Je sens cet organe suffoquer et se tordre sous l'intensité des émotions qu'on lui envoie. On lui retire des connexions neuronales lui permettant de fonctionner normalement. Je ressens comme il n'arrive plus à jouer son rôle primaire tant il s'écrase sur lui-même. Il veut échapper à cette douleur, à cette sensation de peur et d'incompréhension. Il recule le plus loin possible dans ma cage thoracique, se cachant dans un recoin. Si loin que, même en l'ouvrant avec des forceps, on ne pourrait l'atteindre pour l'extirper. Les habituels 80 battements par minutes font une danse folle au lieu du rythme régulier que ma montre compte. L'émotion est si forte que mes mains tremblent ne sachant plus ce que veut dire relaxer. Plus je respire profondément, plus le poids sur mes épaules tordues semble augmenter, et ce, à chaque inspiration.
La peur et la douleur ont pris le contrôle d'une partie du circuit. Ils sont deux identités ayant pris partiellement le volant de mon système informatique. Des messages d'erreurs parviennent à mes oreilles, mais la formule pour régler ces problèmes m'échappe totalement. Comme si elles n'existaient pas. Les contraires se bloquent eux-mêmes.
Ouvrir la bouche pour parler ? Mais, par le diable, pour dire quoi ? Ce qui ne va pas ? Trop de vide en sortirait. Les points de vue ou les critiques constructives sont mal formulés et, ainsi, souvent mal interprétés. La pensée désordonnée paraissant l'être encore plus une fois les bruits de voyelles et de consonnes envoyés. Une erreur dans le décodage du fil conducteur de l'idée menant à des incompréhensions qui envahissent mon cœur encore plus et qui peuvent entrainer des conflits. On ne m'entend pas. Si je ne dis rien, les mots se coincent dans un recoin de mon cerveau en créant une accumulation toxique dans le cheminement des neurones. Peu parler bouche les canaux centraux. Puis, vient le moment où cet organe fait le ménage à un moment quelconque ayant peu ou pas de lien et fait surgir du néant cette motte de subjectivité contenue. Ni une ni l'autre n'est la bonne chose à faire.
Prendre une décision qui apportera la joie ne compte pas. En fait, ce n'est ni mon opinion ni mon bonheur qui compte. C'est le jugement des autres et ce qu'ils pensent être le meilleur pour moi. Et si je ne veux plus dépendre ? Et si je veux garder les liens qu'il reste dans le meilleur des états pour le moment où je devrais demander assistance, car mon indépendance ne suffira plus ? Tout ceci ne compte plus pour ceux d'aujourd'hui. Jouer à la mère sans en être une. Choisir la base, mais ne pas avoir son mot à dire sur ce qui est important.
Un manque d'information et de communication me parvient. Certaines choses auraient dû être dite au départ et ne sont révélés que plus tard, à la fin de la décision. Je suis médium sans l'être. Je dois deviner ce qui est pensée très haut qui enterre le bruit de ce que la bouche raconte. Mais ce concert de phrases ne me parvient pas parce que cette pensée n'est en fait qu'un chuchotement. Dois-je prouver ma confiance en qui que ce soit ? Dois-je prouver ma valeur à ceux qui chuchotent et à ceux qui décident ?
Le chemin de la réflexion est développé également dans mon être. Je ne suis pas un enfant dont la résolution de problème n'a pas encore été développer lors de son éducation scolaire. Moi, aimante. Moi, souffrante. Je ne peux plaire à tous. Je peux me plaire à moi. Le respect de soi ne vient que de l'intérieur. Il doit y avoir confiance dans les décisions et acceptations. Je vivrais mes conséquences. Personne n'est enchaîner à ma cheville. J'essais d'être heureuse. Je veux l'être. Il faudrait l'être sans avoir de respect de soi ou des autres.
Une autre secousse. Des souvenirs douloureux viennent couper l'air dans mes poumons formant deux boucles bien serrée avec eux. C'est comme si espérer oublier et avancer était impossible, car chaque jour que Dieu a fait une personne est là à ressasser un passé que l'on tente d'éviter comme si c'était la peste. Les gens ne sont pas parfaits. Je ne le suis pas. Mes choix ne feront jamais le bonheur de tous. Ce ne sont, toutefois, pas ceux des autres qui feront le mien. Je ne suis pas un jouet ou un programme que l'on peut manipuler en un clic. Je veux vivre ma vie. Je veux regretter parce que ce sera moi qui aurait fait le mauvais choix, non parce que j'ai suivi les autres et que ce n'est pas ce que je voulais.
La famille avant tout, mais soi-même reste l'unique priorité principale. Je ne me détruirais pas pour ce que les autres veulent. Ils veulent des choses contraires. Être une sainte ne les satisferait pas plus que de vivre comme je l'entends. Rien n'est totalement objectif. L'objectivité totale serait un être qui vient de nulle part. Ni croyance, ni valeur. L'argent n'est pas une priorité. Sinon, je deviendrais avocate. J'ai peur profondément de me perdre moi pour les autres. J'ai déjà trop souffert, déjà trop été détruite pour avoir ignorer mes désirs.
J'étais un pion sur l'échiquier. On me sacrifie dans les premiers. Parfois, on me protège, mais seulement par utilité. Je croyais être au moins son fou. Un rôle plus grand et plus de liberté. Il y a un creux dans mon cœur. Des doigts ont gratté sa surface. On l'a tiré d'un côté et de l'autre. Maintenant, il se cache parce qu'une certaine souffrance et un mal-être est son quotidien, mais les émotions plus intenses brisent l'équilibre. Mon bonheur est supposé être ma règle numéro 1.