I see you ... [Tome 2]

Chapitre 32

L'infirmière soigna la lèvre fendue de Lorie puis ses phalanges abîmées, grâce à moi, elle avait des bleus un peu partout et fit de même avec moi juste après. 

-Lucy ... Tes phalanges ne vont jamais guérir si ça continue ... Me sermonna t-elle. 
-Mais si ! 
-Je suis obligée de vous dispenser de sport jusqu'à nouvel ordre. 
-Quoi mais ... Commença Lorie. 
-Pas de mais ! 
-Pour une fois je suis d'accord avec elle ! Dis-je à l'attention de l'infirmière. 

Elle soupira exaspérée tout en jetant les cotons imbibés de désinfectant. 

-Laquelle de vous deux a commencé ? 
-Lorie m'a proposé un combat en guise de démonstration et j'ai accepté. 
-Je suis témoin ! Intervint Lucas. 
-Ouais. Cracha Lorie. 
-Bien, allez voir Mr Freeman maintenant. 

Lucas nous escorta jusqu'au bureau de Sullyvan pour être sûr qu'on ne soit pas seules toutes les deux.
Nous étions à présent en face de Sullyvan fronçant les sourcils.
Lorie quant à elle ne faisait plus la maligne ! 

-Qu'est-ce qui vous a pris bon sang ?! 

C'est la première fois qu'il élevait la voix devant moi et ça me surprit sur le coup. 

-C'était une démonstration qui est allée un peu trop loin je l'avoue. 
-Tu aurais pu me briser la colonne vertébrale ! Me reprocha Lorie. 
-Je t'arrête tout de suite ! Ne commences pas à faire la petite victime parce qu'on a des témoins je te signale ! Dois-je te rappeler que tu as voulu me planter ? 

Je sortis son couteau de poche de mon jean tandis que Sullyvan regarda Lorie avec de gros yeux. 

-Sérieusement ?! Lorie tu te rends compte de ce que tu voulais faire ?! 
-Mais je ne l'aurais pas trop blessée ... Tenta de se défendre cette dernière. 
-Pas trop ! Tu ne manques pas d'air, tu es inconsciente ma parole ! 

Je jubilai intérieurement pendant que cette peste se faisait engueuler devant moi. Mais je sentis que Sullyvan allait me reprocher quelque chose. 

-Et toi Lucy ... Je t'ai dis que j'avais confiance en toi ! Je pensais que son comportement te passait au dessus mais pas du tout ! Ça me déçoit ... 

Je fronçai les sourcils, ses tonnes de reproches autant pour sa fille que pour moi me faisaient bien rire et je ne pu m'empêcher de répliquer : 

-Sauf votre respect on est tous les trois fautifs. Certes j'ai répondu à ses nombreuses piques, oui elle a dépassé les bornes durant le combat mais c'est à vous de calmer votre fille. Même si c'est compliqué, je sais, il faut savoir sévir avec elle quand c'en est nécessaire ! 

Il m'avait observée en silence les mains jointes sur son bureau. 

-Je sais, j'essaie déjà de faire des efforts mais tu as raison. Lorie va dans ta chambre, tu y resteras jusqu'à nouvel ordre et pas de visite. 
-Quoi ?! Mais ... 
-Exécution. 

Elle se leva rageusement en me fusillant du regard et claqua la porte violemment. 
Aussitôt je posai mes yeux curieux sur le Doc, pourquoi m'avait-il pas renvoyée aussi ? 

-Quant à toi Lucy ... Je voulais te demander quelque chose. Je préférai attendre mais avec ce qui s'est passé aujourd'hui, je n'ai pas besoin d'attendre d'avantage. 

Je lui fis signe de continuer en silence et il sourit. 
Il m'expliqua ce qu'il voulait, toutes mes réactions le firent rire plus ou moins et on conclut un accord. 

-Vous me le promettez ?
-Oui tu peux me faire confiance. 
-Bon d'accord ... 
-On se voit demain alors ! Me dit-il en souriant. 
-À demain. 

Je me levai pour sortir rapidement.
Quelle fut ma surprise quand je vis Lucas qui m'attendait adossé au mur les bras croisés et la tête dans les nuages ! 
Il leva la tête vers moi quand je refermai la porte et il me sourit. 

-Ça va ? Tu t'es pas faite engueuler au moins ? Lorie était hystérique ! Me dit-il en riant. 
-Non ça va, on a discuté du don. 
-Je vois. Bon je te ramène à ta chambre, j'en connais un qui doit t'attendre. 
-M'en parle pas ! Dis-je désespérée. 

On rit sur le chemin et arrivés devant la porte on se salua. 

-On se voit au repas ! 

Je fermai la porte derrière moi et vis que tout le monde était là sauf une personne en particulier, Cole ... 

Je marchai rapidement dans les couloirs vides et silencieux jusqu'au gymnase.
L'air frais et l'ambiance de ces couloirs me firent frissonner. 
J'arrivai enfin devant la porte qui était entrouverte et rentrai discrètement. 
Dos à moi se trouvait Cole en train de frapper énergiquement dans un punching ball. 
Il avait balancé son t-shirt sur un des bancs des gradins non loin de là et je pouvais admirer ses muscles tendus. 
Ça ne faisait aucun doute, ce punching ball était en train de passer un sale quart d'heure ! 

Je m'approchai silencieusement de lui tout en gardant mes distances au cas ou. 
Je me posai sur le banc tout en prenant son t-shirt sur mes genoux et l'observant. 
Il s'arrêta quand il sentit ma présence et tourna la tête vers moi sans rien dire. 
Je lui souris timidement puis il se remit à frapper, sa réaction me fit soupirer. Quand il était comme ça, il valait mieux attendre ! 

Après dix minutes sans rien faire, je décidai de me lever et de marcher sur tous les bancs des gradins, une fois fait, je retournai à ma place initiale pour me coucher sur son t-shirt. 
Soudain j'entendis Cole souffler tandis que j'observai le plafond, sa respiration étai haletante et il avait enfin fini ! 
Je me relevai rapidement pour le regarder et il me fixait déjà. 
Il prit une serviette mise à disposition pour éponger son corps ruisselant de sueur. Ses cheveux retombaient en mèches devant ses yeux verts intenses, il était tellement beau ! 
Il s'approcha de moi, passa une jambe de part et d'autre du banc tout comme moi pour me faire face. 

-Lu' ...
-Oui je sais j'ai plein de choses à t'expliquer ... 
-Oui mais j'ai mal réagi tout à l'heure et même là d'ailleurs, ça fait vingts minutes que je t'ignore ... 
-Ah mais c'est rien ne t'inquiète pas ! Lui assurai-je. 
-Hum ... 
-Bon ! Par quoi commencer ... 
-Ton groupe nous a expliqué le combat avec Lorie, tu as bien réagi ! Je suis fier de toi. 

Il me sourit et ça me surpris, ma réaction le fit rire puis il m'incita à continuer. 

-Et pour Sam ... C'est une longue histoire ! Dis-je soudainement nostalgique. 
-Je t'écoute ! 
-Et bien ... C'était l'année de mes huit ans, des nouveaux voisins emménageaient à côté de chez nous. J'étais heureuse car j'avais aperçu un enfant depuis ma fenêtre ! 
-Espèce de voyeuse ! Me dit-il en riant. 
-Dans l'arbre chez les voisins se trouvait une cabane. Quand la maison était vide je m'y rendais toujours. Ma mère m'a autorisé ce jour là à jouer dans notre jardin. Et surtout, si je croisais les nouveaux voisins je devaient être polie et ne pas parler de ce que je vois. 
-Hum hum. 
-Puisque je n'avais plus de cabane, j'étais grimpée dans mon arbre à moi qui donnait sur cette dernière. Sam était par la fenêtre de celle-ci parce qu'il m'avait vu sortir d'après lui. On s'est parlé et très vite on est devenus amis lui et moi. Nos parents en étaient ravis et on s'amusait tellement bien ! 
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 
-Vers nos dix ans, j'ai parlé à un fantôme devant lui et on en a conclut que c'était un ami imaginaire. 
-Sauf que tu en avais beaucoup ... 
-Exact, mais lui ça l'amusait ! Il était super content car tout comme moi il adorait nos amis imaginaires ! Mais à partir de nos douze ans, on a arrêté de parler de ça comme si de rien ... 
-Mais je ne comprends pas. 
-Attends. L'année de nos quinze ans, on en a reparlé, j'ai appelé nos amis et ils sont tous venus ! Malheureusement des mecs de notre collège nous ont vu et se sont moqués de nous. Les parents de Sam n'étaient pas contents car il avait déjà du mal à s'intégrer et je venais de tout gâcher d'après eux, deux fois ... 
-Forcément tu t'en ai voulu ! 
-Oui ... Un soir où il rentrait de vacances, on s'est retrouvé. Il voulait me parler après quelques petits soucis qu'on avait eu avant qu'il parte. 
-C'est là qu'il a voulu que vous vous éloigniez. 
-Il n'a pas dit que ça ... Je l'aimais énormément et ce soir là on s'est embrassé. Il m'a avoué ses sentiments puis m'a balancé qu'on devait beaucoup moins se voir. 
-Quoi ? Mais c'est idiot ... 
-Non seulement je perdais mon meilleur ami mais aussi mon premier amour. C'était la première personne qui m'acceptait, même avec mon don, si j'avais su ...