Le druide et l'elfe

La suite

L'elfe se réveilla. Voilà bientôt une semaine qu'elle habitait avec le druide et elle n'avait rien vu passer. Tout était si merveilleux en sa présence, elle sentait que rien ne pouvait lui arriver et que tout ce qu'elle entreprenait réussissait. Allongée sur le poitrail de son compagnon comme chaque matin, elle hésitait à rester près de lui ou à s'en aller dans les sous-bois pour explorer le territoire. Sa soif d'aventure lui fit choisir l'exploration plutôt que la chaleur corporelle de son hôte.

Elle s'en alla discrètement de la grotte pour ne pas le réveiller, pris son arc et son carquois au passage, ainsi que la dague qu'il lui avait offert et elle couru à travers les sentiers, en quête d'exploration. Elle se sentait vivante, libre. Les courants d'air frais parcouraient sa longue chevelure dorée et la rosée du matin éclaboussait ses jambes, la rafraîchissant pour la chaude journée d'été qui allait se dérouler. Elle ne se cachait plus, elle avait retrouvé sa carrure de guerrière elfe d'avant son exil.

Elle fit halte près d'un bosquet. Celui-ci marquait la limite de ce qu'elle avait déjà exploré. Elle poursuivit sa course jusqu'au sommet d'une butte. D'ici, elle surplombait toute une vallée, le vent lui parcourait tout le corps et elle se sentait voler comme un oiseau. Elle aperçut d'un coup, un éclat qui provenait de la forêt. Curieuse, elle se rua vers la lueur. Que pouvait-il se cacher derrière ce signe inhabituel de la forêt? se demandait-elle. 

Après plusieurs longues minutes de course, elle arriva sur les lieux où elle avait aperçu l'éclat. Elle écarta d'immenses feuilles et découvrit derrière, un énorme cerf blanc qui la regarda dans les yeux. A sa grande surprise, celui-ci ne s'enfuit pas, mais lui tourna autour, comme pour l'examiner. 

- Qui es-tu jeune fille aux cheveux dorés ? lança le cerf.

- Vous... vous pouvez parler ? s'étonna l'elfe.

- Bien sûr, je suis le demi-dieu de cette forêt, je peux communiquer avec toutes espèces m'entourant. Tu ne m'as pas encore répondu, qui es-tu et que fais tu là ?

- Veuillez m'excusez, je suis une guerrière elfe de Mirkwood, j'ai trouvé refuge chez mon compagnon druide suite à mon exil et je découvre son territoire pour mieux connaître ce qui m'entoure.

- Oh, je vois de qui tu veux parler. Il m'a parlé de toi comme il ne m'avait jamais parlé de personne. Il t'a décrit comme lui faisant ressentir un sentiment qu'il n'a que trop peu connu pour y être familier.

- Vous le connaissez ? Il est fabuleux. Il ne m'a jamais parlé de vous pourtant.

- Je suis son frère. On se communique par télépathie tous les jours, pour tout se raconter. Et il ne cesse de me parler de toi, lui qui est de nature plutôt solitaire, c'est la première fois qu'il est comme ça.

- Je comprend mieux. Comme je l'aime, si vous saviez. 

- Je le sais et c'est pour cela que tu vas aller le sauver.

- Le sauver ? Pourquoi ça ? Il est en danger ?

- Je te raconterai en chemin, grimpe sur mon dos.

Ni une ni deux, elle se hissa sur le dos du demi-dieu et ils se dirigèrent vers la grotte du druide.

- A chaque fois qu'il dort, il est prisonnier de ses rêves. C'est une malédiction que lui a infligé le conseil des druides.

- Pourquoi donc ? Qu'a-t-il fait ?

- Il a trempé de ses larmes le sol sacré de nos ancêtres, le jour de la mort de nos parents. Depuis, il dort de moins en moins, craignant le jour où le maléfice se relancera. Si on ne le réveille pas avant l'apogée de l'astre diurne, il sera prisonnier à jamais.

 - Mais c'est terrible, dépêchons nous!

Le cerf accéléra d'un coup, voyant le soleil monter de plus en plus haut dans le ciel. L'elfe s'accrocha à son pelage, ça lui rappelait le bon vieux temps dans sa contrée.

Finalement, ils arrivèrent à la grotte où dormais le druide. Le cerf ordonna à l'elfe de le réveiller. Celle-ci s'exécuta. L'animal craignait le pire au vu de la position du soleil, déjà très haut. Quand l'elfe se pencha sur le druide, elle remarqua son souffle profond. Serait-Il trop tard ? Elle le secoua dans tous les sens, lui hurla dans les oreilles, mais rien n'y faisait, midi était passé et lui druide était prisonnier de sa torpeur.

Le cerf entra dans la caverne, et trouva la jeune elfe pleurant toutes les larmes de son corps au dessus de son compagnon. Il semblait impassible face à la situation. Pourtant, on pouvait facilement déceler une aura de tristesse qui l'entourait. Il ne lui restaitplus personne de sa famille, il était seul à jamais.

De son côté l'elfe espérait tant qu'il se réveille, elle continuait à marteler sa poitrine pour le réveiller, mais rien n'y faisait. Elle était en train de perdre la seule personne avec qui elle se sentait heureuse. Au bout de ses larmes, elle pencha sa tête au dessus de la sienne, et lui donna un ultime baiser d'au revoir.

Le druide ouvrit alors un oeil, puis l'autre et se leva. Il vit l'elfe en pleure à son chevet, et la serra fort contre lui.

- Tu m'as sauvé mon coeur, je t'en remercie infiniment.

- Je t'aime trop pour que je puisse t'abandonner.

Ils s'embrassèrent alors, de longue minutes durant, puis se prirent par la main et sortirent de la grotte. Ils remercièrent tout deux le cerf, qui vit son aura de tristesse absolue, changer au profit d'une de joie infinie. Il pencha sa tête vers son frère, et celui-ci en fit de même. Puis, il reparti à travers les bois.

- Je suis délivré de la malédiction à présent, tu m'as offert plus de bonheur et s'amour que mes parents ont pu m'en fournir. Je t'aime mon amour d'elfe.

- Moi aussi je t'aime mon petit druide.