Chapitre 2

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Il est 1h30 du matin, les invités commencent doucement à s'en aller. Cette soirée me semble interminable, on me pose des questions sur mon projet, l'association mais aucune réponse cohérente ne sort de ma bouche. Je suis obnubilée, par elle, par ce qu'elle m'a dit et par la façon dont je vais me rattraper. Le temps passe trop lentement ce soir mais assez vite pour que je ne sache quoi lui dire de plus.

« Bonsoir Gauthier, comment vas-tu depuis le temps? »
C'est le père de Lucie.
« Bien et vous? »
« Bien bien merci. Tu as vu que Lucie était la? C'est ton père qui m'a proposé de la choisir elle et c'est une merveilleuse idée. Elle semble avoir conquit tout le monde ce soir, que ce soit par sa beauté, son intelligence, son investissement ou ses connaissances dans le domaine médical. Elle nous a permit d'obtenir de gros chèques »
« Oui, je l'ai aperçu de loin »
Il émet un petit rire et me tape sur l'épaule avant de partir.

Je connaissais son père avant qu'elle même ne le connaisse, et c'est une personne qui a énormément d'amour et d'admiration pour Lucie. Enfin qui n'en aurait pas? Elle est belle, extrêmement intelligente, étudiante en médecine impliquée dans son avenir et toujours prête à aider les autres.

Je me souviens encore du première jour où je l'ai vu. J'étais à un festival où je devais rejoindre Sophie, une amie à moi, et il s'est avérée qu'elle avait invité Lucie. La première fois que je l'ai vu elle portait un jean trop grand, une doudoune fermée (bon il faisait 4° aussi c'est compréhensible), ses cheveux étaient remontées en un chignon fait à la va vite et elle n'était pas du tout maquillée. Mais des que j'ai vu son sourire une vague d'émotions m'avait traversée. Je n'avais jamais ressenti ça.  Elle venait de terminer sa 1ère année de médecine, elle était interessante, drôle et sa joie était contagieuse.
Nous avions parlé pendant des semaines suite à cette rencontre, et plus je lui parlais plus je la trouvais incroyable. Je découvrais son histoire et cette femme possède une force en elle qui est indescriptible.

4h30, la fête est terminée, les invités sont rentrés pour se reposer avant la journée de demain. Demain est organisé un grand événement avec des démonstrations, des spectacles et évidemment un énorme buffet.

Je suis sur le balcon entrain de fumer, Charles et Luc sont rentrés, je suis seul dans le calme et ça fait un bien fou.

« Ça caille merde »
Je me retourne et j'aperçois Lucie au pas de la porte, elle ne m'a pas aperçu. Elle s'appuie sur le balcon et observe le paysage. D'ici on a une vue sur la plage de Deauville et c'est magnifique, ça doit lui changer des paysages parisiens. Je la regarde peut être 5 ou 10 voir peut-être même 15 minutes avant qu'elle ne remarque ma présence.

« Oh, excuses moi, je ne voulais pas te déranger » me murmure-t-elle
« Tu ne me déranges pas »

Je m'adosse à côté d'elle et admire le paysage. La lune se reflète sur l'océan qui émet de légères vagues. L'air frais et salé de la mer nous parvient ce qui à pour habitude de me détendre.
Je tourne les yeux et la regarde. Ses yeux brillent à la lumière de la lune, son visage semble paisible et calme, ses lèvres sont pincées comme si elle réfléchissait. A quoi? On ne sait jamais avec elle.

« Tu penses a quoi? Lui demandai-je
- Aux mouettes. Pourquoi il faut toujours qu'elle nous chie dessus? »
Je la regarde incrédule. Sérieusement? Les mouettes? Elle pense aux mouette là maintenant ??

« - oh je rigole fais pas cette tête. Je me demandais juste pourquoi toi tu défendais cette association. Tu es la personne la plus égoïste que je connaisse.
Sa remarque me blessa légèrement mais je ne le montra pas, qu'est ce que ca changerait?
- Mon père m'y a forcé.
- Ah, je me disais aussi »

Un silence assez glacial s'installa entre nous. Je regardais a mon tour l'océan et le ciel. C'est vrai ça, pourquoi les mouettes nous chient plus dessus que les autres oiseaux?

« Tu sais Gauthier, quand je suis entrée dans cette chambre cette fois la, j'ai eu envie d'hurler à la mort, de la tuer, de te tuer, de te couper la langue aussi et les couilles. Me dit-elle d'une seule traite. C'est sa façon à elle de me dire qu'elle est disposée à parler, un peu
- Tu sais, quand tu es entrée dans cette chambre et que mon regard à croisé le tien, j'ai tout de suite compris l'ampleur des dégâts que ca allait causer, sur toi sur moi...
- Mais, au final ca m'a permi de me rendre compte que je n'étais pas si épanouie dans notre relation, que j'avais besoin d'autres choses, de quelqu'un capable de me prouver son amour, de prendre de mes nouvelles, de s'inquiéter pour moi. Tu ne faisais rien de cela, et malgré toute l'affection que j'avais pour toi, ca n'aurait pas été suffisant.
- Pourquoi tu ne me l'avais jamais dis?
- Parce que c'est toi Gauthier. Qu'il fallait peser ses mots avec toi, pour t'en dire assez pour que tu comprennes, mais pas trop non plus pour que tu ne prennes pas peur. T'es complexe, t'es même plus que ca, t'es torturé. Encore aujourd'hui je le vois, tu es torturé et tu vas finir par tout perdre si tu ne t'en rends pas compte. »

Elle m'adressa un sourire triste, désolé, elle s'en voulait de ne pas avoir apaisé ma souffrance, de ne pas avoir su m'aider. Pourtant si seulement elle savait ... elle est bien la seule avec qui je suis si peu torturé ...

« Bonne nuit »

Elle tourna les talons avant que je n'ai eu le temps de répondre.
Je la regardai partir, ses cheveux balançaient de droite à gauche, ses talons lui affinaient ses jambes si fines. Son corps est magnifique, elle est magnifique et moi, je suis torturé.

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