Préface

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Je suffoque. Dans la forêt qui m'entoure impossible de retrouver mes repères : les arbres semblent pendre du ciel, les ruisseaux qui m'entourent semblent flotter dans les airs et les fleurs semblent illuminées d'un éclat intérieur qui m'éblouit. L'air a presque une consistance différente comme plus épaisse et opaque. J'ai l'impression d'avoir un voile devant les yeux. Les plantes dégagent une forte odeur que je ne parviens pas à identifier : lourde, piquante et envahissante. Une flamme naît à mes pieds dans une étincelle éclatante. Le feu ne cesse de prendre de l'ampleur inondant la forêt d'une lumière bleue sombre. De longues volutes de fumées d'un violet profond me piquent les yeux. Je sens sur mon épaule une lourde patte chaude et douce. A mes côtés, un chat noir, les yeux luisants d'une curiosité à peine voilés. Sa taille est démesurée : il devait faire cinq mètres de hauteur. D'une voix grave et chaude il me glisse à l'oreille :

- Prend garde, Eden, les Chibings sont en route, prend garde, prend garde...

Puis en prononçant ces paroles, le matou disparait dans un souffle de fumée laissant une odeur de lavande un peu fanée. Après son départ, le feu ne cesse de propager menaçant de me brûler les cheveux, sa fumée me piquant les yeux et le nez. Dans un contact presque physique, elle me pousse à courir. Je cours, je cours, je cours. De la poussière jaunâtre se colle à mes pieds nus. Après un temps, je réalise que je suis arrivée dans une vaste clairière entourées d'immenses arbres bleus chargées de gros fruits rouges et blancs ressemblant à des pastèques. De minuscules abeilles butinent les bourgeons rose pâle en un léger bourdonnement. Dans le ciel, un astre envoie une lumière dorée sur l'ensemble. L'herbe haute sous mes pieds me semble si douce que je ne peux m'empêcher de m'y coucher. Levant les yeux vers le ciel, j'aperçois une multitude de planètes toutes plus grosses les unes que les autres : l'une d'un bleu tacheté de noir apparait si proche qu'elle semble toucher les arbres, l'autre est d'un blanc si pur qu'elle me pique les yeux. Des étoiles brillent dans cette immensité comme des petits diamants dans un écrin bleu.

Soudain, un bras me saisi par la taille et me jette violement sur son épaule. Cette dernière se met en mouvement et bientôt je ne distingue plus ni la clairière, ni le ciel. Je crie. Mais dans ma voix se perd dans le vent et la poussière. Je crie, je crie sans relâche. Des oiseaux me fixent de leurs yeux vides et leurs immenses becs s'ouvrent pour laisser s'échapper une plainte :

- Anna, Anna, Anna, réveille-toi !


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⏰ Last updated: Dec 26, 2019 ⏰

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