Étoiles

Toit, Opéra, Nu

1990. Rafael vennait de s'installer sur Paris. Il n'y croyait pas. Il habitait enfin dans cette ville qui l'avait tant fait rêver enfant et qui continuait toujours adulte. Il y a cinq ans, il rencontrait Alois. Et pendant ces cinq ans il n'avait fait que rêver de pouvoir enfin le reprendre en photo. Mais surtout de pouvoir le reprendre dans ses bras. Il n'attendait que ça. De le revoir.
Ça faisait une semaine qu'il était sur Paris. Une semaine de déménagement, d'aménagements, de travail pour rendre son appartement plus qu'agréable. Et tout ces travaux étaient enfin fini. Il n'en pouvait plus.
Rafael attrapa sa longue veste. Il enfila ses chaussures, prit son sac et sortit. Il marcha dans les rues de Paris. La fraîcheur du fin d'été était agréable. Il n'y avait pas grand monde dehors. Puis finalement il s'arrêta devant un café. Le café où Alois avait l'habitude d'aller. Il venait régulièrement, si ce n'était tout le temps, après ses longues journées de travail. Rafael espérait de tout coeur que la chance ne lui fasse pas faux bond et que viendrait.
Il s'assit à une table en terrasse et commenda un café. Il n'en avait jamais vraiment bu avant de venir à Paris. C'est Alois qui lui avait transmis cet amour pour le café. Rafael sourit. Ça ne faisait qu'une semaine qu'il était ici et tout le ramenait au jeune danseur.
Soudain, il aperçut quelqu'un arriver au bout de la rue. Un jeune homme fin, élancé, gracieux, beau, parfait. Il se leva doucement et s'avança vers lui. Et quand Alois croisa son regard il tomba dans ses bras, en pleurs.
Ce ne fut qu'après une longue étreinte que les deux jeunes amis s'assirent enfin autour de la table du café.

“ Pourquoi ne m'as tu pas dit que tu étais de retour sur Paris ! s'exclama Alois
- Parce que j'ai mieux que mon retour sur Paris. J'y habite maintenant. ”

Les yeux d'Alois s'équarquillèrent. Il ne pouvait pas y croire. Rafael allait être là, près de lui, tout les jours. C'était impossible. Bien trop beau pour être vrai. Alois se leva. Il attrapa délicatement le visage de Rafael entre ses mains et l'embrassa.

“ Si seulement tu savais à quelle point ça me rend heureux Rafael… ”

Puis les deux amis discutèrent longtemps, assit autour de cette table. Celà faisait si longtemps. Rafael redécouvrait tout ce qui l'avait fait craquer chez le danseur et Alois tombait à nouveau sous le charme du photographe. Leur yeux scintillaient. Ils n'avaient jamais été plus heureux que cet après-midi, autour de cette table.
Et soudain Alois fit une proposition à son ami.

“ Je finis tôt demain. Je sais que tu rêves de me reprendre en photo. Si tu veux, et si tu peux, voudrais-tu me rejoindre à l'Opéra ? On pourrait improviser une séance photo là-bas ! ”

Rafael lui fit un immense sourire et accepta la proposition avec joie. Il lui demanda ensuite où il pensait faire cette séance photo improvisée. Alois ne lui répondit que par un simple clin d'oeil faisant rire Rafael.
L'heure du dîner approché rapidement. Le photographe proposa alors à son ami de venir dîner chez lui, ce qu'il accepta avec grand plaisir. Rapidement, ils arrivèrent chez Rafael. Alois ne fit que complimenter sa décoration pendant cinq bonnes minutes avant de se décider à aider l'espagnol à cuisiner.
Et bientôt la nuit tomba et Alois se dit qu'il allait devoir rentrer.

“ S'il te plaît… reste. Juste cette nuit… ” murmura Rafael en le prenant dans ses bras.

Alois glissa ses mains dans son dos et s'accrocha à lui. Il n'avait pas non plus envie de partir. Même s'il n'habitait pas loin. Il décida finalement de rester. Il passerait chez lui le lendemain pour récupérer tout ce qu'il lui manquait. Et une heure plus tard, ils étaient endormis dans les bras l'un de l'autre.

Rafael se réveilla le lendemain dans un lit vide. Il finit, au bout d'un quart d'heure, par se lever. Il trouva des croissants sur la table et un mot d'Alois. Il lui avait écrit qu'il finissait à midi, que s'il voulait il pouvait le rejoindre au café pour manger et qu'ils iraient prendre les photos après.
Il faisait plutôt chaud ce jour là. Rafael attrapa quand même sa veste, ne sait-on jamais à Paris. Il sortit rapidement, pressé de revoir son ami. Il le rejoignit bien plus vite qu'il ne le pensait. Il déposa un léger baiser sur le bord de ses lèvres avant de s'asseoir en face de lui en souriant.
Ils ne trainèrent pas à manger. Ils avaient tous les deux hâte de cette séance photo. Alors après avoir payé, Alois tira Rafael vers l'Opéra. Et bientôt, ils se retrouvèrent sur le toit du bâtiment.

“ Jamais personne ne vient ici. Personne à par moi. On sera tranquille comme ça ! ” s'exclama Alois

Rafael sortit son appareil photo et Alois ses affaires de danse. Puis ils se tournèrent l'un vers l'autre.

“ Que veux-tu comme photo Rafael ?
- Qu'est-ce que tu as avec toi ?
- Une paire de collant, mes demi-pointes, un vieux t-shirt, un short et des pointes.
- Les pointes te vont ? Tu serais capable de danser avec ?
- Oui. Je les ai cassée il y a trois semaines alors c'est bon. Tu as une idée ?
- Tu as le droit de dire non tu sais.
- Je sais. Dis moi.
- Est-ce que tu accepterais d'être nu avec simplement tes pointes ? ”

Alois rougit et regarda longuement le visage du jeune photographe. Il ne savait pas quoi penser. Il n'avait jamais fait ça et il se sentait gêné à l'idée d'être simplement nu. Pourtant il savait que s'il le faisait ça ne serait qu'avec Rafael. Il lui faisait confiance après tout. Alors Alois souffla doucement et, plutôt que de répondre, il retira son t-shirt.
Le temps sembla s'arrêter durant la séance photo. Rafael était subjugué par la beauté de son mannequin et Alois était bien trop concentré sur ses position et ses mouvements. Et ce ne fut qu'au bout de trois heures qu'Alois se rhabilla. Rafael s'approcha de lui et l'embrassa tendrement avant de lui mumurer doucement “merci”.

Je suis de retour !
J'espère que vous êtes aussi contente que moi !
J'ai deux trois précision à faire sur le texte. La première, casser ses pointes signifie simplement assouplir la semelle. Et normalement les hommes ne danse pas sur pointes, jamais dans les ballets, mais c'est courant qu'ils sachent quand même en faire. Voilà !
J'espère que ça vous aura plut !
A très bientôt !