Le bus

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Croisière urbaine à la houle bétonnée.
Mes mains s'y balancent nonchalamment,
Au rythme répété d'un freinage intempestif.
Les pieds se soulèvent, les muscles se contractent et les sacs s'entrechoquent.
Entourée d'un halo de musique, j'observe ces actions muettes, les imprimant jusqu'aux moindres petits détails.
J'analyse les respirations.
Je la sens, la tienne, régulière, qui souffle dans mon dos.  
Cela me déconcentre.
Cela m'agace.
Mes bras se balancent toujours de manière pendulaire.
Et toi tu souffles...tu respires.
Les lèvres certainement entrouvertes pour diffuser cette chaleur désagréablement tiède.
Le bus freine...brusquement,
Et tout bascule.
Les gens, mes pieds, mes mains...
Elles effleurent les tiennes; brûlantes.
Différence flagrante;
Les miennes sont froides...elles deviennent glacées.
Le bus redémarre.
Je lève la tête vingt centimètres au dessus de moi,
Mes mains s'écartent, mes pieds aussi,
Et bientôt tout mon corps s'échappe.
J'étouffe.
Mes articulations se disloquent.
Feu rouge.
Mes pieds reviennent à leur place initiale,
Attirés par ces mains brûlantes...tes mains
Un bébé éclate en sanglots
Nos doigts s'entremêlent
La croisière s'anime et me donne des couleurs.
Dernier arrêt; les amants solitaires.
Le bus se vide, les pieds et les respirations disparaissent,
Moi je ne te regarde pas.
Mais dos à dos, je sens ton pouls battre dans nos mains...
Finalement l'arrêt nous correspond bien
Placés comme ça on ne fait plus qu'un...

Quand les mots apparaissent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant