prologue

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- tu ne sert à rien !

Taisez-vous

- tu es inutile !

Taisez-vous !

-  suicide toi !

TAISEZ-VOUS !

Je ne sais pas ce que je vous ai fait. J'ai toujours été présente pour vous. Je vous ai aidé quand vous en aviez besoin. Je vous prenez pour mes amis. Cela ne valait rien pour vous ? Étiez-vous si insensible à mes promesses d'amitié ? Pourquoi ? Pourquoi m'avez vous trahi ? Je vous aimez tant... Je vous considérez comme ma deuxième famille.

Je me réveillais en sursaut. Encore ce rêve qui me hantait chaque nuit depuis deux ans. Et depuis deux ans, je subissais moqueries sur moqueries, coups sur coups, blessures sur blessures... Quand est-ce que tout cela s'arrêterait ? Je n'en avais pas la moindre idée. Alors comme tous les matins, je m'habillais, me mettais du maquillage pour cacher mes blessures et affichais mon plus beau sourire. Pourquoi je faisais tout ça ? Il me suffisait de le dire à mes parents et je pourrais enfin être en paix. Mais ça ne marchais pas comme ça. J'étais trop lâche. Alors je subissais en silence cette pénible torture qui m'envahissait d'une obscurité total. Je ne prenais même pas la peine de déjeuner et j'allais directement en cours. Aujourd'hui, il y aura une nouveau professeur. Un nouveau professeur qui ne verra rien. J'esquissais un sourire. Ça n'avait plus d'importance car ce soir, tout allé s'arrêter. Ce soir... Je sauterais le pas. En entendant la première sonnerie de fin de récréation, je me depechais et j'allais dans ma classe. Ma place, tout au fond à l'écart des autres. Ma place, tout au fond où personne ne peut rien voir. Ma place, tout au fond où personne ne peut m'aider. Je m'y installais et j'observais la porte. Le nouveau arriva enfin. Visage gentil, amical. Cheveux argenté, yeux ambré. Je ne comprenais donc pas ce sentiment de malaise, que quelque chose n'allait pas. Finalement, je n'y fit pas attention et me concentrais sur le cours. Le prof souriait et nous expliquait calmement la leçon du jour. Il expliquait bien, pourtant, je savais qu'il n'avait rien à faire là. Ce n'était pas un professeur ordinaire. Si ça se trouve il n'était pas prof tout court. Et voilà que maintenant, je ne faisait plus confiance au corps enseignant... Quand la récréation arriva, je me depechais de m'éclipser loin de la classe. Il ne fallait pas qu'ils me voient. Je me dirigeais vers le gymnase le plus discrètement possible mais ils eurent vite fait de me repérer. Ils me trainerent dans le local à équipement et les coups commencèrent à pleuvoir sur moi. Jamais ils ne touchaient à mon visage. Un bruit les fit soudain arrêter. Une sorte de gargouillis. Ils jetèrent un coup d'œil, se figèrent d'horreur et partirent en courant. Je me demandais ce qui avait bien pu les effrayer quand la porte du local s'ouvrit d'un coup comme poussé par quelque chose, et le corps de mon professeur de sport tomba dans la pièce. Le gargouillis de tout à l'heure venait de son asphyxie avec son propre sang. J'aurais voulu hurler et partir le plus loin possible, mais mon corps endoloris ne me permis que de laisser s'échapper un japement venant de mes lèvres. Le nouveau professeur arriva soudain dans la pièce, mais il n'avait plus ce visage si sympathique. Il observa le cadavre avec dédain et j'espérais qu'il ne tournerait pas la tête vers les cartons. Mon corps était partiellement caché mais comme mu pas un sixième sens, il regarda dans ma direction et croisa mon regard terrifié. Il regarda ensuite mon état qui était déplorable, puis s'avança dans ma direction. Il s'agenouilla près de moi puis saisit mon visage ruisselant de larmes.

Reaper- te tuer ne m'apporterait rien de bon. Tu me fais pitié. Mais bon, je pourrais toujours te trouver une utilité.

Il appuya sur un point de ma gorge puis se fut le trous noir.

BrokenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant