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taehyung.

à peine étais-je arrivé, que j'avais posé mes affaires, j'étais reparti, je m'étais évadé une seconde fois et j'avais marché toute la nuit ; j'y étais maintenant,  retour à la case départ.

j'errai seul, le long de ces petites ruelles mal éclairées, il me semblait reconnaître des odeurs par endroits, en effet, des petites échoppes étaient encore ouvertes malgré l'heure et le froid hivernal. elles laissaient s'échapper des odeurs d'épices, de cannelle et d'autres délicieux encas, que je passais ma vie à dévorer étant plus jeune, avec ma grand-mère. les rues étaient désertes, 2h36, c'est normal. je continuai mon périple jusqu'à la mer, lieu de tout mes bonheurs enfantins, pourtant ce soir là, une vague de nostalgie m'envahit ; rien n'avait changé, la petite cabane du maître nageur, les fins éclats de coquillages qui craquaient sous les pieds, l'odeur iodée, et enfin, ce qui me fascinait le plus, le son mélodieux des vagues. je me revois courir sur cette plage, joyeux, mon sceaux rempli de sable humide à la main pour enfin rejoindre mon grand père avec qui je faisais de véritables forteresses de sable ainsi que d'autres sculptures en tout genre, j'adorais ça.

une sensation me ramena à la réalité, de l'eau très froide, sur mes pieds. échappant à la force de mes souvenirs, je regarde autour de moi. cette nostalgie, elle revient. ce village semble figé dans le temps, comme si rien de la technologie ou des diverses tendances architecturales ne pouvaient l'atteindre, c'est ce qui faisait tout le charme de cette petite ville, ma ville. elle me paraît pourtant si morne maintenant, pas un bruit de vient défier celui des vagues, et pour la plupart, les habitants dorment à point fermés, sans compter ceux qui ont fuit la ville à cause de son manque d'équipement en tout genres. tout est calme, plongé sous la neige. j'aimais beaucoup l'hiver ici, dans ma petite province de Pohang, avec tous les enfants du quartier, on se réunissait pour faire s'élever les plus beaux bonshommes de neige de toute la Corée. aujourd'hui ça n'a rien à voir. pas une trace d'enfant, pas une trace de joie. comme si tout ce que j'avais vécu avait été remplacé par cette nouvelle. tout est plongé dans la tristesse de l'hiver, tout semble mort.

bousculé par ces pensées qui monopolisent mon esprit, je repris ma route en direction de chez moi, chez nous. je fais le tour du pâté de maison, désormais recouvert d'un épais manteau blanc, ce qui ne fait qu'empiéter sur mon moral, d'habitude si joyeux, aujourd'hui plus bas que terre.

arrivé à destination, je reste planté là, devant la porte.

quand je suis parti, je me suis dit que ça me ferait du bien de m'évader pourtant tout ce que j'avais à l'intérieur de moi à présent était de la tristesse. j'ai poussé la porte de cette maison qui m'avait vu grandir été après été, hiver après hiver. je me suis déchaussé et j'ai regardé autour de moi, les premiers rayons du soleil s'infiltraient à travers la pièce et j'ai soupiré longuement. je me rappelle encore de mon cousin qui courait après le chien de mes grands parents sans se douter qu'il allait déménager. je me rappelle encore de moi qui leur courir après. j'avais jamais autant ri et pleuré dans une seule journée.

j'ai pris un paquet de céréales et je suis parti dans ma chambre, poussant la vielle porte qui grinçait encore. je sauta sur mon lit et j'ai attrapé l'objet qui avait passé mon enfance à me fasciner ; le projecteur d'étoile. je l'ai allumé et tout m'est revenu dans la tête, jungkook.

il était venu passer les vacances avec moi. juste lui et moi car on avait ressenti le besoin de partir loin de la bande. mes grands-parents nous avaient accueilli les bras ouverts, étant donné que cela faisait longtemps que je n'étais pas venu et que, chaque fois que je les avais au téléphone, je leur parlais de jungkook.

j'avais passé la meilleure semaine de tout ma vie, sa main s'échouant dans mes cheveux pour m'aider à dormir après qu'on ai parlé toute la nuit. le sourire qu'il avait quand ma grand-mère lui avait parlé de mes conneries que j'avais faites en étant ici, dans cette maison. les rires qu'il lâchait quand je disais de la merde rien que pour qu'il me prête de l'attention. je me rappelle de sa tête contre la mienne dans la voiture lorsque mes grands-parents nous emmenaient à la fête du village d'à côté. et je me rappelle de ces batailles qu'on faisait dans l'eau et qu'il finissait toujours par me tenir dans ses bras. et je me rappelle de cette dernière nuit qu'on avait passé à regarder les étoiles projetées sur mon plafond et de sa question :

« tu penses que c'est possible d'aimer une personne autant que j'aime les étoiles ? »

j'avais tourné ma tête vers lui, évitant de lui faire mal étant donné que je l'écrasais un peu.

« je pense que c'est possible, oui. »

il avait détourné son regard du mien , s'était relevé puis m'avait adressé un grand sourire que j'oublierai jamais :

« et bien, tu sais quoi, je t'aime autant qu'une étoile, parce que t'es mon meilleur ami, la meilleure chose qui ai pu m'arriver. »

j'avais souri, et il était revenu auprès de moi, passant sa main dans mes cheveux.

et maintenant j'en pleure, il ne reviendra pas vers moi cette fois-ci, c'est fini. j'étais parti leur laissant, pour seule chose, mes dernières paroles envers eux, mes derniers regrets par rapport à notre amitié, et mes non-dits. tout ça dans des lettres.

memories. »vkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant