or et ses pieds d'escarpins noirs. Elle est magnifique, elle est simplement belle, elle n'a pas changé. Son sourire m'envoûte une nouvelle fois, comme lors de notre premières rencontre il y a 3 ans.

Elle termine son discours et quitte l'estrade sous des applaudissements et des remerciants de personne qui lui sont totalement inconnues.
Je la suis du regard, elle rejoint Vincent, son père adoptif, un ami de mon père, qui la félicite.
Elle est ensuite envahit de personnes, des questions lui sont posées, certains hommes lui proposent une danse, d'autres un verre qu'elle refuse gentillement à chaque fois. Son visage est plus mur, ses courbes plus dessinées, elle ressemble a une femme.

Je la vois qui se dirige vers la terrasse des fumeurs accompagnée d'un groupe d'investisseur, je me décide a la suivre. Il faut qu'on parle, ce n'est pas le hasard si elle est la, le hasard n'existe pas. C'est le destin me dit ma conscience.

« Gauthier ou tu vas? M'interpelle Charles
- Elle est la.
- Qui ca? Sois plus clair hein, me répond il perdu. »
Face a mon silence il comprend et me dit de foncer.

Je me dirige dehors a mon tour, elle s'apprêtait a rentrer dans la salle seule mais je l'interpelle

« -Bonsoir »
Elle s'arrête me regarde pendant 2 secondes avant de répondre a mon bonsoir.
Je lui tends un cigarette qu'elle refuse
« - j'ai arrêté de fumer »
Un silence s'installe entre nous, alors qu'elle s'apprête a rentrer dans la salle je me décide a parler
« Il faut qu'on parle »

Elle se retourne intriguée, ses sourcils se froncent et ses yeux noirs, signent de colères, me regardent avec incompréhension
« Je n'ai rien a te dire, me répond-elle
- Alors écoutes moi.
- Non, me coupe t elle, je n'en ai pas envie Gauthier. Ça fait 3 ans et je ne veux plus de toi dans ma vie. Si ca peut te rassurer et soulager ta culpabilité, je ne t'en veux pas, je ne t'en veux plus. Ça a été dur d'accepter que tout était mensonge, mais je me suis faite à l'idée. T'es quelqu'un de complexe, mais t'es humain. Si tu n'as pas su être correcte c'est parce que je n'étais simplement pas celle qui t'as fais tombé amoureux. J'espère pour toi qu'un jour tu trouveras cette femme, cette femme avec qui tu ne penseras pas qu'a toi, cette femme pour qui tu feras tout. Je ne t'en veux plus, j'ai compris que ce n'était pas moi. Mais nous n'avons rien a dire, je ne veux plus de toi dans ma vie car tu ne m'apporteras rien. Je te souhaite une bonne fin de soirée Gauthier, au plaisir de t'avoir revu »

Elle me tend sa main que je serre machinalement. Je suis sur le cul, son discours était calme, posé et sincère, je lui serre sa main comme pour dire « je suis d'accord », mais je ne le suis pas, ce n'est pas ce que je veux. Je lui serre sa main comme pour lui dire « adieu » mais si elle est la ce soir, ce n'est sûrement pas le hasard, le destin m'a fait un cadeau, je ne peux pas l'abandonner si vite.

Alors que j'allais rétorquer, je remarque qu'elle est déjà partie dans la foule, et moi je suis la, debout, seul et perdu par cette maturité et ce discours qui m'a retourné l'estomac.

23h00, le regard dans le vide je la vois rire et je me rends compte encore une fois de ce que j'ai perdu.

RememberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant