C'est Presque Terminé

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   Je te regarde. Je vois que toi aussi, tu me regarde. Je vois ton bleu si bleu que j'y reste toujours un peu accroché. Une seconde de plus. Une seconde de trop. Une seconde durant laquelle tu as le temps. Tu as énormément de temps. Tu as le temps de lire en moi. Le temps de tout comprendre. Et surtout le temps de tout m'apprendre. De tout me dire. Alors moi aussi je comprend.

Je vois tes yeux glisser sur ton visage, suivre le trajet d'une première larme. Une larme un peu timide. Encore un peu retenue. Encore un peu inassumé. Mais ça aussi, tu l'as compris.

Je me souviens de la première fois  où je me suis accrochée à tes yeux. Je venais d'arriver au cinéma pour le dernier Marvel. J'étais avec mes potes, que je connaissais pas tant que ça au final. Et y'avait quelques inconnus. Je les ai balayer du regard. Jusqu'à tomber sur ton bleu. Toi. Je me souviens du blocage. Je pouvais pas détourner le regard sans qu'il m'attire. Ton bleu. Puis tes cheveux presque roux. Ta peau presque bronzée.

Tout chez toi était presque. Mérédia.

Mais moi je t'ai pas presque aimé.

Je me souviens de cette fois où t'étais là, couchée sur moi. Mes doigts s'emmêlaient dans ta crinière. Tu t'étais déjà coupé les cheveux à ce moment. Ton presque carré presque roux.

Tu m'avais dit je t'aime. Enfin que tu pensais m'aimer. Puis que t'étais pas sur. Que tu savais pas vraiment comment c'était. Et ton monologue qui n'en finissait pas. Ça m'avait foutu un sourire jusqu'aux oreilles. J'avais demandé si je pouvais t'embrasser. Et t'avais accepté.

Je t'aimais déjà à ce moment. Je t'aimais depuis le début, je pense.

Mais je t'ai vraiment aimé ce jour là, plus tôt. Tu te souviens? Tu m'avais enlacé en me disant que j'étais quelqu'un de super. Ou pas exactement ça. Mais là précisément, je t'aimais. Je t'aimais comme si, comme si tu étais un moteur. Comme si tes paroles m'avaient tellement aidées que pour te remercier je t'aimais. Et juste ça, c'était suffisant.

Je n'avais ni besoin de te toucher, ni besoin de te voir. Juste savoir que tu existais, là quelque part et qu'un jour t'avais pensé que j'étais quelqu'un de bien.

Puis je me souviens quand je t'aimais trop. Quand je t'aimais tellement que t'avais mal. Et que j'avais mal. T'avais dû partir deux semaines, même pas. Mais qu'est-ce que tu m'as manqué. Quand t'es revenu on s'est fait une soirée vide. Tu sais, nos soirée défouloir. Celles où on se dit tout en oubliant qui on est. En oubliant d'être en colère. En oubliant même de s'aimer je crois. Où on finissait toujours par coucher ensemble.

Je me souviens aussi de notre premier appartement. Celui qu'on avait louer malgré nos peur. Je savais déjà que je t'etouffais à ce moment-là. Mais j'ai fait attention et au final nous allions bien. Pas presque mais vraiment bien. Et tu m'aimais pas presque non plus. Je le savais, je l'avais vu dans tes yeux. Aussi nettement que je les voient vides aujourd'hui. Vides d'amour pour moi.

Je me souviens de notre premier voyage à l'étranger. Au Japon. T'avais toujours voulu y aller. Moi j'y avais jamais pensé. T'y avais acheté un kimono sublime. Au motifs floraux qui tombait toujours de ton épaule. J'avais aimé le japon pour le regard heureux que tu arpentais. J'avais voulu t'épouser face à chaque temple, sous chaque cerisier, devant chaque sushi.

Je me souviens de ton amour pour les plantes grasse. Parce qu'elles mouraient pas.

De ton incertitude à tous les niveaux. Parceque tu n'étais pas confiante.

De tes je t'aime de moins en moins vrais. De mes yeux qui feignaient l'ignorance quand ils s'accrochaient.

Je me souviens aussi du temps que tu mettais à repondre aux messages. Pour te faire désirer.

De tes goût bizarre. Comme quand tu aimais les huîtres et détestais Harry Potter.

Quand tu étais têtu au point de refuser d'écouter une chanson par principe.

Ton amour pour les films de Noël mal joué et ton attrait pour la musique d'Avatar.

Ton presque veganisme parceque t'y arrivais pas.

Ta sensibilité excessive. Tes sourires aux passants.

J'avais rapidement appris à tout nuancer pour pouvoir te qualifier.

Je me souviens aussi très bien du jour où te caresser la paume du bout des doigts ne m'as plus parut si excitant.

Le jour où je me suis rendu compte que ton kimono ne m'attirait plus.

Le jour où tes cheveux furent moins brillant sous la fenêtre.

Le jour où je ne te disait plus que je t'aimais. Parce que ce n'était plus vrai.

Je me souviens de tes yeux qui pleuraient. Qui ne peuvent plus.

Tu as trop pleuré puisque tu avais compris. Maintenant je comprend et je pleure.

Je regarde une dernière fois tes cheveux presque roux. Tes yeux presque bridés. Tes épaules presque aguicheuses. Tes clavicules presque nues. Tes bras presque gros. Tes seins presque petit. Ton corps presque grand.

Et surtout tes yeux presque triste.

Mon regard larmoyant s'y accroche une dernière fois.

"On as presque cinq ans. "

Et tu souris. Alors je souris.

Tu me prend dans tes bras.

"Je suis désolé.
-Moi aussi."

Alors je sais que c'est presque fini.

"C'est fini Antéa."

Et là c'est vraiment terminé.

Ton BleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant