Partie 1 : Pluie émotionnelle

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Le noir. Encore le noir. Toujours le
noir. Dans ma ville, le monde est noir,
sombre. Je ne vois même pas où je
pose les pieds. Il fait tellement noir.

Il n'y a plus de soleil ni de source de lumière. En quelle année sommes nous ? Je ne sais pas. Je ne sais pas grand chose. Je ne peux même pas me décrire. Je ne me suis jamais vu. Il fait trop noir pour ça.

Depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, il a toujours fait aussi noir. On distingue à peine les chemins et les bâtiments. Le jour s'est il levé ? Aucune idée. Car ici, le jour comme la nuit, il fait noir.

Une des seules choses que je peux vous dire c'est que j'ai un nom. L'autre chose c'est qu'il y a tout de même un peu de lumière dans mon coeur. Et cette lumière, c'est mon chien, Jaja qui me l'apporte. Il m'aide à me guider dans cet nuit sans fin.

Mon nom ? Vous l'attendez ? Mais quel intérêt, un nom n'est rien. A part pour appeler une personne, il ne sert à rien. Vous n'allez pas m'appeler. Donc inutile que je vous le donne. Personne ne m'appelle jamais.

Dans cet ville, dont le nom est inutile également, personne ne s'appelle. Personne ne se voit. On se distingue, mais sans plus. On ne reconnaît personne, alors à quoi bon donner notre nom. On oublie les noms vite, très vite. Je ne sais même plus si j'ai un nom. Même moi, je ne l'utilise pas.

La ville est silencieuse. Presque aucun son. Le calme plane. Je sors accompagnée de Jaja. La promenade habituelle. Comme d'habitude, je marche sans un bruit. Sans croiser personne dans ce noir incessant. Comme d'habitude, j'entends le bruit de l'eau. La mer, un lac, une fontaine ou une rivière ? Je ne l'ai jamais su. Cela pourrait bien être un robinet que je ne le saurais pas. Comme d'habitude, je rentre directement chez moi après la promenade.

Je donne à manger à Jaja et prépare également mon repas. Dans le noir. Jaja peine à manger. Il faut dire qu'il a bientôt quinze ans.

Comment je le sais ? C'est une des seules choses que je retient. Car c'est le seul qui compte pour moi.

Ma famille ? Dites-vous. Non. Je les connais à peine. Orpheline, un des mots qui me décrit. À présent, je peux vivre seule. Sans les autres enfants de l'orphelinat.

Amis ? Mot que je n'ai jamais connu. Là-bas, tout était silencieux et sombre. Et moi, seule et solitaire.

Mon âge actuel ? Encore une chose inutile et insignifiante.

Bon il est temps d'aller dormir. Comment je le sais ? L'intuition.

Je n'arrive pas à dormir. Je me retourne sans cesse dans mon lit. Enfin, je crois réussir à m'endormir. Je ne dors vraiment pas bien.

Je fais un horrible cauchemar.
Dans ce noir, je peux reconnaître la faucheuse. Comment je le sais ? Tout le monde connais la faucheuse. Avec sa grande cape et sa faux. Synonyme de mort. Elle entre dans ma maison. J'ai un mauvais pressentiment. Elle me regarde comme désolée.

Je me réveille. Je suis plus fatiguée que jamais. Je me sens mal. Je vais dans la cuisine et commence à préparer mon petit déjeuner. Je donne également à manger à Jaja. Il ne semble pas y toucher. Il n'as pas l'air d'avoir faim. Il va peut-être mal, comme moi. On dirait qu'il dors. Je m'approche de lui.

Soudain je comprends le sens de mon cauchemar. Le monde s'écroule devant moi. La seule lumière à mes yeux venait de s'éteindre. Et cela pour toujours. Les larmes coulèrent à flot. Mais toujours dans le silence. Ma vie était encore plus noire. Peut-être devrais-je le rejoindre ? Non. Cela ne servirait à rien.

Je lui fait donc une belle tombe dans le jardin. Avec son nom écris bien en gros. Comme ça si quelqu'un arrive à le voir dans ce noir, il sera toujours présent. Son nom est le seul qui mérite d'être retenu. Le sien jamais je ne pourrais l'oublier. Il mérite de rester graver pour l'éternité.

Le coeur toujours empli de tristesse, je m'éloigne. Je ne pense plus à rien. Mes pensées sont perdues en moi. Ou bien est-ce moi qui suis perdue dans mes pensées.

Machinalement, je refais le chemin de la promenade habituelle. Comme d'habitude, je marche sans un bruit. Sans croiser personne dans ce noir incessant. Comme d'habitude, j'entends le bruit de l'eau.

Mais cette fois je reste plus longtemps, je ne rentre pas directement. Plus personne n'est là pour me guider. Je me pose calmement. Je m'avance vers le bruit d'eau. Je ne m'étais jamais approchée. Je passais juste à côté. Je sens comme du sable.

Serait-ce une plage ? Je m'approche encore. Je sens de l'eau sur mes pieds. Soudain elle s'en va.
Serait-ce des vagues ? Je tend ma main et la plonge dans cette eau.
Serait-ce du sel ? Alors ce serait la mer.

Cette question à laquelle nous n'avons jamais pu répondre. Tu entends Jaja ? C'est la mer. Je suis sûre que tu aurais adoré ça. Tremper tes pattes dans cette eau. Nous aurions dû y aller plus tôt. Mais bon maintenant, c'est trop tard.

Les larmes se remirent à couler. Je ne serais dire si c'est à cause de la mer ou de mes larmes, mais mon visage était légèrement salé. Je reste sur la plage un long moment afin de me calmer.

Je rentre chez moi à présent. Je vais me coucher. Sans manger. Je n'ai pas faim. Je veux juste me réveiller et constater que ce n'était qu'un très mauvais rêve.

En me réveillant, je constate juste que tout est bien réel. Même si au fond de moi je le savais. Toutes ces choses normales que je faisais auparavant me semblent sans intérêt. Je n'ai même pas envie de me lever. Je n'ai plus vraiment goût à la vie. Mais malgré ça je suis également trop lâche pour me suicider.

Je passe donc les jours suivants à ne rien faire. Je me sens dépérir. Je peux sentir mes côtes, je n'ai presque pas de graisse. Je n'ai que la peau sur les os. Et c'est le cas de le dire.

Je me décide finalement à retourner sur cette plage. Tout est encore plus noir que dans mon souvenir. Je reste allongé sur la plage, dans le noir, en ne pensant à rien. Tout à coup je sens quelque chose. Une chose qui s'est prise dans mes pieds et qui est tombé. Elle se relève. Malgré ma petite dépression, cette chose m'intrigue. Je n'ai jamais vu d'autres personnes ici depuis l' orphelinat. Personne ne sors jamais en même temps que moi. Soudain la personne m'adresse la parole.

- Excuse moi je ne t'avais pas vu. Je ne t'ai pas fait mal ?


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Et voilà, c'est déjà la fin de cette première partie. Alors qui est cette personne ? Mystère... La suite va-t-elle être plus joyeuse ? Cette histoire est seulement en deux parties. Je posterais la deuxième partie dans peu de temps. Sur ce, au revoir mes petits squelettes !

Yukiko~♤

La Nuit ÉternelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant