L'enfant sur le toit .

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Chapitre 1 : La ville vue d'en haut

Albano grimpe à l'échelle en sautant de barreau en barreau , léger et vif comme un écureuil . En bas , José agrippe des deux mains les montants de l'échelle et lui dit :

-Fait attention ! Il a plu cette nuit , les tuiles sont glissantes . Et combien de fois je devrai te le répéter : < Pas si vite ! >

Albano s'arrête en haut de l'échelle pour regarder son oncle. Tout en bas , celui-ci ressemble à une grosse toupie bleue coiffée d'une tête rouge . Albano hausse les épaules et crie en portugais :

-Naõ te assustes ! Sou um gato ! ( T'en fait pas ! Je suis un chat ! )

-N'empêche , marche bien comme je t'ai appris , et que je ne sois pas obligé de venir te chercher !

Albano éclate de rire , il sait bien que son oncle José aurait du mal à le rejoindre . Pour le taquiner , Albano grimpe les derniers barreaux en sautillant . L'échelle tressaute à chacun de ses mouvements et les soubresauts se mêlent aux hurlements de son oncle . Toujours en riant , Albano enjambe la gouttière , se redresse et avance de quelques pas vers le milieu du toit . Il gonfle ses poumons d'air frais et regarde la ville . Lorsqu'il est en bas , cette ville qu'il habite depuis quelques mois l'effraie un peu . Les belles maisons de pierre referment trop vite leurs portes à son passage . Il comprend mal le français , la langue de ceux qui vivent ici , et il n'en parle encore que quelques mots . Lorsqu'il est là-haut , tout est plus rassurant et plus doux . Sur les toits , parfois , Albano entend une femme chanter . Il se souvient alors du visage de sa mère , de cette époque où il vivait au Portugal.

Depuis la mort de sa mère , Albano travaille avec José , qui l'a amené en France . Mais , malgré la présence de son oncle , il se sent plus seul que jamais.

-Il te faut beaucoup de tuiles ?

Toujours dans son rêve , Albano n'entend pas José . Il regarde en contrebas un enfant de son âge qui court en balançant son cartable.

-Hé ... Albano ! ... Tu m'entends ? Il te faut beaucoup de tuiles ?

Albano se redresse et , d'un coup d'œil rapide , scrute le toit :

-Un seau tout plein ! dit-il en se rapprochant de l'échelle et de son système de poulie .

En bas , son oncle équilibre les tuiles dans le seau , saisit la corde et tire . Le chargement s'élève en se balançant un peu , fait grincer la poulie , atteint le niveau de la gouttière ...

Albano le saisit , décharge les tuiles puis raccroche le seau vide au crochet.

José laisse glisser la corde entre ses mains . Le seau descend en ligne droite et cogne contre le sol.

-Tu peux te débrouiller tout seul ? crie José .

Albano le rassure d'un geste de la main .

-Je t'attends au café avec les copains ! ajoute José .

Albano enlève les tuiles cassées , mes entasse dans son sac puis les remplace par des neuves qu'il ajuste autour de la cheminée . Il s'assure en marchant dessus qu'elles sont parfaitement emboîtées . Son travail accompli , il se redresse comme il l'a appris et marche sur le faîte du toit , un pied sur chaque versant . Puis il s'assied à califourchon et ferme les yeux .

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Chapitre 2: Les copains de

José .

Albano écoute le bruissement du vent dans les platanes qui bordent l'avenue , le chant des oiseaux . Il tente de les imiter et un pigeon surpris s'envole avec un doux bruit de gorge . Le soir , les hirondelles tracent de longues courbes dans le bleu du ciel , le bec ouvert en quête d'insectes. Albano sort de sa rêverie . Il pense à José qui doit s'impatienter à l'approche du déjeuner. Il revient à quatre pattes vers le bord du toit , s'accroche à la gouttière et s'amuse à regarder les automobiles qui s'activent à l'approche de midi . On dirait des jouets . L'une d'elles , surtout , plaît beaucoup à Albano . José lui a dit que c'était une DS. * ( voiture des années soixante , époque à laquelle se passe cette histoire . ) Vue d'en haut , il suffirait d'ajouter des ailes à son nez pointu pour qu'elle s'envole . Sur le trottoir , les enfants courent en désordre depuis la sortie de l'école jusqu'à des adultes qui les prennent par la main . Albano les imagine racontant leur matinée : le travail, mais surtout les jeux avec les copains .

Il se voit au Portugal , quand sa mère venait le chercher , lui aussi , après la classe. Il descend les échelons en sautillant , avant de jeter le sac de débris et de bondir de plus d'un mètre sur le sol ... Aux pieds de José ! Il ne l'a pas vu se faufiler entre les voitures avec des gestes furieux pour lui faire ralentir l'allure .

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 19, 2014 ⏰

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